Taxation des millionnaires, énergie, emploi: revivez le Grand débat des présidents de parti (compte rendu)
Ce mercredi 27 mars, Le Vif, Trends-Tendances et Canal Z organisaient le Grand débat des présidents de parti. Revivez leurs échanges minute par minute.
Georges-Louis Bouchez (MR), Paul Magnette (PS), Jean-Marc Nollet (Ecolo), Maxime Prévot (Les Engagés), François De Smet (DéFI) et Raoul Hedebouw (PTB) étaient réunis sur un même plateau, ce mercredi 27 mars, à l’initiative du Vif, de Trends-Tendances et de Canal Z.
A moins de trois mois des élections, les six présidents de parti étaient interrogés par Anne-Sophie Bailly (rédactrice en chef du Vif) et Amid Faljaoui (rédacteur en chef de Trends-Tendances / Canal Z).
Revivez les temps forts de ce débat ci-dessous.
20h05 – Bienvenue!
Bonjour et bienvenue au Grand débat des présidents de parti. Durant près d’une heure et demie, chaque chef de file viendra, tour à tour, présenter sa vision sur une des six thématiques cruciales de la campagne électorale : les fins de carrière, la réforme fiscale, l’énergie, l’emploi, le pouvoir d’achat et la taxation des millionnaires.
Fins de carrière
20h11 – Magnette: «Nulle part on ne propose de passer à la semaine de 32 heures dans l’immédiat»
Paul Magnette est le premier à se plier à l’exercice et à aborder la question des fins de carrière.
Le président du PS revient d’abord sur la semaine de 32 heures de travail sans réduction de salaire, une proposition qui a suscité une vague d’indignation à la droite de l’échiquier politique. «Nulle part on ne propose de passer à la semaine de 32 heures dans l’immédiat, recadre-t-il. L’urgence maintenant, c’est vraiment de s’attaquer aux régimes de fin de carrière.»
Face au nombre de malades de longue durée (500.000 en Belgique, soit deux fois plus que le nombre de chômeurs) qui explose, il faut agir rapidement, estime Paul Magnette. « Il n’y a pas de solution miracle, mais la réduction progressive du temps de travail en fin de carrière peut aider. » Selon le président du PS, une telle mesure (qui existe déjà dans certaines communes), diminuerait notamment le taux d’absentéisme et coûterait in fine moins cher à la collectivité.
20h16 – Prévot: «La semaine des 32 heures est un mauvais signal»
Maxime Prévot rebondit sur les déclarations de Paul Magnette. Le président des Engagés condamne la proposition des 32 heures/semaine, qu’il qualifie « d’incongruité » et de « mauvais signal ». Pour lui, l’heure est plutôt à la revalorisation du travail et de l’effort.
Maxime Prévot se déclare toutefois en faveur d’aménagements pour les travailleurs en fin de carrière, notamment via des système de mentorat et une meilleure prise en compte de la pénibilité de certains métiers.
20h18 – Bouchez: «La semaine des 32 heures n’a pas de sens»
Pour Georges-Louis Bouchez, la semaine des 32 heures n’a « pas de sens ». Le président du MR craint d’ailleurs des dérives, comme lors de la mise en place de la semaine des 35 heures dans certaines entreprises françaises. « L’enfer est pavé de bonnes intentions. C’est joli sur le papier, mais à l’arrivée cela peut être dramatique pour les travailleurs. »
Sur les fins de carrière, le libéral plaide pour une harmonisation des statuts. « Aujourd’hui, un chauffeur de bus n’a pas les mêmes conditions de fin de carrière s’il est indépendant, employé ou engagé au TEC. » Outre la convergence des statuts sociaux, Bouchez plaide pour une meilleure prise en compte de la pénibilité.
20h20 – Hedebouw: «Il faut revenir à la retraite à 65 ans»
De son côté, Raoul Hedebouw rappelle sa volonté de rétablir l’âge de la retraite à 65 ans et non à 67 ans. « Il faut vraiment vivre dans une bulle pour oser demander à des infirmières ou des ouvriers épuisés de continuer à travailler au-delà de cet âge », fustige le président du PTB. Il s’en prend ensuite à Paul Magnette qui, selon lui, n’a pas respecté ses engagements sur cette question. « Entre les discours du PS et la pratique, il y a un véritable gouffre. »
Raoul Hedebouw soutient l’idée d’une réduction du temps de travail à 32 heures par semaine, mais regrette encore une fois les incohérences entre cette proposition socialiste et les actes accomplis au cours de la législature.
