Raoul Hedebouw, PTB
Raoul Hedebouw ne voit pas comment Vooruit pourrait rester à la table des négociations. © Belga

« Inacceptable », « insatisfaisant », « pas adapté »: les réactions à l’accord du gouvernement sur les salaires

Gel des salaires mais possibilité permettant d’obtenir une prime pouvant atteindre 750 euros: voilà ce sur quoi s’est accordé le gouvernement ce lundi. Un accord qui ne satisfait pas tout le monde.

Le gouvernement s’est entendu ce lundi en comité restreint sur une proposition de conciliation permettant de sauver les négociations salariales entre les syndicats et les employeurs. Comme prévu, l’indexation automatique sera conservée mais la marge salariale sera nulle durant les deux prochaines années, quel que soit l’indice. Les entreprises qui s’en sortent bien pourront toutefois accorder une prime allant jusqu’à 500 euros à leurs salariés, à condition qu’un accord sectoriel soit conclu à cet effet. Une clause échappatoire est également prévue pour les entreprises qui ne disposent pas de ces moyens financiers. Enfin, les entreprises aux bénéfices exceptionnellement élevés pourront octroyer jusqu’à 750 euros à leurs travailleurs.

Réactions de l’opposition

L’opposition s’est dit insatisfaite de l’accord. Selon le député de la N-VA, Björn Anseeuw, l’accord est « carrément décevant et nuisible« , a estimé le député N-VA Björn Anseeuw. « Une fois de plus, les allocations de chômage sont revues à la hausse. Et une fois de plus, les coûts salariaux bruts augmentent pour les salaires les plus bas« , a-t-il pointé. « Complètement irresponsable quand on sait que les coûts salariaux augmentent déjà beaucoup plus vite en Belgique que chez nos voisins et partenaires commerciaux les plus importants ». Le gouvernement devrait « enfin faire preuve de solidarité avec ceux qui travaillent dans ce pays », en augmentant les salaires nets sans augmenter les coûts salariaux bruts pour les employeurs. « Ce sont toujours des imbéciles qui sont à la manoeuvre », a conclu le député nationaliste, dans l’opposition au fédéral.

Le PTB a qualifié d’inacceptable l’accord salarial. « Le gouvernement prive l’ensemble de la classe travailleuse de toute liberté de négocier sa légitime part du gâteau. Et pourtant, les 5.000 plus grandes entreprises de Belgique ont vu leurs bénéfices doubler pour atteindre 36 milliards d’euros. Bloquer tous les salaires à 0,0 % est donc non seulement injuste, mais aussi complètement irresponsable en cette période de crise du pouvoir d’achat », a réagi le président du PTB, Raoul Hedebouw, par voie de communiqué. 

Et des syndicats

L’opposition n’était pas la seule à réagir. Les associations syndicales et patronales ont tout montré leur mécontentement par rapport à l’accord.

La FGTB s’est dit « pas très enthousiaste » vis-à-vis de l’accord salarial proposé par le gouvernement fédéral. Celui-ci contient cependant également des points positifs, a reconnu Miranda Ulens, secrétaire générale du syndicat socialiste. « Nous ne sommes, en fait, pas favorables aux chèques« , développe la FGTB à propos de cette proposition de prime. « Il ne s’agit pas d’une augmentation structurelle des salaires. En outre, elle ne compte pas pour l’accumulation de la pension. Des personnes n’arrivent déjà pas maintenant à joindre les deux bouts avec leur pension. »

Les syndicats préféreraient en outre que la norme salariale soit indicative, afin que les syndicats et les employeurs puissent toujours négocier des augmentations de salaire, répète Miranda Ulens. La secrétaire générale du syndicat socialiste se félicite, par contre, que la proposition du gouvernement ouvre la porte à des négociations au niveau sectoriel. Elle pense d’ailleurs que de nombreux secteurs recourront à cette prime. « J’entends qu’il y a des employeurs qui veulent donner de la reconnaissance à leur personnel », confie-t-elle. « Grâce à cela, on peut encore prendre en compte les entreprises en difficulté. »

« Le nouveau chèque consommation, sous forme de prime allant de 500 à 750 euros, proposé par le gouvernement prouve que la loi sur les salaires atteint ses limites », a, de son côté, estimé le président de la CSC, Marc Leemans, via Twitter.

Du coté de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), on estime l’accord « insatisfaisant aux véritables défis« . « Fixer la norme salariale à 0% est déjà un signal important. Cela permet d’éviter une augmentation générale des coûts salariaux pour l’économie », estime le patron de l’organisation patronale, Pieter Timmermans.

Mais les primes uniques auxquelles le kern a abouti envoient un mauvais signal, tacle la FEB. « Apparemment, plus la crise de compétitivité est profonde, plus les primes autorisées sont élevées. Nous traversons en effet la crise de compétitivité la plus sévère depuis des décennies, qui affectera inéluctablement la création d’emplois, et le montant des primes uniques est relevé », déplore-t-elle.

« Alors que la crise de compétitivité fait rage plus que jamais, on permet aux syndicats d’exiger des primes plus élevées que lors de crises précédentes moins aigües. Il s’agit là d’un signal incompréhensible. Notre pays a maintenant besoin d’un pacte de compétitivité audacieux qui réduise notre handicap salarial de 16% afin de ne pas mettre en péril l’emploi dans notre pays », insiste Pieter Timmermans.

Dans la proposition de réconciliation du gouvernement sur les salaires, la norme salariale reste à 0 % pour les deux prochaines années. Les entreprises qui obtiennent de bons résultats peuvent toutefois payer une prime unique de 500 ou 750 euros.

La fédération des commerçants belges, Comeos, s’est dit également déçue par l’accord. Il n’est pas adapté aux secteurs à forte intensité de main-d’œuvre tels que le commerce, l’hôtellerie, la logistique et les PME à bas ou moyen salaires, estime la fédération des employeurs. « Le gouvernement donne l’impression que la différenciation est possible, mais au bout du compte, 500 euros deviennent une nouvelle cible pour les syndicats de tous les secteurs et entreprises », a expliqué la fédération.

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