Elections 2024: vieilles idées et nouveautés du programme de DéFi
Quel est le programme électoral de DéFI? Voici les idées qui sont apparues, celles qui ont disparu et celles qui devraient faire le plus parler.
Déterminés déjà en 2023, les cinq axes du programme de la formation présidée par François De Smet se présentent dans un ordre volontaire. Les plus courts sont devant, les plus longs derrière: d’abord «Remettre la Belgique en Etat… fédéral» (44 pages), puis «La laïcité politique» (28 pages), puis «L’esprit d’entreprendre» (36 pages), puis le «Contrat social» (84 pages) et, enfin, «Le développement durable, l’économie et les libertés» (100 pages). Tous témoignent des récentes évolutions de l’ancien FDF, devenu DéFI en 2015.
Ce qui est apparu: le bouclier social
Depuis leur rupture avec les bleus du MR en 2012, les amarantes insistent sur leur couleur libérale sociale, qui les démarque de leur ancien étiquetage. C’était déjà le cas en 2019, mais un concept, celui de bouclier social, a surgi dans la version 2024 du catalogue DéFI. Le bouclier social, que les fédéralistes francophones dresseraient un peu sous le seuil de pauvreté (1.450 euros pour un isolé), soit à 1.300 euros, n’était pas au programme du DéFI de 2019, celui d’Olivier Maingain. Ce bouclier fusionnera toutes les allocations existantes, afin de simplifier le système d’assistance actuel, et fonctionnera, en pratique, comme une base d’allocation universelle, accessible à ceux qui ne travaillent pas, sans aucune formalité grâce à l’automaticité des droits, également réclamée par DéFI. Aucun inactif, alors, ne pourra jamais toucher moins que ces 1.300 euros de bouclier social, dont le libéralisme protecteur, comme en un valorisant miroir (en tout cas selon DéFI), vient se confronter au libéralisme plus classique du MR. Un MR qui, lui, brandit pendant cette campagne un autre type de pavois, plus protecteur, lui, pour les classes moyennes et supérieures: un bouclier fiscal à 50%.
Ce qui a disparu: la sortie du nucléaire
Comme toutes les autres formations francophones, DéFI réclamait en 2019 le respect du calendrier de fermeture des centrales nucléaires, dont les sept réacteurs auraient dû être éteints en 2025 selon la loi de 2003. Et comme toutes les autres formations francophones, Ecolo et le PTB, encore plus discrètement, exceptés, DéFI est revenu sur son antinucléarisme. Son programme, cette année, défend donc un mixte énergétique en trois tiers: le renouvelable, le nucléaire et la modération. L’équipe de François De Smet est, toutefois, la première de l’espace politique francophone à avoir révisé sa doctrine énergétique pour y réintroduire l’énergie atomique. Un congrès, fin 2020, a acté ce revirement, plusieurs mois, voire quelques années, avant tous les autres partis.
Ce qui sera crié: la laïcité
Introduite vers la fin du fort long règne d’Olivier Maingain, alors que le FDF était, historiquement, un parti rassemblant cléricaux et anticléricaux, la défense de la laïcité de l’Etat est aujourd’hui devenue le trait identitaire le plus épais de DéFI. Elle fait l’objet d’un axe à part entière de son programme, certes le plus court des cinq, mais les quatre autres abordent des thématiques beaucoup plus vastes. Clé de voûte de ce que DéFI appelle l’universalisme, cette laïcité politique porte aussi bien sur la tenue des agents de l’Etat que sur le financement des cultes ou sur divers aspects du combat féministe – les députés DéFI ne jouiront pas de la liberté de vote sur l’IVG, à autoriser jusqu’à 18 semaines. Cette laïcité de l’Etat doit distinguer le message de DéFI de la neutralité de l’Etat prônée par le MR et par Les Engagés, avec lesquels la fusion n’a pu se faire, précisément, parce que Maxime Prévot et les siens refusèrent d’intégrer cette vision de la laïcité politique à leur bréviaire.
Les revendications institutionnelles tiennent cette année en 17 pages, contre une trentaine en 2019.
Ce qui sera murmuré: l’institutionnel
Cela tient moins à la personnalité du président qu’à l’esprit du temps, mais les programmes 2014 du FDF puis 2019 du DéFI d’Olivier Maingain donnaient bien davantage de place aux thématiques communautaires que celui de 2024 sous François De Smet. Les revendications institutionnelles des fédéralistes francophones tiennent cette année en 17 pages, contre une trentaine en 2019. Les unes et les autres sont pratiquement identiques (refus de la Belgique à quatre Régions, protection des francophones de la périphérie, révisions des lois linguistiques à Bruxelles, etc.), mais elles sont quantitativement présentes et politiquement beaucoup moins bruyantes, et personne chez DéFI ne semble vouloir les mettre à l’agenda. Le FDF est né, pourtant, sur ce clivage, et c’est sur une question de cet ordre, à savoir la sixième réforme de l’Etat, que sa fédération avec le MR s’est brisée.
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