Gratuité scolaire et subventions culturelles: ce qui attend le gouvernement Jeholet pour sa dernière année
En Fédération Wallonie-Bruxelles, la dernière année de législature du gouvernement Jeholet s’annonce tranquille. Mais il y encore du travail à accomplir… Voici les dossiers que le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles compte boucler avant les élections de juin 2024
Alors que les blocages sont nombreux au niveau fédéral, au point que certains considèrent que l’année qui vient sera, pour le gouvernement De Croo, une année perdue, les gouvernements des entités fédérées veulent montrer qu’ils continuent à travailler. Ils n’ont pourtant pas été épargnés par les tensions ces derniers mois. Le gouvernement flamand en particulier est enfermé dans de durs débats toujours liés à la protection de l’environnement et à l’agriculture (sur le plan azote, puis sur l’implantation d’une usine), et ces débats l’ont réduit, pratiquement, à l’immobilisme. Mais les relations entre partenaires se sont également tendues à Bruxelles, où les écologistes ont pratiqué, pendant quelques semaines, une politique de la chaise vide, en désaccord avec ses alliés (PS et DEFI principalement) sur l’aménagement de la friche Josaphat. Et, en Fédération Wallonie-Bruxelles, le gouvernement a failli tomber sur l’organisation d’un master en médecine à l’Université de Mons. N’empêche, ces gouvernements continuent à fonctionner. Ils le doivent. Ils inscrivent toujours de nombreux points à l’ordre du jour, prennent des décisions, arrivent à des accords, et, surtout, les mettent ensuite en œuvre. Leur rentrée sera, à tous, animée par des discussions budgétaires importantes, les dernières de la législature, qui imposeront des décisions à faire exécuter dès l’année prochaine. Les finances des entités fédérées francophones, en très mauvais état, devront encore et toujours être assainies. Et, entre les derniers engagements des accords de gouvernement de 2019 qu’il faudra honorer, les économies qu’il faudra imposer, et les éventuelles dernières demandes, poussées par la nécessité électorale, qu’il faudra caser, les différentes coalitions ne manqueront pas d’occasions de se disputer.
Au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (PS-MR-ECOLO), on a déjà, comme ailleurs, beaucoup réformé. Si bien d’ailleurs qu’il a été décidé, après le tronc commun, les rythmes scolaires et l’évaluation des professeurs, de ralentir la cadence des réformes dans l’enseignement obligatoire, le plus gros poste de ce niveau de pouvoir. La socialiste Caroline Désir, ministre de l’Enseignement, espère tout de même encore boucler un projet de décret relatif à la lutte contre l’absentéisme et le décrochage scolaires, ainsi qu’une réforme de l’orientation vers le spécialisé, où l’on envoie encore trop d’élèves qui pourraient poursuivre une scolarité dite ordinaire.
Les discussions budgétaires seront comme toujours tendues, la Fédération Wallonie-Bruxelles, sans pouvoir fiscal, étant la plus impécunieuse des entités du royaume. Toutefois, dans la bagarre du conclave, les socialistes se verraient bien obtenir un élargissement de la gratuité aux troisièmes et quatrièmes primaires -elle n’est garantie aujourd’hui que jusqu’à la deuxième primaire.
Chez le ministre-président réformateur Pierre-Yves Jeholet (MR), on ajoute que le travail sur la réorientation en fin de tronc commun: un groupe de travail, dirigé par le didacticien Marc Romainville (UNamur), s’y attelle. Il est en contact permanent avec la ministre de l’Enseignement.
Pierre-Yves Jeholet prépare aussi son gouvernement à conclure sur la réforme des fonds des bâtiments scolaires, (« finalisant ainsi le rééquilibrage historique entre les réseaux », catholique et publics), à boucler un débat sur l’apprentissage des langues, afin de voir si la Communauté, en Wallonie aussi, donne vraiment la préférence au néerlandais.
Sa camarade Françoise Bertieaux, désormais ministre de l’Enseignement supérieur après la démission de Valérie Glatigny, est appelée à terminer une réforme des allocations d’études dans l’enseignement supérieur.
Le ministre socialiste du Budget et (notamment) des Infrastructures scolaires, Frédéric Daerden, à la baguette sur la réforme du fonds des bâtiments scolaires, souligne que le rééquilibrage du fonds précède une réforme, qu’il espère voir entrer en vigueur au 1er janvier 2025. Il ajoute qu’en septembre seront accessibles les prêts à 0% pour les parties non subsidiées des travaux dans les écoles, dans le cadre du plan de relance post-covid. Il souhaite faire passer au parlement, avant la fin de l’année, le décret pérennisant les cantines gratuites et saines.
En Culture, l’autre gros poste de la Fédération, la ministre écologiste Bénédicte Linard devra renouveller les contrats programmes du secteur culturel. Ceux-ci établissent, sur quatre ans, les droits, les devoirs, et surtout les subventions, de centaines d’opérateurs culturels de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une enveloppe globale de plusieurs millions d’euros sera dégagée pendant les débats budgétaires, qu’il faudra répartir ensuite entre les candidats de plusieurs secteurs (arts de la scène, audiovisuel, éducation permanente, lettres et livres, etc.), sur base de leurs demandes, bien sûr, et de l’avis des commissions concernées (il y en a une par secteur
Et c’est la Fédération Wallonie-Bruxelles qui, pendant les six mois de présidence européenne de la Belgique, « présidera les thématiques ‘sport’ et ‘éducation' », ajoute-t-on fièrement au siège du gouvernement.
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