Elections 2024 en Wallonie: deux nuances de droite peuvent jeter la gauche dans l’opposition
La victoire cumulée du MR, premier francophone, et des Engagés, qui doublent presque leur résultat wallon, leur offre la possibilité de reconstituer, comme entre 2017 et 2019, une majorité sans socialistes ni écologistes.
C’est un moment qui fera date dans l’histoire politique wallonne, donc francophone, donc belge. Le MR, premier parti devant le PS pour la première fois depuis que sont tenues des élections régionales en Wallonie, soit 1995, est en situation d’exiger et d’obtenir la ministre-présidence de la Région wallonne, mais aussi celle de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et surtout, la formation de Georges-Louis Bouchez est en capacité d’expulser pour cinq ans au moins les socialistes de leur inexpugnable Elysette en constituant un gouvernement de législature de centre-droit avec Les Engagés. En 2017, Benoit Lutgen avait déjà renvoyé le PS dans l’opposition wallonne et noué une coalition de rechange avec le MR d’Olivier Chastel, mais cette majorité alternative-là ne tenait qu’à un siège.
L’addition des députés réformateurs et engagés, cette fois, dépassera largement les 40 sièges. A l’époque, les deux présidents n’avaient pas pu convaincre Olivier Maingain, président de DeFI, de les rejoindre pour expulser le PS de la ministre-présidence de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et le coup de Benoît Lutgen, alors, n’avait qu’à moitié réussi. Ce soir, Maxime Prévot et Georges-Louis Bouchez peuvent sourire, ils ont gagné en confort par rapport à leurs deux aînés, car MR et Engagés n’auront pas besoin d’un autre associé pour composer une majorité en Communauté française.
Georges-Louis Bouchez avait plaidé, pendant toute la campagne, pour que le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles soit composé de ministres wallons et bruxellois coiffés d’une double casquette, et animé par les mêmes partis dans les trois entités, Bruxelles, la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le PS est incontournable à Bruxelles, mais il n’est pas nécessaire en Wallonie, et pas souhaité en Fédération Wallonie-Bruxelles. On parierait bien que Georges-Louis Bouchez restera discret sur cet engagement de campagne. La victoire électorale est donc totale en Wallonie, aussi bien pour le Montois que pour le Namurois. L’entrée triomphale dans les gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles est pour bientôt. Peut-être même la leur, personnellement, même si Willy Borsus est le candidat libéral naturel à la ministre-présidence wallonne, qu’il a occupée entre 2017 et 2019, et même si Pierre-Yves Jeholet le sera, s’il le désire, à la ministre-présidence francophone.
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