20h22 – Nollet: «La réduction du temps de travail suit le cours de l’histoire»
Jean-Marc Nollet se déclare également en faveur d’une semaine de 32 heures, qui, selon lui, « suit le cours de l’histoire ». « Dans la vie, il y autre chose à faire que de travailler. On doit pouvoir trouver du sens ailleurs », estime le président d’Ecolo.
Afin d’aménager les fins de carrière, Nollet plaide pour une revalorisation salariale et une redistribution du temps de travail, en priorité pour les métiers pénibles.
20h24 – De Smet: « Encourageons l’esprit d’entreprendre »
« Ce que les citoyens veulent, ce n’est pas forcément moins travailler, mais trouver du sens dans leur travail», réagit François De Smet.
Le président de DéFi n’est donc pas en faveur d’une réduction généralisée du temps de travail (à l’exception des fins de carrière pour certains métiers pénibles). « C’est un très mauvais signal ».
Il plaide plutôt pour encourager « l’esprit d’entreprendre » et valoriser le travail.
20h28 – Magnette: « Le but du PTB, c’est de diviser et d’affaiblir la gauche »
La parole revient alors à Paul Magnette, qui répond au président du PTB en rappelant les efforts socialistes pour réduire le temp de travail au cours de l’histoire. « Dans tous les débats, M. Hedebouw attaque le PS et pas la droite. Son but, je suis désolé de le dire, c’est de diviser et d’affaiblir la gauche. »
Et d’insister : «Vous dites que les politiciens vivent dans une bulle, mais vous êtes une bulle vous-même. Vous ne faites rien, zéro ! En restant dans l’opposition, vous faites beaucoup de blabla mais jamais rien de concret ! »
«Vous dites que les politiciens vivent dans une bulle, mais vous êtes une bulle vous-même. Vous ne faites rien, zéro !»
Paul Magnette (PS) à Raoul Hedebouw (PTB)
Réforme fiscale
20h30 – Prévot: «La réforme fiscale, c’est le grand échec de la Vivaldi»
Il est désormais l’heure d’aborder la deuxième thématique de la soirée : la réforme fiscale. C’est Maxime Prévot qui s’y colle.
Pour le président des Engagés, l’absence d’accord sur la réforme fiscale est le « grand échec de la Vivaldi ». Or, selon lui, il est crucial de revaloriser le travail, en augmentant le différentiel entre les salaires et les allocations de chômage.
Pour ce faire, Maxime Prévot propose d’implémenter un « bonus bosseur », à hauteur de 450 euros, pour récompenser les travailleurs. Sa proposition de réforme fiscale inclut également une exemption d’impôt sur les 1.000 premiers euros de salaire, un allègement de la charge fiscale sur les cotisations sociales payées par les employeurs et la suppression des droits de succession.
20h33 – Bouchez: «La Belgique n’a pas besoin de shift fiscal»
De son côté, Georges-Louis Bouchez reconnaît avoir refusé la proposition de réforme fiscale proposée au sein de la Vivaldi car, selon lui, la Belgique n’a pas besoin d’un « shift fiscal», mais bien d’une vraie baisse de la fiscalité, couplée à une augmentation du taux d’emploi et à une réduction de la dette.
Il plaide également pour une quotité exemptée d’impôts pour les premiers milliers d’euros de salaire.
20h34 – Nollet: « Si les citoyens n’ont pas un salaire plus élevé dans leur poche, c’est à cause du MR»
Pour Jean-Marc Nollet, la priorité est de cibler les plus bas revenus. « Il faut augmenter impérativement la rémunération de ceux qui sont proches du salaire minimum, estime l’écologiste. Ceux qui gagnent 10.000 ou 12.000 euros n’ont pas besoin d’être soutenus davantage. » Et d’insister : « Si les citoyens n’ont pas un salaire plus élevé dans leur poche, c’est à cause du MR et de Monsieur Bouchez qui y a mis son veto. »
Le président écologiste espère « trouver d’autres partenaires » dans les futurs gouvernements pour mettre en place cette mesure.
20h36 – Hedebouw: «On vit dans un enfer fiscal pour les travailleurs mais dans un paradis fiscal pour les super riches »
Raoul Hedebouw veut également un changement profond dans la fiscalité belge, mais en allant chercher l’argent « là où il se trouve ».
