Factcheck: Maxime Prévot et François De Smet ne pratiquent-ils pas l’attaque politique, comme ils l’affirment ?

Eglantine Nyssen
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

L’attaque politique? « Non, mais on ne la pratique pas, nous ». Pas totalement, selon une nouvelle étude portée par des politologues des deux côtés du pays.

Ils l’affirment dans de nombreuses interviews politiques. Mais aussi dans les podcasts politiques du Vif, Le sens de sa vue. Non, non et encore non. François De Smet et Maxime Prévot ne sont pas des adeptes des petites phrases. Ni des attaques politiques. Pas leur style.

Or, ce n’est pas exactement ce que conclut la dernière étude (1) de trois chercheurs en sciences politiques. Caroline Close, Lucas Kins (Cevipol, ULB) et Laura Jacobs (UAntwerp) ont analysé le contenu des tweets publiés par les partis politiques et leurs présidents, en Belgique, de janvier 2022 à mars 2023. Ils ont confié ces résultats au Vif. Il en ressort qu’en Belgique, les attaques représentent plus d’un quart des tweets émis par les partis politiques et leurs présidents. Celles-ci sont surtout, et sans surprise, menées par le Vlaams Belang et la N-VA. Mais les partis francophones ne sont pas en reste. En terme relatifs, environ un quart des tweets de Défi contiennent une attaque, la moitié de ceux des Engagés. Du côté des présidents, 42,9% des tweets de François De Smet contiennent une attaque, un tweet sur cinq pour Maxime Prévot. Une différence notable entre les deux, donc.

« Dans les attaques qu’on a identifiées, on a différencié celles sur les enjeux comme les pensions, la gestion du dossier énergie ou de la migration par exemple, de celles plus personnelles », explique Caroline Close. « Et c’est la première catégorie qui revient le plus souvent. » 23% de tweets pour l’une, contre 11,3% pour l’autre, tous partis confondus. « Dans les attaques personnelles, on remarque que les présidents citent d’autres personnalités, souvent des ministres de la Vivaldi, ou d’autres présidents de partis. On cible leur « incompétence », ou « la non-prise en charge » de leurs dossiers ».

Rôle d’opposition

 « Il faut aussi se dire qu’en tant que parti d’opposition, c’est aussi leur job de remettre en question la manière dont le gouvernement gère sa politique », pointe la chercheuse. « Ce sont des résultats plutôt normaux dans une démocratie. » D’autant plus si on regarde la cible des assauts. « Les partis d’opposition attaquent souvent la Vivaldi, mais les partis d’opposition en sont, eux, rarement la cible. »

En dehors de leur rôle d’opposition, les attaques sont également un moyen d’exister. « La littérature montre qu’elles sont plus efficaces que des campagnes positives. Parfois il faut attaquer pour convaincre et pour apparaître », pointe la politologue. L’étude montre d’ailleurs que ce sont les tweets qui contiennent un message négatif qui suscitent en moyenne un nombre plus élevé de « likes » et de « retweets ». En outre, ce sont les attaques personnelles qui semblent susciter le plus de réactions. « D’autant plus à l’heure des réseaux sociaux, où on est dans une sorte de campagne politique permanente et où on peut s’adresser directement à ses potentiels électeurs sans le filtre des médias. Mais ceux-ci sont aussi plus réceptifs au clash qu’à une campagne positive qui mettrait en avant un programme. C’est plus attractif qu’une discussion technique. »

Embrasser les réseaux

Dernier enseignement de cette étude pour Caroline Close : la difficulté pour les partis traditionnels d’investir Twitter, Facebook et compagnie. « Ils se montrent incertains quant à la façon d’agir sur les réseaux sociaux, d’embrasser ou non totalement cet outil et les attaques qui vont avec. Doit-on rentrer dans le jeu ? D’un côté, il y a cette volonté de ne pas le faire. De l’autre, la conviction que les partis populistes ne doivent pas être les seuls à occuper le terrain. Et puis il y aussi des questions éthiques, avec le sponsoring et l’argent utilisé pour la communication en ligne. » Et d’ajouter: « Du côté des francophones, la position de parti est plus liée à la personnalité des présidents de partis, aux individus qui sont en poste. On le voit bien avec Georges-Louis Bouchez. En Flandre, on est face à des comptes et des staffs beaucoup plus professionnels. »

(1) Les partis politiques et leurs président·e·s sur Twitter : quelles tendances un an avant l’élection de 2024 ? Etude réalisée avec le soutien de la Faculté de Philosophie et Sciences sociales  de l’ULB

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