Discours du 1er mai: Magnette confronte De Croo, Ecolo plaide pour la « politique de la main tendue »

Comme chaque année, la journée du 1er mai est marquée par différentes prises de parole politiques, mettant le rapport au travail au coeur des préoccupations. L’occasion pour chaque parti de réaffirmer ses valeurs. Du PTB à la N-VA, tour d’horizon des discours de ce lundi.

Ce lundi, à l’occasion du 1er mai, la majorité des présidents de parti se sont publiquement exprimés sur différentes thématiques liées à l’emploi et au travail.

Magnette rappelle De Croo à l’accord de gouvernement

Le président du PS Paul Magnette a rappelé le Premier ministre Alexander De Croo à l’accord de gouvernement, lundi à l’occasion du 1er mai, sur la limitation dans le temps des allocations de chômage.

Le chef du gouvernement fédéral avait salué la veille la proposition des socialistes flamands de Vooruit d’activer davantage les chômeurs de longue durée et de supprimer les allocations de chômage à ceux n’acceptant pas un emploi de base après deux ans sans activité. M. De Croo a dit vouloir remettre les propositions de l’Open Vld sur la table, au gouvernement, dans le cadre de la réforme fiscale.

Quand on est Premier ministre, on n’oppose pas travailleurs et sans emploi

« Quand on est Premier ministre, on n’oppose pas travailleurs et sans emploi, on se met au-dessus de la mêlée. Ce point n’est pas dans l’accord de gouvernement, donc nous n’en parlerons pas, punt aan de lijn », a répondu Paul Magnette, qui a axé son discours sur les conditions de travail, la justice fiscale et les salaires. Ce sera « la grande bagarre » de la campagne électorale, selon lui.

Le MR veut une réforme du marché du travail

Le MR et son parti-frère en Flandre, l’Open Vld, ont eux annoncé lundi qu’ils mettraient ensemble à l’agenda du gouvernement fédéral la limitation dans le temps du paiement des allocations de chômage.

« Nous sommes les seuls à avoir lié la réforme fiscale et la réforme du marché du travail« , a lancé le président des libéraux francophones, Georges-Louis Bouchez, lors de son discours prononcé à l’occasion de la fête du travail du MR organisée sur le site de Tour et Taxis à Bruxelles, où les deux partis libéraux sont dans l’opposition.

« Nous sommes les seuls à avoir lié la réforme fiscale et la réforme du marché du travail »

« Si aujourd’hui on veut baisser la fiscalité, il faut qu’il y ait plus de gens qui travaillent. Il faut aussi réformer le marché du travail et le chômage« , a-t-il résumé, présentant la vision libérale des tâches encore à accomplir par le gouvernement fédéral avant les élections générales du printemps 2024.

M. Bouchez s’en est pris à la famille socialiste – et en particulier au PS francophone, qu’il a accusé de freiner la réforme du marché du travail.  « Le PS traite cette question comme les écolos traitent le (dossier) nucléaire: ils savent qu’il faut le faire, mais ils ne le font pas pour des raisons dogmatiques et électorales« , a affirmé le président du MR à l’agence Belga à l’issue de la réunion.

M. Bouchez avait auparavant été rejoint sur scène par son homologue de l’Open Vld, Egbert Lachaert, qui a affirmé que la famille libérale « va mettre la limitation (du paiement des indemnités de chômage) à deux ans sur la table du gouvernement ».

Ecolo veut un crédit d’impôt plutôt qu’un retour forcé au travail

Ecolo ne veut pas entendre parler de la proposition de Vooruit de limiter dans le temps les allocations de chômage, a-t-il fait savoir lundi à l’occasion de la Fête du travail.

« Plutôt que la politique de la gifle, qui semble revenir à la mode, nous voulons appliquer la politique de la main tendue vers les publics les plus éloignés du travail. La pression professionnelle grandissante a pour effet de conduire un nombre toujours plus important de travailleuses et de travailleurs vers le mal-être et les maladies de longue durée. Cela ne fait que renforcer les difficultés budgétaires de la sécurité sociale », ont souligné les coprésidents Jean-Marc Nollet Rajae Maouane dans un communiqué.

« Plutôt que la politique de la gifle, qui semble revenir à la mode, nous voulons appliquer la politique de la main tendue »

L’amélioration du taux d’emploi passera aux yeux des Verts par un salaire net plus attractif qui permettra aux travailleurs, en particulier les femmes, de vivre dignement. Ecolo a proposé récemment la mise en place d’un crédit d’impôt qui permettrait une revalorisation des salaires bas et moyens allant jusqu’à 300 euros. « C’est de cette façon que nous pourrons augmenter le taux de l’emploi, avec des jobs qui font sens, correctement rémunérés », ont affirmé les coprésidents.

« Taxez les riches », insiste le PTB

Le PTB a remis en avant lundi sa proposition d’une taxe des millionnaires. A ses yeux, il est temps de briser le tabou qui entoure la fortune des milliardaires et des multinationales en Belgique.

Les communistes ont déposé au parlement une proposition de loi qui met en place cet impôt. La taxe, selon leur formule, serait de 1% sur les fortunes supérieures à un million d’euros, 2% au-dessus de 2 millions d’euros et 3% au-dessus de 3 millions d’euros. Quelque 8 milliards d’euros seraient ainsi prélevés, qui pourraient servir à financer les pensions, les soins de santé ou les services publics. 

