Plus de « cabinettards » en Wallonie qu’en Flandre: comment Elio Di Rupo justifie cette différence

Le ministre-président wallon s’est exprimé ce lundi au micro de Bel RTL afin de présenter le déploiement de la 5G en Wallonie, et en a profité pour exprimer son opinion sur la différence du nombre de « cabinettards » entre la Wallonie et la Flandre.

Depuis plusieurs années, le Gerfa, le groupe d’étude et de réforme de la fonction administrative, appelle à réduire le nombre de personnes travaillant dans les cabinets des ministres bruxellois, wallons et flamands. Il y a quelques jours, la DH a contacté l’organisation afin de déterminer de combien de cabinettards sont concernés. Selon les conclusions de leur enquête, en regroupant les travailleurs collaborant avec les huit ministres wallons, 470 personnes travailleraient dans les cabinets, soit 58 personnes par ministre. Pour les cinq ministres du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le nombre s’élève à 254 travailleurs. En Flandre, les chiffres, toujours cités par la DH, sont bien moindres puisque « seulement » 219 cabinettards travailleraient pour 9 ministres. Une différence qui pourrait surprendre étant donné que le gouvernement flamand s’occupe de 6,5 millions d’administrés, contre 3,6 millions en Wallonie.

Des chiffres qui ne sont cependant pas directement comparables, selon le porte-parole du cabinet d’Elio Di Rupo, Sylvain Jonckheere. Il nous précise que les chiffres pour la Wallonie comprennent l’ensemble des collaborateurs des cabinets (y compris chauffeurs, personnel d’entretien…), tandis que les chiffres pour la Flandre comprennent uniquement les conseillers politiques et ne prennent pas en compte les temps partiels.

En plus du coût financier que cela provoque, cela interroge également sur l’utilité de certains travailleurs dans les cabinets des ministres wallons. Interrogé par Antonio Solimando sur Bel RTL ce lundi matin, le ministre-président wallon Elio Di Rupo, qui est donc en charge de l’exécutif wallon, renvoie la balle à un système qui serait imparfait. « Dans notre administration wallonne, je l’ai déjà dit à de maintes reprises mais on ne parvient pas à dépasser ce système, il y a véritablement un travail en silo. La secrétaire générale n’a pas autorité hiérarchique sur les directeurs généraux. Ça pose un problème assez sérieux », a-t-il d’abord indiqué.

Mais Elio Di Rupo a également souhaité soutenir le travail fourni par ces cabinettards, dont la fonction serait minimisée notamment par un surnom péjoratif. « Si les ministres n’étaient pas en capacité d’apporter des réponses concrètes, convenables et sans erreurs pour nos concitoyens, nous serions critiqués. (…) Chez nous, nous avons besoin de cabinets car on veut que le travail des ministres soit un travail convenable. Et je voudrais qu’on cesse de considérer que les membres de cabinets sont simplement des personnes qu’on appelle cabinettards. C’est absolument irrévérencieux. Ce sont des experts, des gens de grande qualité, parmi les meilleurs qui existent pour le moment, et on doit les respecter. Je les remercie et heureusement que nous les avons. »

Le système néerlandais : un système à suivre ?

Le sujet des personnes travaillant dans les cabinets des ministres est sur la table depuis quelques temps déjà. En mars 2021, le chef de groupe PTB pour le Parlement wallon Germain Mugemangango avait déjà interrogé le ministre-président sur la question. Selon lui, ce système de collaborateurs des ministres pourrait être amélioré en s’inspirant notamment des Pays-Bas.  « Si l’on va un peu plus loin, on voit que par exemple, dans un pays comme les Pays-Bas, on parle de trois collaborateurs par ministre. Comment peut-on justifier une telle différence ? Cette différence a un coût. Il faut savoir que le nombre de collaborateurs au niveau wallon nous coûte annuellement 25 millions d’euros. Ce n’est pas une petite somme », avait déclaré Germain Mugemangango lors de sa question ouverte.

Elio Di Rupo avait alors répondu qu’il n’était pas forcément approprié de comparer les Pays-Bas et la Belgique puisque c’est un système totalement différent rien qu’au niveau de la langue avant d’ajouter : « Pourquoi a-t-on des collaboratrices et des collaborateurs ? Parce que les questions sont innombrables, et c’est vrai qu’en particulier en Wallonie, on doit sortir de la situation que nous connaissons, on doit être beaucoup plus proactifs. (…) Je ne partage pas votre opinion quand vous faites le calcul en disant : ‘Cela coûte autant, avec cet argent on pourrait faire autre chose.’ Oui, c’est vrai, mais ce sont des gens qui travaillent, qui travaillent d’arrache-pied, au service de la collectivité. Je ne vois, à ce titre, aucun scandale, ce sont des gens qui travaillent. »

Un argument qui n’avait et n’a toujours pas convaincu le chef du groupe PTB puisque, d’après l’article publié dans la DH, il compte déposer des résolutions au Parlement wallon demandant de suivre ce système néerlandais.

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