Droit à la démission, baisses d’impôts et économies dans les soins de santé: vieilles idées et nouveautés du programme 2024 du MR
Le Mouvement réformateur a adopté son programme pour les élections de 2024. La recette des libéraux pour faire mouche dans les urnes? Un mix de vieilles idées et de nouveautés.
Le PTB, dimanche 10 mars, à Bruxelles, a été le dernier parti francophone à tenir son congrès programmatique en vue des élections régionales, fédérales et européennes du 9 juin prochain. Toutes les formations du pays ont donc adopté, souvent après des mois de débats, leur programme pour le grand scrutin. Entre les propositions que les partis mettront en avant, celles sur lesquelles ils seront discrets, celles qu’ils ont abandonnées depuis les élections de 2019, et celles qu’ils viennent d’inventer pour les élections de 2024, le Vif a fait le tri dans les milliers de pages des programmes des partis.
Le programme du MR a été adopté en congrès à Marche-en-Famenne le 4 février. Le programme général 2019 du MR comptait 244 pages, celui de 2024 en dénombre 311. Ces 311 pages se distribuent en six axes (le pouvoir d’achat et l’économie; le climat, l’environnement et l’énergie; un Etat « exemplaire, efficace et qui protège »; l’enseignement; un axe intitulé « faire société »; et la politique étrangère).
Ca y était en 2019 mais ça n’y est plus en 2024 : les centrales au gaz pour sortir du nucléaire.
C’est déjà un classique du revirement politique en Belgique, et la lecture des deux programmes le confirme. Le MR de 2019 voulait « Soutenir la création de 9 centrales au gaz pour préparer la sortie du nucléaire en 2025″, celui de 2024 ne parle plus que de l’atome, partout et toujours. Le changement de doctrine du MR, puis la prolongation des réacteurs de Doel 4 et Tihange 3, sont des victoires politiques de Georges-Louis Bouchez. Le Mouvement réformateur n’a pas peur de le rappeler, d’une part en poussant l’axe « des défis économique, climatique et énergétique relevés avec optimisme et réalisme » au deuxième rang de ses thématiques privilégiées. Et, d’autre part, en plaçant, tout en haut de cet axe, trois propositions liées au nucléaire (la prolongation de « nos réacteurs », la construction de nouveaux réacteurs, et le développement du nucléaire du futur) aux trois premières positions du nécessaire en ces matières selon le MR. Et les centrales au gaz de 2019? Evaporées.
C’est au programme du MR en 2024, mais ça n’y était pas en 2019: le droit à la démission
Comme les autres partis, mais à des conditions plus strictes (le programme évoque un « droit encadré à la démission »), le MR propose d’attribuer, après dix ans de travail, et pour une durée maximum de six mois, une allocation à un salarié qui souhaiterait démissionner.
C’est au programme 2024, et le MR va en parler énormément: la mise à l’emploi et la baisse des impôts
Ceux qui veulent faire croire que le MR se droitise et s’obsède de questions identitaires et sécuritaires en seront pour leurs frais: le programme 2024 des réformateurs est d’abord et avant tout socio-économique, et leur campagne sera axée sur ces dimensions. Témoin de cette primauté, le premier axe du programme, « plus de pouvoir d’achat pour tous les travailleurs dans une économie redynamisée », n’est pas seulement le premier, il est aussi, et de loin, le plus long (une septantaine de pages) du catalogue. On y trouve tous les classiques de la doctrine économique libérale: le « bouclier fiscal » à 50% des revenus est la plus spectaculaire de toutes les baisses d’impôts, la limitation à deux ans des allocations de chômage est la moins inattendue des manières d’activer les inactifs. Les indépendants, bien entendu, sont spécialement choyés par un sous-chapitre dédié. Les thématiques sécuritaires et identitaires, réparties entre deux axes (celui sur l’Etat « exemplaire et qui protège » et « faire société ») ne sont évidemment pas absentes. Mais elles restent, comme dans les programmes réformateurs précédents, symboliquement secondaires par rapport aux préoccupations économiques. Et il n’y a même pas une seule occurrence du mot « woke » dans les 311 pages, c’est dire.
C’est au programme 2024, mais le MR ne va pas en parler beaucoup: des économies dans les soins de santé
Les libéraux, face à la dégradation des finances publiques, souhaitent notamment poser une limite à la croissance des dépenses en soins de santé, celle de la croissance de l’économie dans son ensemble. Il ne faut pas, lit-on à la page 174 du programme réformateur, que « l’augmentation des budgets puisse être supérieure à la croissance du PIB« , pour « assurer la soutenabilité financière de notre système de santé ». C’est une manière de dire que la norme de croissance des soins de santé (2,5% sous la Vivaldi) devra, comme sous le gouvernement Michel, être rabotée. Mais c’est aussi une manière de ne pas le dire trop fort. Parce qu’à gauche, et dans le secteur concerné, on appelle ça des économies…
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