« Dans notre pays, les milliardaires paient 0 % d’impôts sur les plus-values qu’ils font avec leurs actions. Zéro. Alors que les travailleuses et travailleurs sont taxés jusqu’à la moitié de leurs revenus. Oui, la Belgique est un enfer fiscal pour les travailleurs. Mais un paradis fiscal pour les ultra-riches et les multinationales. Un petit club de super-riches s’enrichit de plus en plus, tandis que celles et ceux qui créent la richesse, les travailleurs, ont beaucoup de mal à boucler leurs fins de mois. Et que fait le gouvernement ? Il augmente les accises sur nos factures d’énergie. C’est pourquoi nous disons avec le PTB: ça suffit. Nous disons: tax the rich! » a déclaré le président, Raoul Hedebouw, au cours d’un meeting du 1er mai organisé à Bruxelles sur la place Anneessens.

Selon le PTB, il existe une majorité en Belgique pour faire contribuer les mieux nantis de la société. « Notre taxe peut être votée dès demain« , a ajouté M. Hedebouw qui s’est notamment adressé au PS. La taxe sur les comptes-titres remise en place sous cette législature par la coalition Vivaldi n’est pas une option convaincante, estime-t-il, car les « super riches » l’évitent facilement.

Les communistes appellent à « changer le rapport de forces« , au parlement mais aussi dans la rue avec les syndicats. « Il y a évidemment sur notre chemin les libéraux comme Georges-Louis Bouchez et son Mouvement des Riches. Nous les combattrons toujours. Mais le problème c’est qu’il y a aussi les socialistes comme Paul Magnette. Ceux qui font de grandes déclarations de gauche le 1er mai, mais qui les mettent à la poubelle le 2 mai », a lancé M. Hedebouw.

La FGTB vent debout contre les atteintes au droit de grève

« Il n’y a pas de partis progressistes sans syndicats forts et il n’y a pas de syndicats forts sans liberté de faire grève. Aujourd’hui, la situation est gravissime », tant les attaques contre le droit de grève se sont multipliées, notamment dans le cadre du conflit chez Delhaize, « une entreprise qui restructure pour maximiser ses bénéfices et qui détourne sciemment la loi Renault », a asséné Thierry Bodson, le président de la FGTB, au cours de son discours du 1er mai dans les bâtiments de la CGSP à Namur.

« Il n’y a pas non plus de démocratie sans contre-pouvoir. Nous sommes le contre-pouvoir. Vous devez légiférer pour défendre le droit de faire grève, même si c’est difficile à un an des élections, parce que la grève, ce n’est pas toujours sympa », a-t-il poursuivi à l’adresse des représentants du PS présents dans la salle, dont le ministre fédéral de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne et la présidente de la Chambre, Eliane Tillieux.

« Il n’y a pas non plus de démocratie sans contre-pouvoir. Nous sommes le contre-pouvoir. »

« La manifestation du 22 mai à Bruxelles – annoncée en fin de semaine dernière par le front commun syndical – a pour but de dénoncer le dumping social chez Delhaize mais aussi de rappeler que l’on vit dans un pays où la liberté syndicale est grandement menacée« , a ajouté Thierry Bodson.

Dans sa ligne de mire, entre autres, l’attitude de la justice « qui nous envoie des requêtes unilatérales pour casser les piquets de grève, qui parle d' »attaque disproportionnée » au droit du travail et qui estime, au final, que les droits du patronat sont supérieurs aux droits sociaux, avec des travailleurs en grève désormais qualifiés d’activistes ». « Sans résistance, ça n’arrêtera jamais! », a-t-il affirmé.

Autre bête noire du syndicat: le MR « dont l’objectif est d’étouffer les syndicats et les mutuelles ». « C’est un parti conservateur, ennemi de la classe moyenne, fort avec les faibles et faible avec les forts. Il veut à tout prix cogner sur les syndicats alors que personne n’y a un salaire ou une pension de 9.600 euros par mois. Le populisme à l’intérieur de ces partis libéraux – qui tapent sur les chômeurs alors qu’il n’y en a jamais eu si peu en Belgique – est un grand danger pour la démocratie », a encore estimé le président de la FGTB.

Ce dernier a par ailleurs à nouveau plaidé pour une modification de la loi de 1996 qui fixe la norme salariale et limite dès lors les augmentations lors des négociations collectives.

« La Flandre s’en tire bien », estime la N-VA

Le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) a quant à lui vanté les mérites de la Flandre à l’occasion du 1er mai, en insistant sur le taux d’emploi et d’autres indicateurs économiques qui y sont au vert, contrairement aux deux autres Régions du pays.

Ce message se veut un contrepoids aux traditionnels discours des partis socialistes à l’occasion du 1er mai. « Je lis beaucoup d’articles de journaux avec des messages catastrophistes. Mais si on regarde la Flandre en particulier, les chiffres sont souvent bien meilleurs que ce qu’on lit. Il y a beaucoup de problèmes sociétaux auxquels nous devons nous attaquer mais cela n’empêche pas qu’il y a aussi des éléments positifs que nous devons oser voir », a-t-il déclaré.

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Le ministre-président a notamment mis en avant le taux d’emploi flamand qui a atteint un niveau record de 76,7% l’an passé. « C’est 11 points de pourcentage plus haut que la Région wallonne et la Région bruxelloise. Et aussi 2 points de plus que la moyenne européenne », a-t-il affirmé.

« L’emploi est et reste la voie la plus structurelle et durable pour sortir de la misère« , a-t-il ajouté. « Et sur ce plan aussi, la Flandre s’en tire bien. Le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en Flandre a baissé de 15 à 16% en 2010-2016 à 11,2% en 2022. C’est deux à trois plus bas que dans les Régions wallonne et bruxelloise, et aussi moitié moins que la moyenne européenne ».

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