Circonscription fédérale: la N-VA rejette la proposition de l’Open VLD, le MR pas favorable à une automaticité
L’Open Vld va présenter à ses membres une proposition qui a pour ambition de redessiner en profondeur les élections nationales, écrivent Het Nieuwsblad, Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg. Le parti libéral flamand veut introduire une circonscription fédérale afin que tous les Belges puissent voter pour les mêmes candidats.
La personnalité ayant récolté le plus de voix du parti le plus important deviendrait alors automatiquement formateur et, si tout se passe bien, Premier ministre. « De cette manière, nous voulons éviter des mois d’impasse après les élections », explique Bart Somers, figure de proue du parti flamand. Plus besoin dès lors d’informateurs, d’éclaireurs, de démineurs ou de clarificateurs, si cela ne dépendait que de l’Open Vld.
Le parti présentera cette position à ses membres lors de son congrès du 12 au 14 mai.
Ce système est très similaire à celui qui sera utilisé pour la première fois lors des élections locales de 2024. Cependant, pour pouvoir appliquer une même méthode au niveau belge cette fois, une circonscription fédérale doit d’abord être établie. Les libéraux flamands proposent donc que 20 des 150 sièges de la Chambre soient élus au niveau fédéral. Chaque parti devrait y présenter un candidat au poste de Premier ministre.
Pour s’assurer qu’un gouvernement soit rapidement formé, les libéraux veulent ajouter un délai limite. Un formateur disposerait ainsi d’un mois pour rédiger un accord de coalition. En cas d’échec, le droit d’initiative reviendrait alors à la deuxième liste la plus populaire, et ainsi de suite. S’il n’y a toujours pas de gouvernement au bout de six mois, de nouvelles élections seront automatiquement organisées.
Une proposition pour « gratifier les francophones »?
Opposée par principe à l’instauration d’une circonscription fédérale unique, la N-VA a sans surprise rejeté les modalités que l’Open Vld a proposées pour réactiver ce serpent de mer de la politique belge. Cette piste, qui ouvrirait la voie à des listes unissant des partis dans les deux grandes Communautés du pays, n’est pas du goût de la N-VA. « À chaque fois, il apparaît que ce sont les partis francophones qui bloquent des réformes fortes, et l’Open Vld les récompense aujourd’hui », a réagi le député Sander Loones (N-VA). Il critique au passage la disposition de l’Open Vld à refédéraliser certains pans de compétences, « afin de pouvoir en décider avec le PS et Ecolo ». À ses yeux, la circonscription fédérale « fait le jeu de ceux qui ne veulent pas de grandes réformes et défendent le statu quo ». Elle constituerait même un verrou supplémentaire contre « les Flamands ».
En outre, la N-VA voit dans cette proposition une tentative des libéraux de sécuriser le poste du Premier ministre actuel. « L’Open Vld essaie de se doper à l’aide d’une liste unitaire grâce à leur parti frère plus puissant (le MR, NDLR), il est donc davantage question du poste d’Alexander De Croo que de renforcer la démocratie », affirme le parti nationaliste flamand.
Le MR favorable, mais…
Partisan d’une circonscription fédérale unique, le MR voit d’un bon œil la volonté de l’Open Vld d’avancer sur ce sujet. Mais l’automaticité induite par la proposition libérale flamande pourrait s’avérer improductive voire dangereuse, a indiqué mardi le président du MR Georges-Louis Bouchez.
Pour l’Open Vld, le candidat le mieux élu sur la liste ayant récolté le plus de voix dans cette circonscription fédérale unique (qui fournirait 20 élus sur 150 à la Chambre) devrait devenir automatiquement formateur du gouvernement fédéral. Ce formateur disposerait d’un mois pour rédiger un accord de coalition. En cas d’échec, la main reviendrait à la deuxième liste la plus plébiscitée, et ainsi de suite. S’il n’y a toujours pas de gouvernement au bout de six mois, de nouvelles élections seraient automatiquement organisées.
Le MR soutient l’idée d’une circonscription fédérale unique, qui figurera dans son programme électoral, a confirmé à Belga M. Bouchez. À ses yeux, le Premier ministre devrait être issu de cette circonscription, mais le caractère automatique de désignation du formateur pourrait faire émerger un candidat extrémiste, par exemple du Vlaams Belang. Ce serait non seulement dangereux mais aussi une perte de temps, vu l’absence d’alliés potentiels, souligne le MR.
Le parti n’est pas favorable à un retrait de certaines des prérogatives du Roi, vu son rôle stabilisateur. Quant à imposer des délais au processus de formation, le MR dit oui, mais pas à la manière de l’Open Vld. Il s’agirait plutôt d’obliger celui qui est en poste à venir s’expliquer à certains intervalles au Parlement, qui déciderait alors si le chargé de mission peut poursuivre ou s’il faut retourner aux urnes.
Le PS, quant à lui, n’a pas souhaité s’étaler outre mesure sur la question. L’idée est portée depuis longtemps par un groupe de politologues et de penseurs de la démocratie, le « groupe Pavia » dont le président du PS Paul Magnette faisait partie, rappelle-t-on au Boulevard de l’Empereur.
« Le PS s’est positionné à plusieurs reprises en faveur d’un tel projet par le passé. Sa mise en place impliquerait notamment de se prononcer sur les modalités. Elles seront déterminantes: le nombre de sièges concernés, la garantie de l’équilibre entre flamands et francophones, le renforcement de la démocratie et le maintien du cordon sanitaire afin de garantir les valeurs démocratiques », commente le parti socialiste.