« Aujourd’hui, on vit dans un enfer fiscal pour les travailleurs mais dans un paradis fiscal pour les super riches », s’indigne le président du PTB, qui veut diminuer la pression sur les bas et moyens salaires.
Il s’oppose par contre à la baisse de cotisations sociales des employeurs proposée par Maxime Prévot.
Aux arguments du MR, le chef de file communiste répond que c’est bien les libéraux qui avaient à l’époque décidé d’augmenter la TVA sur le gaz et l’électricité (passant de 6 à 21%) et les accises sur le diesel.
20h37 – Pour Magnette, il faut revaloriser les bas et moyens salaires
Sans surprise, Paul Magnette plaide également pour une revalorisation du travail en augmentant le salaire minimum, en revalorisant les bas et moyens salaires (jusqu’à 300 euros nets supplémentaires), et en liant les aides sociales aux revenus et non au statut.
Pour le président du PS, la réforme fiscale doit être financée grâce à la taxation des grandes fortunes.
20h38 – De Smet: «Supprimons les niches fiscales»
Enfin, François De Smet plaide également pour réformer le système fiscal belge – trop « opaque » et « injuste » à l’heure actuelle – et regrette que le MR ait « raté le coche ».
Pour le président de DéFi, il faut supprimer un certain nombre de niches fiscales et renforcer le marché de l’emploi.
« Les citoyens en ont marre de ces ‘combats de coqs’»
Maxime Prévot (Les Engagés)
20h39 – Le ton monte entre Bouchez et Hedebouw
Georges-Louis Bouchez et Raoul Hedebouw s’écharpent brièvement sur ces niches fiscales qui, selon le président du PTB, « bénéficient aux super-riches ».
20h40 – Prévot: « Il faut redonner du sens à l’impôt»
« Les citoyens en ont marre de ces ‘combats de coqs’», tranche Maxime Prévot.
Le président des Engagés conclut la thématique : «La fiscalité a perdu de son sens aujourd’hui. Il faut redonner du sens à l’impôt. Les Belges ont le droit d’être moins taxés et de demander que le trésor public soit mieux investi.»
Energie
20h41 – Le MR veut un «mix énergétique» entre nucléaire et renouvelable
Place ensuite au troisième thème de la soirée : l’énergie. Au micro d’Anne-Sophie Bailly, Georges-Louis Bouchez rappelle son positionnement en faveur d’un «mix énergétique», qui comprend énergie renouvelable et nucléaire.
Selon lui, le « tout renouvelable » impliquerait inévitablement la « décroissance », ce à quoi il s’oppose. Le recours au nucléaire est indispensable pour s’assurer une sécurité d’approvisionnement énergétique, estime encore le président du MR.
20h43 – Nollet: «Bouchez dit n’importe quoi»
De son côté, Jean-Marc Nollet plaide pour un passage au 100% renouvelable. «C’est une énergie propre, naturelle et surtout, la moins chère», insiste le coprésident d’Ecolo qui souligne la montée en flèche des prix du nucléaire ces dernières semaines.
En se basant sur une étude dite «indépendante», l’écologiste réfute l’argumentaire de Bouchez – «qui dit n’importe quoi». « Notre scénario est tout à fait réalisable, sans pour autant entraîner de la décroissance, mais bien en favorisant l’économie circulaire».
Le modèle écologiste permettrait même de réduire la facture des citoyens de plus de 100 milliards d’euros, avance Nollet.
20h45 – Prévot: «Il ne faut pas négliger le nucléaire»
Pour Maxime Prévot, l’approche écologiste est trop « idéaliste » et « dogmatique ».
Le président des Engagés plaide pour ne pas opposer nucléaire et renouvelable, qui sont deux énergies « décarbonées » complémentaires : «On a besoin du renouvelable et on doit le doper, mais on aura encore besoin du nucléaire, donc il ne faut pas le négliger ni le diaboliser.»
Maxime Prévot se déclare enfin en faveur de la création de nouveaux réacteurs et de nouveaux mécanismes de type SMR.
20h50 – Magnette à la recherche d’équilibre
Pour Paul Magnette, il faut garantir la sécurité d’approvisionnement énergétique tout en garantissant les objectifs de neutralité carbone. Cela passe par une réduction de la consommation d’énergie, une meilleure isolation et un soutien inévitable au renouvelable.
