Hervé Cornillie, ici en 2021 au parlement de Wallonie. Il est depuis devenu député fédéral et bourgmestre de Leuze-en-Hainaut. © BELGA

Hervé Cornillie, député-bourgmestre de Leuze-en-Hainaut, et ses déboires «comptables» au sein de la FMWB

Clément Boileau
Clément Boileau Journaliste

Avant de rebondir en se faisant élire député fédéral et bourgmestre de Leuze-en-Hainaut, Hervé Cornillie fut l’éphémère secrétaire général de la Fédération Motocycliste Wallonne de Belgique, où des «erreurs comptables» et de gestion ont conduit à son éviction brutale fin 2023. Lui assure que les administrateurs de la fédération voulaient sa tête, et conteste fermement son licenciement.

Ce fut sans doute l’un des plus beaux come-back de la dernière séquence électorale belge: la double élection, comme député fédéral, puis comme bourgmestre de Leuze-en-Hainaut, du libéral (MR) Hervé Cornillie. Deux mandats qui font de cet ancien conseiller d’Adrien Dolimont (du temps où ce dernier était ministre du budget de la Région) l’un des rares députés-bourgmestres wallons.

Ce poste de conseiller auprès du ministre du budget, occupé pendant six mois, de janvier à juin 2024, avait permis à Hervé Cornillie de rebondir après un sacré trou d’air professionnel: son licenciement, en décembre 2023, du poste de secrétaire général de la Fédération Motocycliste Wallonne de Belgique (FMWB).

Reconversion avortée

Mais le torchon a vite brûlé entre l’ancien homme politique, qui préparait sa reconversion dans le monde du sport, et la FMWB. «Le rôle de Hervé va, dans le futur, devoir évoluer vers une plus grande prise de responsabilités, notamment au niveau comptable, mais aussi vers une mission de contrôle systématique et presque quotidienne des obligations de chacun des impétrants liés de près ou de loin à la FMWB, notamment en matière de délivrance des licences et du suivi des organisations», estimait, dans son rapport auprès du Conseil d’Administration de mars 2023, le président de la fédération Didier Frérot, qui semblait à l’époque avoir bon espoir que la mayonnaise prenne. Cela n’a manifestement jamais été le cas, si l’on en croit ce qu’en dit ce même Didier Frérot dans son rapport l’année suivante, alors qu’il commente le licenciement du futur député-bourgmestre.

Une série de lacunes et de faits extrêmement graves [ont été] constatés dans la gestion administrative et financière quotidienne de la FMWB (…)

Extrait du rapport annuel de la fédération en 2024

«Personnellement, j’espère pouvoir oublier 2023 le plus rapidement possible», avance ce dernier, ajoutant qu’«une série de lacunes et de faits extrêmement graves constatés dans la gestion administrative et financière quotidienne de la FMWB (…)», consignés par «huissier de justice», «ont conduit aux licenciements en question (NDLR : ceux de Hervé Cornillie et d’une secrétaire assistante)». Et d’enfoncer le clou sur ces «gros problèmes»: «Le travail pour y remédier (NDLR: aux lacunes) fut énorme, aussi bien pour justifier l’utilisation budgétaire des plans programmes que pour parvenir à vous (NDLR: au CA) présenter un bilan comptable aujourd’hui.»

Interrogé, l’édile, qui a de son côté mandaté des avocats pour contester son licenciement, assure que les reproches qui lui sont faits sont exagérés. «C’est le prototype de petite fédération — en nombre de licenciés — où une série de bénévoles ne sait pas lâcher un peu de pouvoir à des professionnels — et je ne parle pas que de moi. Ils sont un peu old school, ils allaient jusqu’à refuser la comptabilité double alors que je leur disais que c’est une obligation. Des tas de choses comme ça. Evidemment, j’ai pu faire des erreurs, je ne suis pas parfait, mais ce qu’on me reproche est tout à fait farfelu.»

Raté administratif et petits arrangements qui passent mal

Le motif exact de son licenciement est peu clair, d’après le récit qu’en fait Hervé Cornillie. «On a profité d’un grave accident d’un directeur technique au cours d’un stage — il a été absent très longtemps — et j’avais déclaré l’accident à Securex. Securex a alors annulé l’assurance travail du personnel.  En fait, la fédération n’avait déclaré que des profils administratifs, pour payer moins cher, alors que ce sont des sportifs également. Ils ont prétexté cet incident-là pour lancer la crise et sortir des tas de choses. On me reprochait même d’avoir décroché des subsides sans l’autorisation des administrateurs! Ailleurs, on m’aurait applaudi. On voulait ma tête, et quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Et je n’accepte pas la façon dont cela s’est fait.»

Ironie du sort, dans son rapport 2024, Didier Frérot se félicite justement de la mise en place de la comptabilité double qu’Hervé Cornillie dit avoir voulu mettre en place contre vents et marées. Et félicite le trésorier de l’époque, chaleureusement remercié pour avoir rectifié «des dizaines d’imputations erronées»,, ce qui aurait permis à la fédération de «présenter (…) un bilan digne de ce nom».

C’est juste de la rancœur personnelle, mais ils n’ont pas osé me licencier pour faute grave. C’est moche, ils ont été dégueulasses, ils ont fait peur au conseil d’administration.

Hervé Cornillie

Le trésorier en question, qui avait été chargé de former Hervé Cornillie aux us et coutumes du fonctionnement de la FMWB, est peu dissert sur l’ancien secrétaire général. «Ses problèmes, c’était plutôt des questions d’imputations de dépense dans un plan comptable assez détaillé. Ce n’était pas fait correctement. Il a entamé une action en justice, mais nous on est à l’aise…»  

Tout pour la fédé

L’ambiance, y compris au sein du Conseil d’administration, ne paraît pourtant pas aussi bonne qu’il y paraît, à lire la prose de son propre président, qui regrettait, toujours en 2024, que «certains membres du Conseil d’administration (…), n’ont parfois pour seul souci que la défense des intérêts de leur club ou de leur seule discipline et préfèrent copiner avec des anciens employés plutôt qu’à faire confiance en ceux qui ont permis et nous permettent encore aujourd’hui d’avoir une Fédération qui a toujours reçu des notes positives quant à sa gouvernance et sa gestion…»

«C’est juste de la rancœur personnelle, mais ils n’ont pas osé me licencier pour faute grave. C’est moche, ils ont été dégueulasses, ils ont fait peur au conseil d’administration», fulmine de son côté Hervé Cornillie, pointant de nouveau «des bénévoles qui n’ont pas conscience de la gouvernance dans les asbl sportives. Je l’ai déjà dit à Pierre-Yves Jeholet (NDLR: ministre de l’Économie wallon): il faut vraiment qu’en matière de subsides qu’on accorde aux fédérations, ils soient conditionnés à une avancée dans la gouvernance et la formation…»

Le message devrait passer aisément: Pierre-Yves Jeholet est du même parti que lui (MR) et le ministre-Président, Adrien Dolimont, également du MR, l’a pris sous son aile après son licenciement…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire