« Idéologique et destructeur »: le budget 2025 de la Région wallonne continue d’inquiéter l’opposition
Le budget 2025 de la Région était au menu de la dernière plénière de l’année au parlement wallon. Il devrait être voté majorité contre opposition.
Loué par les uns pour sa volonté d’assainissement des finances publiques; décrié par les autres pour ses économies « injustes et violentes »: sans surprise, le budget 2025 de la Région wallonne, qui doit être voté ce mercredi en séance plénière du parlement wallon, ne fait pas l’unanimité. Et comme toujours, majorité et opposition voient chacune midi à leur porte.
« Cet été, vous nous aviez promis que tout s’éclairerait lors de la présentation de votre budget, mais force est de constater que vos belles promesses se sont fracassées sur vos choix budgétaires et parfois même sur le mur de vos contradictions », a ainsi regretté le député socialiste Christophe Collignon. « Votre budget, c’est une série de coupes claires, de choix partisans sans principe de gouvernance. Vous ne donnez aucune perspective; vos promesses de protéger les citoyens ne sont pas tenues. Oui, des efforts sont nécessaires. Oui, l’endettement doit être réduit. Or, votre premier budget l’aggrave », a-t-il ajouté en reprochant également au gouvernement de « brandir la menace d’un scénario à la grecque alors qu’aucun économiste n’en parle ».
Un « plan Asphyxie »
« Votre budget, c’est moins de services pour les gens et plus de taxes mais vous cachez votre jeu puisque vous demandez aux autres – aux intercommunales, aux communes – d’agir pour vous. Non seulement c’est grave mais c’est hypocrite« , a renchéri le chef de groupe du PTB au parlement régional, Germain Mugemangango. Pour la gauche radicale, tant Les Engagés que le MR « trahissent » leurs électeurs. « Quelque 60 millions d’euros vont être supprimés dans les subventions facultatives (dont bénéficient notamment les asbl, ndl), alors que le programme des Engagés stipule que l’associatif est essentiel à la vie en société » Dans la même veine, « pas un euro n’est retiré aux multinationales. Par contre, des aides profitant aux indépendants vont être réduites ou vont carrément passer à la trappe« , a pointé Germain Mugemangango tandis que son collègue Julien Liradelfo, dénonçait les économies imposées aux grandes villes. « Votre plan Oxygène, c’est plutôt devenu un plan Asphyxie« , a-t-il ironisé.
Toujours dans l’opposition, Ecolo ne s’est pas montré plus tendre. « Avec la présentation de votre budget, nos inquiétudes se sont confirmées, voire amplifiées. Certes, le brouillard s’est en partie dissipé pour 2025 mais c’est pour laisser apparaître un avenir plus sombre avec des coupes budgétaires court-termistes, injustes, irresponsables et violentes », a déploré le chef de groupe des verts, Stéphane Hazée. « Selon vous, les économies seraient inéluctables en raison de la situation budgétaire. Mais quel gouvernant craindrait réellement un scénario à la grecque tout en menant une réforme fiscale – celle des droits d’enregistrement qui passeront à 3% au 1er janvier, ndlr – de plusieurs centaines de millions d’euros? Ce sont vos choix qui conduisent à augmenter le déficit, à mettre à mal une série de secteurs et à désinvestir dans les enjeux écologiques », a-t-il poursuivi. « Il y a certes des politiques pertinentes qui se poursuivent et des impulsions positives mais globalement, elles ne donnent pas le change à un budget idéologique et destructeur pour la Wallonie », a-t-il enfin asséné.
« L’heure est aux décisions »
Dans les rangs de la majorité, évidemment, le discours est tout autre. « La Wallonie est obèse et un assainissement de ses finances publiques s’impose », a ainsi estimé la cheffe de groupe MR au parlement régional, Valérie De Bue. « Votre premier exercice est un savant travail d’équilibre entre la traduction des politiques de la Déclaration de politique régionale pour prendre un nouvel élan et une trajectoire budgétaire soutenable« , a-t-elle poursuivi. « Un allègement de la charge fiscale, des politiques nouvelles rendant du pouvoir d’achat aux citoyens, une terre d’avenir pour les entreprises, des décisions courageuses, mesurées et réalistes permettant d’assainir les finances wallonnes: c’est cela que nous voulons pour un avenir prospère », a résumé la libérale.
Enfin, pour Les Engagés, Jean-Paul Bastin a loué « la simplicité » et la « responsabilité » de l’exercice budgétaire présenté par le gouvernement. « Au cours des 25 dernières années, nous avons tous été aux commandes, certes certains plus longtemps que d’autres. Mais le résultat des récentes crises, c’est le doublement de la dette en une législature, de 18 à 36 milliards, et ce n’est pas tenable. Nous devons réduire le train de vie de la Région », a-t-il déclaré. « La Wallonie s’est mise dans le rouge et elle doit reprendre un rythme soutenable pour elle. Soit l’opposition crie au loup et joue à Hibernatus en répétant que c’était mieux avant, soit elle s’inscrit dans cette volonté de changement et de moindre dépendance vis-à-vis de l’argent public. L’heure est aux décisions », a conclu le chef de groupe des Engagés.
Les décrets budgétaires seront soumis au vote de la plénière au terme des débats. Ils devraient être approuvés majorité contre opposition.