Alexander De Croo
Alexander De Croo © Belga

Ce qu’il faut retenir du dernier discours d’Alexander De Croo à la Chambre

Le Vif

Le Premier ministre s’exprime au perchoir de la Chambre, pour ce qui est le dernier discours de politique générale de la législature.

Sous les applaudissements de l’hémicycle, le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) a commencé son discours de politique générale par présenter ses condoléances aux victimes des attaques du Hamas contre Israël. « La violence ne sera jamais la solution, qui doit être politique et diplomatique. Notre pays entend être un partenaire de la paix dans cette région. Nous avons la chance d’être un pays en sécurité, et devons défendre cela ».

Le chef de file de la coalition Vivaldi est ensuite revenu sur les débuts compliqués de son équipe gouvernementale. « Il y a 3 ans, en pleine crise sanitaire, vous avez fait confiance à notre équipe. Certains voyaient notre pays sombrer, mais nous avons pris les choses en main, et avons rebondi pour revenir plus fort. Nos finances publiques s’améliorent, et nous tenons nos promesses dans des temps difficiles pour nos citoyens avec un budget 2024 de 5 milliards d’euros ».

Alexander De Croo: « La prospérité des Belges a progressé de 3,8 % »

« Notre pays est sorti plus fort des crises qu’elle a traversées. Protéger nos citoyens et nos entreprises en période de crise nous a couté plus de 20 milliards. Alors oui, le chemin qui mène à l’équilibre est plus long. Mais nous n’avons laissé personne de côté », a défendu le Premier ministre Alexander De Croo, mardi lors de son discours de politique général prononcé à la Chambre.

« Ce fut un choix conscient et assumé. Il n’y avait aucune autre option. (…) Malgré toutes les crises, la prospérité des Belges a progressé de 3,8 % depuis l’arrivée de ce gouvernement. Notre pays a fait mieux que la zone euro. Nous avons fait mieux que nos voisins allemands et français. »

« Nous avons rebondi. Nos finances publiques s’améliorent. Elles progressent pas à pas dans la bonne direction avec en ligne de mire la norme de Maastricht », a ajouté le Premier ministre. « Nous tenons nos promesses. Nous soutenons nos citoyens dans des temps difficiles. Et ensuite nous fixons nos priorités. C’est ce que fait cette équipe. »

« Nous voulons donner une chance à chacun« , a-t-il indiqué, vantant les mesures décidées en conclave comme le maintien de la TVA à 6% sur la démolition-reconstruction, la mise en place d’une base légale du service citoyen, l’élargissement des flexijobs, une « contribution honnête » des grandes banques ou encore l’augmentation du salaire minimum. « Notre politique a permis de protéger le portefeuille des Belges. Notre politique a permis d’éviter le bain de sang social », a-t-il conclu.

Le Premier ministre appelle à lutter contre les fake news

Nous devons nous battre pour la démocratie et contre les fake news », a-t-il ajouté, faisant référence aux écoles incendiées en septembre dernier en Wallonie en plein débat sur les animations Evras (éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle). « Les récentes attaques prenant pour cible des écoles wallonnes nous ont tous choqués. Si nous abandonnons notre démocratie à la désinformation et aux fake news, nous allons droit dans le mur. Les antidémocrates déforment la réalité et colportent des mensonges au détriment de la sécurité, par exemple de nos enfants. »

Des places supplémentaires pour l’asile, assure Alexander De Croo

Après avoir rappelé les mesures décidées dans le cadre de l’accord sur le budget 2024, Alexander De Croo s’est attardé sur la situation des demandeurs d’asile en Belgique. « Nous faisons plus qu’assez en matière d’accueil, avec 34.000 places. La priorité doit aller aux plus vulnérables, même si tout le monde doit pouvoir passer la nuit dans un lit, avec l’hiver qui arrive ».

Le Premier ministre a assuré que les partenaires s’étaient réunis autour de la table pour voir où on pouvait créer des places supplémentaires. « Nous prenons nos responsabilités, contrairement à ce que certains disent, mais ce n’est pas une solution à long terme, on ne peut pas créer des places à l’infini« .