Mais, pour lui, la décision de la Vivaldi de prolonger deux réacteurs nucléaires était indispensable en raison de la guerre en Ukraine.
20h51 – De Smet: «Le nucléaire, c’est notre parachute»
De son coté, François De Smet plaide, comme le MR, pour un mix énergétique entre nucléaire et renouvelable. «Il faut être réaliste, atteindre les 100% de neutralité carbone d’ici 2050 est un objectif irréalisable sans un choc sociétal qu’aucun politique ne pourra assumer».
Pour le président de DéFi, il ne faut pas fermer la porte au nucléaire, qui est « notre parachute ».
«Le nucléaire, c’est notre parachute»
François De Smet (DéFi)
20h52 – Hedebouw: «Qui va financer ce mix énergétique? Engie et Electrabel?»
Enfin, Raoul Hedebouw se questionne sur la source de financement de ce mix énergétique. « On va encore donner le pouvoir à Engie et Electrabel, deux grandes entreprises qui ont emmagasiné des milliards de profits durant la crise énergétique », regrette le leader communiste.
Pour lui, la clé de la solution réside dans une planification énergétique publique à l’échelle de toute l’Europe, en puisant de l’énergie éolienne dans la Mer Baltique, de l’énergie solaire dans le bassin méditerranéen, etc.
20h55 – Bouchez: «Je suis presque fan de Jean-Marc Nollet»
Bouchez rétorque: « Quand je vois la gabegie au niveau de l’Etat, je suis ravi que ce ne soit pas eux qui gèrent le nucléaire ».
Le président du MR s’en prend ensuite au président d’Ecolo: « Je suis presque fan de Jean-Marc Nollet. Je suis sidéré par la confiance, voire de l’arrogance qui est la sienne. Durant des années, il nous a expliqués qu’on pouvait se passer du nucléaire. Or, le seul bilan que sa ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten, a à son actif, c’est d’avoir prolongé deux réacteurs nucléaires. »
Emploi
20h59 – DéFi veut une formation obligatoire pour les chômeurs après un an d’inactivité
Il est désormais l’heure de passer au quatrième sujet de la soirée : l’emploi.
C’est François De Smet qui débute. Le président de DéFi souhaite rendre obligatoire (sous peine de sanction) une formation pour les chômeurs qui n’ont pas trouvé de travail après un an. « En Belgique, on a surtout un problème de qualification, justifie-t-il. Sur dix demandeurs d’emploi non qualifiés, seule une offre d’emploi leur convient. »
Cette formation pourrait répondre à une demande dans un métier en pénurie, mais pas forcément.
Par contre, François De Smet s’oppose à la suppression pure et simple des allocations de chômage après deux ans, souhaitée par le MR : «Il faut un élément de contrainte, mais pas sous forme de couperet ».
21h01 – Magnette: «Les chômeurs qui ne jouent pas le jeu sont une infime minorité»
Paul Magnette s’oppose également à la suppression des allocations de chômage dans le temps : «Il existe déjà des contrôles et des sanctions pour les chômeurs qui ne jouent pas le jeu». Et de rappeler que ceux-ci représentent une «infime minorité».
Pour lui, de nombreux chômeurs peinent à trouver un travail malgré tous leurs efforts. Il faut dès lors insister sur les processus de formation, mais aussi augmenter les salaires, améliorer les conditions de travail et adapter les horaires de travail aux différentes réalités. «Pour certaines mères célibataires, il est impossible de commencer à 6 heures du matin car elles doivent s’occuper de leurs enfants. Il faut donc s’attaquer aux obstacles auxquels les chômeurs se heurtent et non pas leur donner des coups de bâton.»
21h05 – Les Engagés plaident pour un «droit à l’emploi» après deux ans d’inactivité
Pour Maxime Prévot, il y a malgré tout un état d’esprit différent entre la Flandre et la Wallonie qui pourrait expliquer la différence de taux d’emploi. «Les chômeurs qui ne jouent pas le jeu sont une minorité, certes, mais pas une minorité si infirme que le pense M.Magnette». D’où l’importance d’augmenter le différentiel entre salaire minimum et revenu de remplacement, notamment via le « bonus bosseur ».
Au terme de deux années passées au chômage, Les Engagés préconisent un « droit à l’emploi » : « On vous propose un job et si vous refusez, vous perdez vos allocations », résume Maxime Prévot.
