Avant la Crimée, Hadja Lahbib s’est rendue à Sotchi et a rencontré un proche de Poutine
La ministre des Affaires étrangères ne s’est pas seulement rendue en Crimée l’année dernière. Hadja Lahbib (MR) a également visité un festival artistique dans la ville de Sotchi, soutenu par le gouvernement russe. Elle s’y est entretenue avec le directeur du festival et chef d’orchestre Yuri Bashmet, un partisan déclaré du président Poutine.
Depuis qu’il a été révélé par la N-VA que la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib (MR) s’est rendue en Crimée en juillet 2021 avec un visa russe, les politiques et les médias ukrainiens ont les yeux rivés sur elle mettant notre nouvelle ministre dans une situation compliquée. Depuis qu’elle est devenue ministre le 15 juillet, Mme Lahbib est la vitrine politique de la politique belge du soutien diplomatique et militaire de l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. En tant que ministre nouvellement nommée, Mme Lahbib a déclaré qu’elle souhaitait se rendre dans la capitale ukrainienne, Kiev, dès que possible pour transmettre un message de soutien au sommet du gouvernement. Mais l’Ukraine s’abstient pour l’instant, jusqu’à ce que la question du voyage controversé soit réglée par la voie diplomatique.
A Sotchi aussi
De nouvelles informations fournies par Knack montrent que Hadja Lahbib s’est également rendue dans la ville russe de Sotchi en février de l’année dernière, quelques mois avant son voyage en Crimée. Sotchi est connue pour les Jeux olympiques d’hiver qui s’y sont déroulés en février 2014. Environ une semaine après la fin de ces jeux, les soldats russes ont envahi la Crimée.
Hadja Lahbib était à Sotchi en février 2021 en tant que journaliste pour le Festival international des arts d’hiver (du 18 au 28 février), un événement culturel prestigieux et une carte de visite du régime. Ce festival de grande envergure existe depuis 2011 et programme un échantillon de musiciens et de créateurs de théâtre internationaux. L’édition 2021 était la première depuis 2019 et la pandémie de Covid.
Dans une chronique sur le site du Vif, Hadja Lahbib décrit son expérience depuis Sotchi le 26 février 2021. Elle écrit que la Russie n’est pas exactement un pays accueillant pour les journalistes et les opposants et fait référence à l’arrestation du journaliste russe Serguei Smirnov et aux arrestations massives lors des manifestations de rue. Elle mentionne également le chef de l’opposition condamné, Alexei Navalny. Mais malgré « cette Russie en ébullition », ce pays en ébullition, elle a quand même « fait un effort » pour obtenir un visa pour le festival d’art, note-t-elle. À Sotchi, elle s’entretient avec le directeur du festival et violoniste Yuri Bashmet de toute la beauté que l’on peut voir et entendre à son festival et avec laquelle il veut surprendre le public. Elle le cite en disant de son festival que « dès que le cadre est établi et que l’on maîtrise les règles, les portes de la liberté s’ouvrent« .
Relire la chronique du Vif : Et à part ça? La liberté d’aller voir au-delà de la fin du monde par Hadja Lahbib
Pas de réaction d’Hadja Lahbib sur Sotchi
Le 12 juin dernier, Yuri Bashmet a été personnellement décoré par le président Poutine en tant que « Héros du travail de la Fédération de Russie », la plus haute distinction en Russie. Dans une interview accordée au site russe Classical Music News pour l’occasion, Bashmet déclare son grand amour pour Poutine : « J’aime et respecte notre président et j’aime beaucoup mon pays », dit-il. Il méprise l’Occident et les sanctions culturelles contre la Russie : « Je suis plus intéressé par le fait de jouer une simple note à Bugulma (une ville tatare, rien que ça) qu’à Paris. Et encore moins au Carnegie Hall de New York ou à Amsterdam. Pourquoi devrais-je, même pour de l’argent, trahir mes convictions les plus profondes à des étrangers ? ». Selon Bashmet, le boycott des musiciens classiques russes aura des effets particulièrement pernicieux sur les musiciens occidentaux eux-mêmes : « Leur niveau va baisser rapidement et de manière significative, car nous, les musiciens russes, avons toujours été les meilleurs ». Il affirme qu’il ne craint pas les réactions de ses collègues occidentaux en raison de son soutien franc et public à Poutine.
La ministre Lahbib n’a pas pu être jointe immédiatement pour commenter hier soir son voyage à Sotchi et sa rencontre avec Bashmet.
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