Les jeux de hasard pour blanchir de l’argent, une technique assez fréquente selon ce spécialiste
Invité à réagir aux récentes révélations pour une possible détournement d’argent dans le chef de Didier Reynders, un expert du droit fiscal a expliqué que les jeux de hasard étaient un moyen assez courant.
Le blanchiment d’argent via les jeux de hasard est une technique assez fréquente, a expliqué, mercredi, le professeur de droit fiscal Michel Maus (VUB) sur Radio 1. Les sociétés de jeux ont néanmoins l’obligation de disposer d’un service interne permettant de détecter les éventuelles tentatives de blanchiment d’argent.
L’intervention de M. Maus dans l’émission De Ochtend était liée aux révélations concernant l’enquête ouverte contre Didier Reynders (MR) pour blanchiment d’argent. Selon Le Soir et Follow The Money, l’ancien commissaire européen aurait durant des années acheté des tickets de la Loterie Nationale avant de reverser les gains blanchis sur son compte.
La technique du « schtroumpfage »
Le principe du blanchiment est de donner une origine légitime à de l’argent obtenu illégalement. Ce procédé est indispensable pour pouvoir injecter cet argent sur un compte puisque les banques sont tenues de vérifier la provenance de l’argent qui apparait sur les comptes de leurs clients, a encore précisé Michel Maus. Les gains de jeux de hasard peuvent être l’une des origines légitimes possibles, mais les sociétés de jeux sont également soumises à une règlementation et doivent disposer d’un service interne chargé de détecter et de signaler les agissements suspects à la Cellule de traitement des informations financières (CTIF).
Pour passer sous les radars, les personnes qui tentent de blanchir de l’argent font donc souvent appel à une technique appelée le « schtroumpfage » (« smurfing » en anglais), qui consiste à diviser la somme à blanchir en montants plus petits. M. Maus a néanmoins indiqué que, si quelques transactions pouvaient passer inaperçues, des contrôles pouvaient également être effectués dans la durée et permettaient de détecter ce genre de pratiques. Une personne qui dépenserait 1.000 ou 2.000 euros par mois via un système de « e-tickets » serait donc immanquablement repérée au bout d’un certain temps, a-t-il complété.