21h06 – Bouchez: « Recréer les réflexes du travail »
De son côté, Georges-Louis Bouchez dénonce un «système» qui a entraîné toute une série de personnes à s’installer dans la fainéantise. Pour le président du MR, le retour au travail passe par la reprise de certains « réflexes » et de bonne volonté.
Et de rappeler que, même pour des chômeurs non-qualifiés, les portes de nombreuses PME sont ouvertes. « Certains me disent : tant qu’on trouve un ouvrier qui arrive à l’heure, on l’engage », illustre le libéral.
21h09 – Hedebouw: « Foutre les gens au CPAS, ça va changer quoi? »
Pour Raoul Hedebouw, le chômage est loin d’être un problème culturel mais plutôt un problème économique, lié au capital.
Le président du PTB plaide pour redonner de l’attrait à l’emploi, en améliorant les conditions de travail et en revalorisant les salaires. Il refuse également de sanctionner les chômeurs. « Des tas d’études ont démontré que ces sanctions sont inefficaces: foutre les gens au CPAS, ça va changer quoi? »
21h10 – Nollet: «Redonner du sens au travail»
Enfin, pour Jean-Marc Nollet, la priorité est de redonner du sens au travail, en formant les chômeurs et en les outillant au mieux. « Ce n’est pas en tapant sur les gens qu’on va créer de l’emploi», résume l’écologiste.
Pouvoir d’achat
21h12 – Ecolo veut un «crédit d’impôt solidaire»
Le débat entre dans sa cinquième phase, avec la question du pouvoir d’achat.
Le président d’Ecolo est le premier à prendre la parole : il propose la mise en place d’un «crédit d’impôt solidaire» de 300 euros nets pour les bas salaires. « Nous voulons donner une priorité absolue aux gens qui travaillent, mais qui n’ont pas un revenu suffisant pour vivre dignement (se loger, se nourrir, se soigner, avoir accès à quelques loisirs). Grâce à notre proposition, ces bas et moyens salaires augmenteraient jusqu’à 300 euros nets par mois. »
Les personnes bénéficiaires de ce crédit d’impôt solidaire seraient celles dont le salaire ne dépasse pas les 4110 euros bruts, qui correspond au salaire médian actuel. « Quelqu’un qui gagne 7000 ou 8000 euros ne verra pas la différence. Nous voulons donc mettre le paquet sur ceux qui gagnent peu. Des milliers de personnes attendent cette mesure et je regrette que ça n’ait pas pu voir le jour sous la Vivaldi. »
21h15 – Hedebouw: «Le PS et Ecolo ont bloqué l’augmentation des salaires»
Raoul Hedebouw réagit à la proposition écologiste en rappelant que le PS, le MR, et Ecolo ont bloqué l’augmentation des salaires pendant quatre ans, en cadenassant la norme salariale à 0%. « Nous avons déposé une proposition de loi pour que cette norme salariale soit indicative et non pas contraignante, mais le PS et Ecolo ont voté contre. Je trouve ça regrettable. »
21h17 – Bouchez: «Il faut arrêter de croire qu’on est riches avec 5000 euros bruts par mois»
Pour Georges-Louis Bouchez, la mesure de Nollet « couperait en deux » la classe moyenne : « Ces 4110 euros bruts, c’est ce que gagne un enseignant avec dix ou quinze ans d’ancienneté. Pourquoi devrait-il être privé de cet avantage ? Il faut arrêter de croire qu’on est riches avec 4000 ou 5000 euros bruts».
Le président du MR plaide dès lors pour une quotité exemptée d’impôts jusqu’à 15.000€, afin que l’ensemble de la classe moyenne puisse en bénéficier.
21h18 – Paul Magnette recadre Raoul Hedebouw
Paul Magnette revient sur les remarques de Raoul Hedebouw. Pour lui, le PTB ne fait que critiquer depuis les bancs de l’opposition sans avoir jamais participé à un seul gouvernement.
Il rappelle que le PS a toujours défendu l’indexation des salaires. «Il faut augmenter le différentiel entre les bas salaires et les revenus de remplacement. Les grandes entreprises ont d’ailleurs de la marge pour augmenter ces salaires.»
21h19 – Prévot: «Heureusement que les communistes ne sont jamais montés dans un gouvernement»
Maxime Prévot réagit aux propos de Paul Magnette. Il voit plutôt d’un bon œil que les «communistes» ne soient jamais montés dans un gouvernement, car il se dit «inquiet» quant à leur programme socio-économique.