La présidence tournante de la Belgique à l’Union européenne dès janvier prochain sera l’occasion de mettre le dossier à l’agenda européen. « Nous allons mettre en œuvre le Pacte Asile et Migration pour remplacer le modèle de l’immigration débridée, a assuré Alexander De Croo. Il faut que les pays d’origine prennent leurs responsabilités, et on doit pouvoir renvoyer ces personnes ».

Les F-16, une aide indispensable à l’Ukraine

Alexander De Croo est ensuite revenu sur l’aide apportée par la Belgique à l’Ukraine après l’invasion russe. « Notre soutien à l’Ukraine est tangible, tant sur le plan humanitaire que matériel. Nous accueillons 70.000 Ukrainiens, et je pense que le pays sera libéré mais ils doivent pouvoir dominer dans l’espace aérien, c’est pourquoi notre pays collabore à la livraison de F-16« .

Discours d’Alexander De Croo: le PS gonfle le torse

Ahmed Laouej, chef de groupe du PS à la Chambre, était le premier à s’exprimer côté francophone après le discours d’Alexander De Croo. « Je me réjouis de voir que le PS a fait barrage aux politiques d’austérité des libéraux qui voulaient couper massivement dans les soins de santé et on a fait contribuer les banques et les multinationales pour combler le déficit et préserver le pouvoir d’achat des ménages ».

Ahmed Laouej a tenu à souligner les acquis socialistes de cette législature. « On a un bilan très positif dans la prolongation de ce qu’on a obtenu, avec la hausse du salaire minimum et la baisse de la TVA sur le gaz et l’électricité. On a aussi consolidé les droits des travailleurs, la marque socialiste est claire dans cette épure budgétaire ».

L’opposition pas convaincue: la N-VA demande que la Vivaldi démissionne

Les partis d’opposition à la Chambre ne se sont pas montré convaincus par la déclaration de politique générale prononcée mardi par le Premier ministre Alexander De Croo. « Il a dit en de nombreux mots que le gouvernement arrêtait de travailler« , en a conclu le chef de groupe N-VA Peter De Roover. Selon le nationaliste flamand, le discours du Premier ministre n’exprime aucune ambition de mettre en œuvre une quelconque réforme sérieuse. « Les vrais problèmes ne sont plus abordés », estime-t-il. Peter De Roover ne partage pas non plus le discours selon lequel notre pays se porte bien. « Personne ne le croit. Avec l’Italie, nous avons le pire budget de l’Union européenne et aucun projet majeur n’a été réalisé. Quelques petites choses ne pourront pas y remédier. »

Sander Loones, député N-VA qui a posé de sérieux problèmes à la majorité ces derniers mois, a été très critique après le discours du Premier ministre. « Il y avait plusieurs contre vérités. Nous n’allons pas vers un budget en équilibre, comme le prétend De Croo. Selon le FMI, on est le pire pays industrialisé à ce niveau-là. « L’extension des flexi-jobs à de nouveaux secteurs, pourtant une mesure de droite, ne convainc pas non plus la N-VA. « De croo vend ça comme une grande réforme du marché du travail mais ce n’est pas le cas. Il faut une grande réforme du marché du travail, que l’on aura pas au vu de l’année électorale qui arrive ». Avant de lâcher une bombe: « Il faut que le gouvernement tombe, il est déjà en affaires courantes depuis 2 ans, il faut prendre ses responsabilités et pas juste faire le ministre », a dénoncé Sander Loones.

« Les entreprises et les banques restent hors de danger« 

Le président du PTB, Raoul Hedebouw, n’a pas vu d’utilité au discours du Premier ministre. Le communiste se montre très critique sur l’extension des flexijobs à douze secteurs supplémentaires. « Alors qu’il y a un problème de pouvoir d’achat, ce gouvernement dit : ‘ajoutez deux ou trois emplois’. C’est une dérégulation du marché du travail qui n’est socialement pas acceptable. » Le député prône en revanche une augmentation des salaires. « Regardez le secteur de l’Horeca. Comment peut-on demander aux gens de continuer à travailler avec un salaire minimum et des horaires aussi irréguliers ? », s’est-il interrogé. « Les entreprises et les banques restent hors de danger« , malgré les 150 millions d’euros que le gouvernement souhaite prélever auprès des banques.

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