Dans la commune de Saint-Nicolas (Liège), le PS est au pouvoir depuis plus d’un siècle. L’opposition parviendra-t-elle à lui faire de l’ombre? © BELGAIMAGE

Elections communales 2024 | Relégués dans l’opposition depuis des lustres, ces partis veulent prendre leur revanche: «Le ras-le-bol est palpable»

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

Dans les communes historiquement rouges ou bleues, l’espoir de métamorphose continue malgré tout d’animer l’opposition. Qui unit généralement ses forces pour secouer la majorité.

Leur règne semble éternel. A Evere, Saint-Nicolas ou encore Waterloo, le pouvoir est concentré dans les mains d’un même parti depuis des décennies. Loin de se complaire dans l’inertie de l’opposition, certaines formations politiques misent sur le scrutin du 13 octobre pour enfin renverser la vapeur. «Il y a un momentum à saisir», assure Cindy Dequesne, qui tirera la liste Waterloo Ensemble, un mouvement composé de citoyens et de membres d’Ecolo, des Engagés et du PS, déterminés à faire de l’ombre au MR, à la barre de la commune brabançonne depuis 1982. «Peu importe la couleur politique, un parti qui détient la majorité absolue (NDLR: 24 sièges sur 31 sous cette législature) pendant tant d’années finit par gérer la commune comme son propre ménage, sans tenir compte de l’évolution des attentes des citoyens, déplore la tête de liste. Aujourd’hui, le ras-le-bol est palpable au sein de la population.»

Un constat partagé par Gilbert Fransolet, deuxième sur la liste Ensemble pour Saint-Nicolas, une alliance de centre-droit (Les Engagés, MR, DéFi, Saint-Nicolas Plus) aujourd’hui dans l’opposition et qui rêve d’enrayer l’hégémonie socialiste dans la commune liégeoise. «Le collège est le temple du PS depuis plus de 100 ans (NDLR: 1921 exactement), si bien que ceux qui y siègent peinent à faire la différence entre les intérêts des citoyens et ceux du parti», peste l’élu local. La liste, tirée par le libéral Fuat Agirbas, veut profiter du succès bleu et turquoise (+6,4% pour le MR et +6% pour Les Engagés) amorcé au scrutin régional pour, à défaut de renverser la majorité, au moins y jouer un rôle prépondérant. «Les cartes ont été redistribuées, insiste le doyen de la politique locale. Il est temps d’enfin aboutir à une gestion plurielle de la commune.»

Manque de dynamisme

Des résultats régionaux sur lesquels entend également capitaliser Philippe Michotte, tête de liste MR à Evere. Dans l’un des derniers bastions socialistes de la capitale, les libéraux sont passés de 15% à 25% des voix en juin. «On espère que cette vague bleue se confirmera et nous rendra incontournables», insiste le conseiller communal, qui déplore la «mainmise du PS» sur la commune depuis trois quarts de siècle. «Même si elle réunit plusieurs tendances, la liste du bourgmestre reste rouge avant tout. Les socialistes ont développé de véritables infrastructures autour d’eux, avec plusieurs asbl qu’ils financent eux-mêmes. Pourtant, la commune reste sous tutelle de la Région bruxelloise, mais bénéficie de l’appui de son ministre-président Rudi Vervoort (PS), bourgmestre empêché d’Evere.»

«A l’image d’une administration vieillissante, l’efficience et la vitalité disparaissent au fil des années.»

Au-delà de leurs divergences, les candidats de l’opposition pointent tous trois le manque de dynamisme inhérent aux majorités quasi séculaires. «A terme, les élus ne ressentent plus cette obligation de produire des résultats rapides et concrets, déplore Cindy Dequesne. Il suffit de regarder le programme communal du MR, qui mise sur la continuité sans véritable projet pour les cinq années à venir.» Et Gilbert Fransolet de confirmer: «A l’image d’une administration vieillissante, l’efficience et la vitalité disparaissent au fil des années.»

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