Il plaide lui aussi pour donner du «gain salarial poche» à tout le monde, avec une priorité pour les bas salaires, mais sans oublier la baisse des cotisations sociales pour les employeurs.
21h21 – De Smet appelle à encourager l’esprit d’entreprendre
François De Smet se déclare lui aussi en faveur d’une augmentation des salaires, mais estime que le soutien aux indépendants et à l’esprit d’entreprendre est lui aussi indispensable. « Si vous voulez libérer les salaires, il faut libérer le travail et donc libérer les entreprises. »
21h22 – Nollet: «On voit que Monsieur Bouchez est contournable»
La parole revient à Jean-Marc Nollet, qui estime que la quotité exemptée d’impôts proposée par Bouchez entraînerait un «gaspillage».
Il se réjouit toutefois que les autres présidents partis soient en ligne avec sa proposition d’augmenter les bas salaires. «On voit que Monsieur Bouchez est contournable, tranche-t-il. Cela prouve qu’il est possible de créer autre chose sans les libéraux au pouvoir.»
Impôt sur la fortune
21h26 – Hedebouw appelle à fédérer PTB, Ecolo et PS autour de la taxe des millionnaires
Place enfin au sixième et dernier sujet de la soirée : l’impôt sur la fortune. Raoul Hedebouw vient défendre sa proposition de taxer les Belges dont le patrimoine dépasse les 5 millions d’euros (contre 1 million d’euros par le passé).
«L’argent doit bien venir de quelque part, entame le président du PTB. Pour le moment, les gouvernements viennent chercher l’argent chez les travailleurs ; moi je propose d’aller chercher cet argent chez les super riches ! ». Selon lui, cette mesure n’entraînerait pas ou peu de fuite des capitaux. Le projet serait facilement mis en place sans forcément recourir à un cadastre sur les fortunes : il suffirait d’introduire une sorte de « Fortune-on-web », basée sur le modèle actuel de « tax-on-web » pour recenser les grandes fortunes.
Il regrette que cet impôt sur la fortune n’ait jamais été mis en place malgré la présence du PS et d’Ecolo dans les précédents gouvernements. « Seule la taxe compte-titre a été introduite, mais ça, ça ne rapporte rien. Ce n’est qu’une mesure symbolique. »
21h27 – Magnette: «Le PTB est-il toujours de gauche ?»
Paul Magnette s’étonne que le PTB ait retourné sa veste en remontant le plafond des fortunes à 5 millions contre 1 million par le passé. « Le PTB est-il toujours de gauche ? », s’interroge le président du PS, qui estime que ce revirement est « la grande surprise de la campagne » du parti communiste.
Paul Magnette rappelle également que la taxe compte-titre a permis d’engendrer une somme non négligeable de 450 millions d’euros.
21h29 – Pour Ecolo, les fortunes à partir d’un million d’euros doivent être taxées
Jean-Marc Nollet plaide aussi pour englober les fortunes à partir d’un million d’euros dans cette taxation.
«Le PTB est-il toujours de gauche ?»
Paul Magnette (PS) à Raoul Hedebouw (PTB)
21h31 – Prévot: «Pas super enthousiaste d’aller fouiner sur les comptes en banque»
De son côté, Maxime Prévot craint le système de «fortune-on-web» avancé par Hedebouw. «Je ne suis pas super enthousiaste à l’idée d’aller fouiner sur les comptes en banque des individuels», tranche-t-il.
Pour le président des Engagés, il faut surtout taxer les revenus du capital plutôt que le capital lui-même.
21h32 – De Smet: «Différencier le capital et les revenus du capital»
François De Smet partage la vision de Maxime Prévot. « Il faut faire la différence entre capital et revenus du capital. Il n’y a pas de raison que ces derniers continuent à échapper à la taxation. »
21h33 – Bouchez: «Je veux qu’il y ait plus de riches qui investissent en Belgique»
Pour Georges-Louis Bouchez, la taxation des millionnaires telle que proposée par le PTB comporte des tas de problèmes. Notamment sur le plan de la symbolique. «On fait comme si ce patrimoine avait été obtenu par magie, or il est le fruit du travail et de l’investissement de certains.»
