Des électeurs très jeunes et plutôt optimistes: les forces et les faiblesses d’Ecolo
Quels électeurs potentiels Ecolo pourrait-il convaincre d’ici les élections du 9 juin? Le sondage Kantar-Le Vif donne des informations très précises à ce sujet. Voici les forces et les faiblesses d’Ecolo.
Selon le sondage réalisé par Kantar pour Le Vif, Ecolo récolterait, si le scrutin fédéral avait lieu aujourd’hui, 13,8% des suffrages en Wallonie et 19,5% à Bruxelles. Le résultat bruxellois est à prendre avec encore plus de pincettes que les autres, car le pouls de cette grande métropole qu’est la capitale est traditionnellement difficile à prendre. Qu’Ecolo obtienne le même résultat le 9 juin, et il perdra quelques plumes par rapport à mai 2019 dans les circonscriptions fédérales wallonnes (de 14,9% à 13,8%) et bruxelloise ( de 21,6% à 19,5%). Ils y perdraient trois sièges à la Chambre, passant de 13 à 10 sièges. Cela représenterait une défaite, alors que les verts sont dans les gouvernements au fédéral et dans les entités fédérées, mais le reflux serait moins brutal qu’en 2003-2004 et 2014, après leurs précédentes participations à des majorités. Les écologistes sont représentent le troisième parti le plus détesté, puisqu’ils leur formation est cochée par 26,5% des sondés en réponse à la question « Pour quel(s) parti(s) ne pourriez-vous absolument pas voter? ».
Qui sont les électeurs d’Ecolo?
Les forces et faiblesses d’Ecolo sont bien connues sur le plan sociodémographique. Les sondés qui manifestent leur préférence pour Ecolo sont plutôt jeunes. Les verts sont en effet le premier parti francophone parmi les sondés de 18 à 24 ans (avec 11% de tout l’échantillon belge) et 8,8% chez les 25-34 ans. 18,3% de ceux qui annoncent vouloir voter pour ce parti sont âgés de 18 à 24 ans, et 24,7% de 25 à 34 buts. Aucun autre parti n’est aussi populaire parmi les plus jeunes électeurs. Mais la moisson écologiste à l’autre bout de la pyramide des âges, chez les plus âgés, est particulièrement légère. En effet, seuls 10,6% de son électorat est âgé de 55 à 64 ans, et 14,4% de plus de 65 ans, et c’est beaucoup moins qu’absolument tous les partis francophones. Et Ecolo ne séduit que 2,4% des plus de 65 ans, taux le plus bas de Belgique francophone. L’électorat écologiste est également le plus diplômé de Belgique francophone, puisque 8% de tout l’échantillon belge porteur d’un diplôme de l’enseignement supérieur dit vouloir voter Ecolo. A l’inverse les électeurs qui ne disposent que d’un diplôme de l’école primaire ne sont en Belgique que 2,1% à porter leur choix sur les écologistes francophones.
Avec respectivement 14,1% et 12,4% qui choisissent les valeurs 9 et 10, soit les deux plus hautes, comme réponse à la question « dans quelle mesure êtes-vous certain de voter pour ce parti en juin? », les électeurs écologistes sont moins certains de leur choix prochain de leur choix prochain que ceux des autres partis francophones. En revanche, aucun parti ne compte autant d’électeurs qui cochent les cases 6 (19,9%) ou 7 (21%), ce qui indique que parmi ses électeurs les certitudes sont relativement peu établies.
Le thème qui préoccupe le plus, et de très très loin, les électeurs écologistes est le climat et l’environnement, avec 29,2% des sondés écologistes qui plébiscitent cette thématique. De toute l’enquête Kantar Le Vif, c’est le deuxième « match » le plus puissant: seuls les 40% d’électeurs du Vlaams Belang qui choisiront ce parti parce qu’il se préoccupe, comme eux, de l’immigration, sont plus unanimes. En conséquence, les électeurs écologistes que tracasse la question du pouvoir d’achat sont moins nombreux que ceux des autres formations (11,3%). Aucun électorat ne se préoccupe tant de lutte contre le racisme que celui d’Ecolo, avec 7,7% de ses électeurs qui évoquent cette thématique.
Avec 34,8% d’électeurs se disant plutôt ou très satisfait du gouvernement De Croo, Ecolo est le parti le moins enthousiaste, parmi les formations de la majorité, envers la Vivaldi. Mais de manière générale, les électeurs écologistes sont moins insatisfaits des institutions que ceux des autres partis. Ils ne sont que 23,4% à se dire plutôt ou très insatisfaits du gouvernement De Croo, contre 38,9% dans l’ensemble de la population. Ils ne sont que 19,5% à se dire plutôt ou très insatisfaits de leur gouvernement régional, contre 38,8% dans l’ensemble de la population. Ils ne sont que 17,3% à se dire plutôt ou très insatisfaits de leur administration communale, contre 23,8% dans l’ensemble de la population. Ils ne sont que 20,5% à se dire plutôt ou très insatisfaits de la commission européenne, contre 37,3% dans l’ensemble de la population. Ils ne sont que 47,9% à se dire plutôt ou très insatisfaits vis-à-vis des partis politiques, contre 53,1% dans l’ensemble de la population. Et ils ne sont que 29,4% à se dire plutôt ou très insatisfaits des médias, contre 35,5% dans l’ensemble de la population.
A qui Ecolo peut-il aller chercher des voix?
Fort de ces forces et de ces faiblesses, Ecolo compte un électorat potentiel brut, c’est-à-dire la masse des sondés qui pourraient envisager de voter un jour pour ce parti, de 33,4% en Wallonie et de 42,9% à Bruxelles. L’électorat potentiel net d’Ecolo, c’est la différence entre, en Wallonie, ces 33,4% et les 13,8% qui disent qu’ils voteraient Ecolo si les élections fédérales avaient lieu aujourd’hui. Cet électorat potentiel net sera la cible principale de toutes les actions posées par des candidats écologistes jusqu’au 9 juin prochain. Il est très révélateur à cet égard d’observer que, parmi les sondés qui pourraient envisager de voter pour Ecolo, 22,9% pourraient éventuellement voter pour le PTB et 24,5% pour le PS, mais ils sont aussi 17,4% à pouvoir éventuellement voter pour le MR et 19,5 pour les Engagés. Et, dans l’autre sens, 33,8% des électeurs potentiels du PS, 23,4% des électeurs potentiels du PTB, 15,3% des électeurs potentiels du MR et 12,8% des électeurs potentiels des Engagés pourraient envisager de voter pour Ecolo.
Dans cet électorat potentiel net d’Ecolo, les sondés sont moins nombreux que la moyenne à vouloir que les chômeurs soient exclus après deux années d’allocations, à vouloir construire de nouvelles centrales nucléaires, et à estimer que la situation budgétaire à Bruxelles et en Wallonie est une menace pour le pays. En revanche, les électeurs potentiels nets d’Ecolo sont, par rapport à ceux des autres partis, beaucoup plus favorables à une reconduction de la Vivaldi (41% contre une moyenne de 28,4% pour l’ensemble de l’échantillon). Et aucun électorat potentiel net n’est plus hostile à la proposition de « donner une chance de gouverner au Vlaams Belang« …
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici