PTB
Il y a quelques mois encore, l’ascension du PTB-PVDA semblait irrésistible, mais les résultats électoraux se tassent. © BELGA

Et pourtant, l’ascension du PTB semblait irrésistible… Les marxistes se heurtent-ils à un plafond?

Benjamin Hermann
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

L’histoire semblait cousue de fil blanc: le PTB était promis à une implacable montée en puissance. Pourtant, Raoul Hedebouw et les siens semblent avoir atteint un plafond. Le parti de gauche recule même, dans une certaine mesure, par rapport aux élections de juin.

Lorsque tombent les résultats des élections, les chiffres parlent, mais ne suffisent pas toujours. Ils permettent de désigner les vainqueurs et les vaincus, mais il n’est pas rare qu’un parti en progression n’apparaisse pas comme gagnant, tandis qu’un parti en recul semble limiter la casse et par conséquent, s’en tire plutôt bien. Au-delà des résultats, le récit qui entoure le scrutin pèse dans la balance. Ainsi, sondages et prévisions médiatiques à l’appui, le PTB semblait promis à une ascension très sensible, au printemps 2024. Puis sont arrivées les élections régionales et fédérales du 9 juin…

Aux élections régionales bruxelloises, le parti avait progressé, mais est resté en troisième position, derrière le MR et le PS, alors que l’un ou l’autre sondage l’avait placé en tête durant les mois précédents. En Flandre, le PVDA avait également progressé, mais restait le sixième parti dans l’ensemble de la région. En Wallonie, les troupes de Raoul Hedebouw connaissaient même un léger recul global. Malgré les propos enthousiastes du président de parti, à l’époque, les résultats du PTB ressemblaient à une petite victoire, voire une semi-défaite, en fonction des endroits.

Le parti de gauche allait-il renouer avec sa dynamique ascendante aux élections locales? Une fois de plus, le parti peut se targuer d’avoir progressé dans les villes et communes où il se présentait (mais pas à Zelzate, où il était au pouvoir), d’avoir fait son entrée dans une série de conseils communaux, de devenir des interlocuteurs des socialistes à Molenbeek (+8,5%) et à Herstal (+ 6,8%). Mais l’histoire retiendra aussi qu’à Anvers, où une confrontation PVDA/N-VA était annoncée, un peu artificiellement certes, Bart De Wever a supplanté la concurrence, y compris celle du populaire Jos D’Haese.

Aux élections provinciales en Wallonie, scrutin qui permet, davantage qu’aux communales, d’établir des comparaisons avec les résultats de juin, le PTB connait un léger recul global. Il ne se présentait pas en province de Luxembourg, progresse légèrement en province de Liège, mais se tasse partout ailleurs.

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Du côté des provinces flamandes, le PVDA connait un recul plus net qu’en Wallonie, toujours comparativement aux élections de juin, ainsi que l’a établi le professeur en sciences politiques Pascal Delwit (ULB).

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A l’instar des autres partis, les réalités vécues par le PTB-PVDA varient d’une entité à l’autre, en fonction des dynamiques locales. Mais au vu du tableau général, la question mérite d’être posée: le PTB plafonne-t-il? Et la conquête de la Flandre menée par Raoul Hedebouw, depuis son accession à la présidence fin 2021, a-t-elle coïncidé avec la fin d’une ascension promise en Wallonie?

«Fondamentalement, le PTB-PVDA a une histoire et des origines ancrées en Flandre», explique Pascal Delwit, politologue à l’ULB. La dynamique enclenchée au sud du pays, très perceptible lors des élections de 2018 et 2019, demandait en quelque sorte à être prolongée au nord du pays. « Il semble évident que cette dynamique est désormais stoppée.» En Région bruxelloise, la progression se situe sans doute en deçà des espoirs d’avant le scrutin. «Par ailleurs, on peut observer que là où la Team Fouad Ahidar s’est présentée, le PTB a reculé», ce qui indique probablement que ces deux partis se disputent une partie de leur électorat.

Ce plafonnement était-il prévisible? «Le PTB a quand même dû anticiper le fait que ce besoin de se développer en Flandre aurait un coût. Raoul Hedebouw ne peut pas se démultiplier» et reproduire à l’infini cet «effet Raoul» qu’il a initié en Wallonie, singulièrement en région liégeoise.

«Le parti n’a pas non plus une armée de cadres. Ils ont cherché à se diversifier: Raoul Hedebouw n’était pas tête de liste à Liège», pas plus que Sofie Merckx à Charleroi d’ailleurs. C’est aussi au niveau de ce renouvellement qu’une des limites a pu être atteinte.

Et puis, ce n’est pas un détail, d’autres partis ont remporté ces scrutins successifs. Les Engagés et le MR, en particulier. C’est là que la baraka se trouve désormais. «Sans oublier cette capacité à influer sur l’agenda, qui était un des points forts de Raoul Hedebouw ces dernières années. Désormais, c’est Georges-Louis Bouchez qui le fait», observe encore Pascal Delwit.

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