Le président du MR craint que cet impôt engendre une réduction de l’investissement de la part des super-riches. «Personnellement, je veux qu’il y ait plus de riches qui investissent en Belgique et soutiennent des projets, plutôt que de continuer dans cette approche misérabiliste, où, dès qu’une personne à la tête qui dépasse, on la lui coupe. »
21:39 – Hebedouw dit stop aux «taxounettes» et veut aller plus loin
La parole revient à Raoul Hedebouw, qui estime que sa taxe permettra de rassembler quelque 8 milliards d’euros, soit bien plus que la taxe compte-titre mise en avant par Paul Magnette. «On ne veut plus de ‘taxounettes’ (…). Le peuple de gauche en a marre du blabla et attend des actes.»
Enfin, le président du PTB déplore que les jeux soient déjà faits . «On voit bien qu’il y a déjà une première coalition qui couve entre les Engagés, le PS et Ecolo. Mais attendons de voir la masse de votes PTB qui arrivera le 9 juin».
«Le peuple de gauche en a marre du blabla et attend des actes.»
Raoul Hedebouw (PTB
21h38 – Nollet: «Je n’arrive plus à suivre le raisonnement d’Hedebouw»
Jean-Marc Nollet réfute en bloc les projections de Raoul Hedebouw. « Je n’arrive plus à suivre son raisonnement, s’amuse-t-il. Il y a trois mois, il disait plutôt qu’Ecolo et le PS avaient signé une coalition avec le MR ! Il faut rester cohérent.»
Le face-à-face
21:39 – De Smet: « Il y a aujourd’hui chez DéFi un passage de flambeau que certains n’acceptent pas»
Le débat se conclut par une dernière question posée individuellement à chaque président de parti.
François De Smet débute l’exercice. Interrogé sur les tensions qui secouent DéFi, il tranche : «Il y a aujourd’hui un passage de flambeau que certains n’acceptent pas. Les premières listes ont été votées à plus de 84%, donc cela montre tout de même un certain rapport de force. »
21:41 – Prévot: «J’espère que la force centriste pourra bien être centrale après le 9 juin»
Interrogé sur les membres issus de la société civile que Les Engagés ont recruté, Maxime Prévot rappelle qu’ils représentent plus de 50% des têtes de liste pour le scrutin du 9 juin. «Ces gens ne sont pas des alibis : j’ai voulu leur confier des responsabilités pour que l’on puisse enfin sortir de l’entre-soi politique. »Et d’insister : «J’espère que la force centriste pourra bien être centrale après le 9 juin. Nous comptons bien être aux manettes d’un ou de plusieurs gouvernements.»
21:42 – Bouchez: «Le MR n’a pas pris un virage à droite, mais un virage populaire»
De son côté, Georges-Louis Bouchez revient sur le tournant qu’a pris le parti sous sa présidence. «Le MR n’a pas pris un virage à droite, mais bien un virage populaire, et je l’assume. Ça se traduit par une approche différente, notamment plus axée sur le terrain. Nous sommes désormais un grand parti populaire et, selon moi, c’est quelque chose d’extrêmement noble. »
21:44 – Le PTB appelle à une «vraie rupture» après le 9 juin
Raoul Hedebouw rappelle sa volonté de « rupture » après le 9 juin. « La gauche traditionnelle s’est trop adaptée au système économique ambiant, nous voulons autre chose. »
Le président du PTB se réjouit en outre d’être parvenu à mettre ses thèmes de prédilection (taxe des millionnaires, pouvoir d’achat…) à l’agenda politique.
21:46 – Magnette veut que le PS reste le premier parti en Wallonie et à Bruxelles
Paul Magnette rappelle son objectif à l’issue du scrutin : que le PS reste le premier parti à Bruxelles et en Wallonie, « comme il y a 5 ans ».
« Les socialistes tiennent leurs promesses, prennent leurs responsabilités et osent prendre des risques pour les citoyens », conclut-il.
21:47 – Nollet veut un retrait du décret paysage: «On court à la catastrophe»
Enfin, Jean-Marc Nollet s’exprime sur la réforme du décret paysage, qui pourrait – selon la FEF – exclure quelque 75.000 étudiants d’ici la rentrée prochaine. «Ça fait longtemps qu’en tant qu’écologiste on est opposés à la réforme de Glatigny. Aujourd’hui, il faut avoir le courage de reconnaitre que si on ne change pas, on court à la catastrophe. Donc s’il le faut, on prendra les initiatives qui s’imposent.»
21 h 48 – Merci de nous avoir suivis!
Le débat touche désormais à sa fin. Merci à tous de nous avoir suivis.
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