Pourquoi la réforme fiscale profitera « surtout aux fonctionnaires »
Pour l’avocate fiscaliste Sabrina Scarnà, le projet de réforme fiscale « n’a plus de colonne vertébrale » et « profitera surtout aux fonctionnaires ».
Sabrina Scarnà, que pensez-vous de l’état d’avancement de la réforme fiscale ?
Vincent Van Peteghem a nettement réduit la voilure dans son avant-projet de mars, en comparaison avec ce qui avait été proposé en juillet. Cette épure n’avait pas trouvé de consensus au sein de la Vivaldi alors qu’elle était davantage cohérente. Le projet dont on discute aujourd’hui n’a plus cette logique. Il ne s’agit plus d’une réforme fiscale à proprement parler, mais de modifications comme on en connaît chaque année. Ces dernières sont plus liées à un budget qu’autre chose.
Pourquoi la proposition de juillet dernier vous séduisait-elle davantage ?
La mouture de juillet avait plus fière allure car elle touchait à beaucoup plus d’éléments. On abordait des choses sensibles, sans tabou, en essayant de trouver un équilibre. Plusieurs questions intéressantes étaient abordées: pourquoi l’impôt n’est-il pas le même dans l’immobilier ou dans la finance ? Pourquoi ne pas taxer les plus-values ?
La Belgique reste un pays fortement taxé. Mais au moins, il y avait une réponse au fait qu’on taxe trop le travail. Ici, on est parti pour le taxer toujours autant. Nonobstant le fait qu’on aura une tranche d’imposition un peu plus élevée. Si on supprime tous les avantages -à part les chèques-repas-, et si on durcit toute la fiscalité sur les rémunérations alternatives, en fin de compte, beaucoup de travailleurs paieront encore plus d’impôts qu’avant. Sans compter la TVA revue à la hausse sur les biens.
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Dans l’état actuel des choses, à qui cette réforme profitera-t-elle le plus ?
Aux fonctionnaires. C’est la seule catégorie de contribuable qui y gagne quelque chose. Eux n’ont pas ces rémunérations alternatives, et auront un vrai bonus à la fin de l’année, même s’ils restent des consommateurs assujettis à la TVA.
Les travailleurs, indépendants ou salariés, seront touchés. Et il ne faut pas gagner 6.000 euros par mois pour avoir droit aux avantages alternatifs. Toutes les entreprises font tout ce qu’elles peuvent pour tirer un maximum de profit de ces avantages fiscaux. Ces derniers sont la conséquence d’une fiscalité sur le travail beaucoup trop élevée. En fin compte, personne ne gagne.
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