Frédéric De Gucht refuse de poursuivre la piste d’un gouvernement bruxellois à sept partis. © BELGA/BELPRESS

Formation bruxelloise: Bouchez se heurte à des refus, la mise sous tutelle semble se rapprocher

Sylvain Anciaux

Frédéric De Gucht (Open VLD) refuse de poursuivre la piste d’un gouvernement bruxellois à sept partis. Georges-Louis Bouchez (MR) fait deux propositions, mais se heurtera à deux refus. Le parfum d’une mise sous tutelle se fait sentir.

Chaque jour rapproche un petit plus les Bruxellois et leur gouvernement d’une mise sous tutelle fédérale. Mercredi déjà, les négociateurs de six des sept partis concernés par un éventuel gouvernement régional se retrouvaient pour discuter d’un budget. Frédéric De Gucht (Open VLD) avait déjà préféré laisser sa chaise vide. Ce vendredi, le libéral a annoncé qu’il refusait de poursuivre les négociations dans l’élaboration d’un gouvernement auquel son parti serait mêlé si la N-VA n’y figurait pas.

Georges-Louis Bouchez (MR) a alors pris les devants et demandé aux partis de se positionner pour lundi midi sur la désignation d’un membre de la N-VA comme secrétaire du gouvernement. Le président du MR s’en doute probablement, mais la position des socialistes n’a pas bougé. C’est d’ailleurs pourquoi le Montois a fait deux propositions en une, la seconde consistant en l’instauration d’un gouvernement minoritaire, sans le PS, probablement. Le président du MR s’en doute probablement, mais un gouvernement sans majorité au parlement est presqu’impossible à faire fonctionner. «La première raison pour laquelle on compose une majorité, c’est dans l’optique de voter un budget», glisse un observateur de la politique bruxelloise, et personne ne s’associerait à un alliage MR-Engagés-Groen-CD&V-VLD, encore moins avec la N-VA. C’est pourtant l’objet de l’urgence, le directeur de l’agence régionale de la dette était d’ailleurs auditionné en ce sens ce vendredi.

Le PS pourrait jeter l’éponge mardi

Le scénario plaçant la N-VA au poste de secrétaire du gouvernement était pourtant encore sur la table il y a quelques semaines. Dans leur mission d’information, Elke Van Den Brandt (Groen) et Christophe De Beukelaer (Les Engagés) avaient même placé cette option parmi les trois dernières, mais elle avait finalement été recalée. L’objectif de Georges-Louis Bouchez est aujourd’hui de se montrer proactif (à l’inverse de Frédéric De Gucht), de refiler l’étiquette de bloqueur au PS, et d’insister sur les différents scénarios avant de mettre celui d’une mise sous tutelle de Bruxelles par le fédéral.

Aujourd’hui, il est clair que le MR veut que la Flandre dirige Bruxelles. Bouchez s’est engagé auprès de De Wever à cet égard.

Un socialiste.

Il semblerait cependant que le PS refuse de jouer le jeu du président du MR. «A l’heure actuelle, la seule proposition qui tienne la route est celle faite par les deux informateurs», assume un socialiste. Pour le PS, la participation au gouvernement consistait principalement à limiter les intentions droitières des partis engagés et de contrer les mesures de l’Arizona qui impacteraient Bruxelles. «Aujourd’hui, il est clair que le MR veut que la Flandre dirige Bruxelles. Bouchez s’est engagé auprès de De Wever à cet égard.» Mardi, les socialistes tiendront un bureau afin de décider s’ils continuent d’essayer ou s’ils laissent les autres partis se débrouiller définitivement sans eux.

Parfum de tutelle… et d’indifférence

Si cette dernière option venait à se concrétiser, et que Frédéric De Gucht ne change pas son fusil d’épaule, cela marquerait assurément le cul de sac dans lequel les partis bruxellois sont engagés. Déjà évoquée plusieurs fois au parlement fédéral, la mise sous tutelle pourrait devenir la prochaine étape.

Sans gouvernement donc, ce serait la majorité fédérale qui aurait le champ libre pour appliquer la réduction du budget de Beliris de 25 millions par an, comme l’a annoncé le ministre fédéral Bernard Quintin (MR) dans son exposé d’orientation politique mardi. Les sections bruxelloises des partis présents dans l’Arizona devraient donc laisser faire leurs homologues du fédéral. Le PS, quant à lui, regarderait le train passer. Groen, qui n’a triomphé que dans les urnes bruxelloises en juin dernier, serait en revanche le grand perdant de l’histoire.

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