Bart De Wever et Vincent Van Peteghem n’auront pas le temps de faire des balades en bateau. Fin avril, l’Arizona devra présenter son budget à la Commission Européenne, et plusieurs mesures devront être prises d’ici-là. © BELGA

Et maintenant, un budget: l’Arizona a trois mois pour convaincre l’Europe

Sylvain Anciaux

Fin avril, le gouvernement Arizona devra présenter son budget 2025 à la Commission Européenne, qui s’inquiète depuis longtemps de l’état des comptes de la Belgique. L’économiste de l’UCLouvain Bertrand Candelon rassure, tout en mettant en garde.

Une troisième session. Voilà à quoi ressemblera l’examen de la Commission Européenne du budget belge qui était initialement demandé pour le 20 septembre, puis pour la nouvelle année mais, faute de gouvernement de plein exercice, n’était pas arrivé. Cette fois, l’Arizona de Bart De Wever, avec l’étroite participation de Vincent Van Peteghem (CD&V) qui sera ministre du Budget au sein du nouvel exécutif, aura jusqu’à fin avril pour remettre un budget 2025. «Ça devrait aller, prédit l’économiste et professeur à l’UCLouvain, Bertrand Candelon. Le fichier macro-financier figure dans la note, même s’il n’est pas encore très précis.»

Le timing ne pose donc plus problème. Et la méthode d’évaluation de l’Europe non plus, car elle est toute nouvelle et elle se concentrera sur la trajectoire à quatre ou sept ans du pays là où, avant, elle se basait sur les mesures adoptées sur l’année écoulée. «Et puis, le risque que le budget ne soit pas accepté est vraiment faible», rassure Bertrand Candelon. En clair, l’objectif demandé par la Commission est de réduire le déficit entre 0,5 et 1% (il est de 4,5% actuellement) si la Belgique ne veut pas s’exposer à des sanctions.

Pensions : l’éléphant dans la pièce

Mais si l’Arizona prévoit une trajectoire budgétaire destinée à rendre les finances publiques dans une situation plus soutenable en 2028, voire en 2031, la Commission Européenne ne prend en compte que les mesures déjà adoptées dans son calcul. Autant le dire, la note actuelle ne vaut pas un copeck à l’heure qu’il est et, d’ici avril, il faudra dessiner des priorités. «Il apparaît très clairement dans un rapport de la Commission Européenne que les pensions sont la cause principale du déficit excessif. L’Europe a montré que ce n’était pas soutenable, c’est donc la réforme qui va devoir arriver rapidement.» Plus concrètement, les mesures mises en place par l’Arizona porteront leurs effets après un an au plus tôt, estime l’économiste. Elles ne seront donc pas encore visibles en septembre 2025, quand le nouveau gouvernement devra présenter son budget 2026 à la Commission européenne.

A la lecture de l’accord de gouvernement que la presse a dévoilé ce samedi, il apparaît que l’Arizona a bien compris l’impératif fixé par l’Europe. «Les coûts budgétaires du vieillissement sont particulièrement élevées entre 2023 et 2050 (+3,8 points de pourcentage du PIB), puis ralentissent entre 2050 et 2070 (+0,3 point de pourcentage du PIB), ce qui témoigne encore de l’urgence de procéder à des réformes efficaces. (…) Dans le contexte économique actuel, il est d’autant plus urgent d’agir. Les incertitudes économiques mondiales, combinées à la nécessité d’investir dans les transitions verte et numérique, exercent une pression supplémentaire sur les finances publiques. En l’absence de réformes du régime de pension, la Belgique risque de compromettre davantage sa compétitivité dans la mesure où l’augmentation des impôts pourrait freiner la croissance économique.»

«La compétitivité sera, selon Bertrand Candelon, ce qui nous sauvera.» L’économiste déplore d’ailleurs que celle-ci ne soit pas plus stimulée au sein de l’accord. «Il manque des efforts dans le domaine de l’innovation, en recherche et développement… Les États-Unis ont investi 500 milliards de dollars dans l’intelligence artificielle, par exemple. (…) Quand Trump augmentera les droits de douanes, il faudra observer la réaction de la Belgique, qui devra augmenter sa compétitivité. On ne peut plus accepter une croissance à 1,4%.»

Bruxelles, l’épine dans le pied du budget de l’Arizona

Si un parfum de printemps plane avec la naissance de l’Arizona, la situation politique en région bruxelloise reste quant à elle toujours bloquée. Les socialistes refusent toujours de s’asseoir à la table des nationalistes, et les alternatives ne sont pas légion. Or, pas de gouvernement, pas de budget. Et le budget que l’Arizona soumettra à la Commission fin avril devra également comprendre celui de ses entités fédérées. Bruxelles représente à ce titre un déficit de 1,3 milliard d’euros.

Sans rampe de relance, la mise sous tutelle pourrait, à terme, être envisagée prévient Bertrand Candelon. Une telle mesure donnerait cependant raison à ceux qui disent que les vainqueurs des élections veulent cogérer la région depuis l’extérieur de ses frontières. A ne pas oublier non plus: l’agence de notation Standard&Poors réévaluera la région bruxelloise en mars prochain. Une dégradation de la note bruxelloise compliquerait encore un peu plus les plans de l’Arizona.

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