Di Rupo à l’Europe ? Laaouej à la Région ? Les luttes au PS pour les (bonnes) places sur les listes électorales
Les élections 2024, c’est dans 9 mois. Et la lutte est déjà féroce au sein des partis pour distribuer les meilleures places sur les listes électorales : au PS, les deux gros points d’intrrogation sont les choix d’Elio Di Rupo et d’Ahmed Laaouej. Le premier ira-t-il vraiment à l’Europe ? Le second choisira-t-il la Région bruxelloise ou le fédéral ?
On ne va pas les plaindre, hein. Le métier de parlementaire est bien payé, ses horaires sont compatibles avec une vie sociale et une vie intérieure intenses. Et puis, comme il est normalement exercé avec passion, le boulot d’élu a tout du job de rêve.
Le seul problème, c’est que pour l’exercer, il faut régulièrement se faire élire, et c’est pour cela que les élections préoccupent tellement les élus qu’on les plaindrait presque. Car pour qu’un élu le devienne, et pour qu’il le reste, il doit figurer en bonne place sur les listes présentées par sa formation. C’est précisément ce qui préoccupe aujourd’hui les aspirants candidats aux élections de juin 2024. Il n’est d’ailleurs pas complètement déraisonnable d’affirmer que, pour certains sortants, notamment ceux entrés dans les parlements par la suppléance, leur vie professionnelle est en jeu. Mais on ne va pas les plaindre, hein.
C’est aussi ce sur quoi travaillent les présidents de parti, qui ont eux-mêmes à s’assurer de la bonne poursuite de leur électif destin personnel, qui passe par celui de leur parti. Celui-ci se réglera comme se règle toute chose dans toute organisation politique structurée, de haut en bas. Un parti est une pyramide inversée dont la base repose sur le sommet, et de la place des gros bras sur les listes en juin 2024 dépendra la position des plus petites mains.
En attendant, les arbitrages définitifs entre la reconduction des sortants, la promotion de nouveaux entrants et le recrutement de personnalités extérieures, attendus partout au plus tard pour le début de l’année prochaine, avec les gros bras entre eux et les petites mains à côté, ça castagne déjà pas mal à certains étages des partis francophones. Surtout que tous, sauf un, s’attendent, au mieux, à une stabilisation par rapport à leur résultat de 2019. Donc que tous, sauf un, enverront peut-être un tout petit peu plus, mais plus sûrement juste autant, ou un peu voire beaucoup moins, d’élus dans les différents parlements renouvelés le printemps prochain.
Le PS dévoilera, par binômes, ses têtes de listes électorales début décembre. Paul Magnette mènera celle de la Chambre dans le Hainaut qui, avec ses 18 députés actuels et ses 17 à partir de 2024 (Bruxelles, elle, passera de 15 à 16), est la plus grosse circonscription francophone, et la plus cruciale pour le PS, encore plus que Liège et ses quatorze sièges (la principauté en perd un au profit de Namur). Comme il sera à la Chambre, le Carolo ne pourra pas être à la Région, et ça tombe bien pour le secrétaire d’Etat Thomas Dermine, qui participera à sa première campagne comme premier candidat PS à la Région dans l’arrondissement de Charleroi-Thuin qu’aurait pu occuper son président-bourgmestre.
Comme le Hainaut est crucial au niveau des listes électorales, certains au PS souhaiteraient voir Elio Di Rupo aider en poussant la liste fédérale. Le Montois, pourtant, paraît promis à la tête de liste européenne, qui courra sur tout le territoire francophone: les nombreux «eliologues» que compte encore le parti à la rose n’ont pas manqué d’observer que, lorsqu’un scrutin se rapproche, l’actuel ministre-président wallon se déplace toujours plus fréquemment dans sa future circonscription, et qu’il allait désormais davantage à Arlon ou Liège qu’à Colfontaine ou même Mons.
Dans le centre bruxellois, c’est de la simple décision d’un Liégeois d’origine, Ahmed Laaouej, que découlera le choix de tous les autres
Dans l’orient liégeois, où tout est toujours compliqué, les rôles sont déjà répartis entre Frédéric Daerden, qui sera à la Chambre, et Christie Morreale, à la Région. Mais dans le centre bruxellois, c’est de la simple décision d’un Liégeois d’origine, Ahmed Laaouej, que découlera le choix de tous les autres. Si le chef de groupe à la Chambre et président de sa fédération l’estime rationnel, il se présentera sur la liste régionale, comme candidat ministre- président. Sinon, il conduira une dure bataille fédérale contre Zakia Khattabi et Sophie Wilmès.
Dans les deux cas, ses camarades devront s’y plier: d’abord les potentiels candidats ministres-présidents (Philippe Close, Caroline Désir, voire encore Rudi Vervoort, qui avait annoncé que non, il n’envisageait pas de poursuivre après 2024, puis que oui, tout de même), mais aussi d’autres gros bras: Karine Lalieux et Nawal Ben Hamou, Rachid Madrane et Catherine Moureaux. La mécanique des équilibres entre les femmes et les hommes et le nord et le sud, enclenchée par un homme du nord-ouest, issu de l’immigration, s’imposera alors à tous les autres.
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