Des électeurs âgés et tentés par Ecolo et le PTB: les forces et les faiblesses du PS
Quels électeurs potentiels le PS pourrait-il convaincre d’ici les élections du 9 juin? Le sondage Kantar-Le Vif donne des informations très précises à ce sujet. Voici les forces et les faiblesses du PS.
Les électeurs du PS sont moins nombreux que jamais en Belgique francophone. Selon le sondage réalisé par Kantar pour Le Vif, le PS récolterait, si le scrutin fédéral avait lieu aujourd’hui, 24,3% des suffrages en Wallonie et 14,8% à Bruxelles. Le résultat bruxellois est à prendre avec encore plus de pincettes que les autres, car le pouls de cette grande métropole qu’est la capitale est traditionnellement difficile à estimer. Que les socialistes obtiennent le même résultat le 9 juin, et ils feront encore pire que leur catastrophique performance de mai 2019 dans les circonscriptions fédérales wallonnes (de 26,1% à 24,3%) et bruxelloise (de 20% à 14,8%). C’était alors le plus mauvais résultat socialiste depuis l’introduction du suffrage universel masculin en 1919. Le PS en perdrait quatre députés à la Chambre, y passant de vingt (19 depuis qu’Emir Kir siège comme indépendant) à seize sièges. Cela serait, très justement, considéré comme une énorme déculottée pour le plus grand parti francophone. En dehors de l’électorat socialiste, le PS, malgré ces déprimantes données pour le plus optimiste des socialistes, n’est pas le parti que les francophones détestent le plus, puisqu’il n’est pas la formation la plus cochée en réponse à la question « Pour quel(s) parti(s) ne pourriez-vous absolument pas voter?« . Avec 25,9%, le PS se trouve moins détesté que le PTB (29,8%), le MR (27,6%) et Ecolo (26,5%).
Qui sont les électeurs du PS?
Les sondés qui manifestent leur préférence pour le PS sont relativement âgés. En effet, 29,1% de ceux qui annoncent vouloir voter pour ce parti au fédéral ont plus de 65 ans, soit la plus haute proportion à l’exception des Engagés, tandis que son électorat ne compte que 8,2% de 18-24 ans. 27% de ses électeurs sont porteurs d’un diplôme de l’enseignement supérieur, ce qui en fait la base sociale la moins diplômée de tous les partis francophones, et même de Belgique, si l’on excepte l’électorat du Vlaams Belang. L’électorat socialiste est également, proportionnellement, celui où les électeurs ne disposant que d’un diplôme de l’enseignement primaire ou du secondaire inférieur sont les plus nombreux, puisqu’ils sont 28,7% à être diplômés de ce niveau, soit davantage que dans toutes les autres formations francophones et flamandes.
Avec respectivement 19,6% et 9,5% qui choisissent les valeurs 9 et 10, soit les deux plus hautes, comme réponse à la question « dans quelle mesure êtes-vous certain de voter pour ce parti en juin?« , l’électorat socialiste est dans la moyenne basse de certitude quant à leur choix prochain. Mais les électeurs « ventre mou », soit ceux qui cochent les valeurs 6 ou 7, sont 38%, ce qui est beaucoup plus que dans les autres électorats.
Le thème qui préoccupe le plus les électeurs socialistes, bien plus que dans tous les autres partis belges, est le pouvoir d’achat (27,8%). Les deux autres thématiques cochées par l’électorat socialiste témoignent elles aussi d’une inclination presque unanimement socio-économique, puisqu’il s’agit respectivement de la pauvreté et des inégalités (à 13,9%) et de la Sécurité sociale (9,7%).
Le PS était, au cours de cette législature, dans les gouvernements à tous les niveaux de pouvoir. Mais ses électeurs sont un peu moins satisfaits du gouvernement fédéral que les deux autres partis francophones de la Vivaldi: ils sont 35% à s’en dire plutôt ou tout à fait satisfaits, alors que les électeurs écologistes et réformateurs sont plus de 40% dans ce cas.
Par rapport aux autres institutions, l’électorat socialiste est plutôt légitimiste. Ils sont 25,7% à être très satisfaits ou plutôt satisfaits de leur gouvernement régional, ce qui est moins que les écologistes mais plus que les réformateurs. Ils sont 54% à être très satisfaits ou plutôt satisfaits de leur administration communale, ce qui est également moins que les écologistes mais plus que les réformateurs. Ils sont 32,5% à être plutôt ou très satisfaits de la Commission européenne, ce qui est tout aussi également moins que les écologistes mais plus que les réformateurs. Mais avec 22,7%, de plutôt ou de très satisfaits, ils sont les électeurs francophones les moins hostiles envers les partis politiques, tout comme, à 44,8%, envers les tribunaux.
A qui le PS peut-il aller chercher des voix?
L’électorat potentiel brut du PS, c’est-à-dire la masse des sondés qui pourraient un jour envisager de voter pour ce parti, est de 44,1% en Wallonie, et de 42,6% à Bruxelles. L’électorat potentiel net du PS, c’est la différence entre, en Wallonie, ces 44,1% et les 24,3% qui disent qu’ils voteraient socialiste si les élections fédérales avaient lieu aujourd’hui. Cet électorat socialiste potentiel net sera la cible principale de toutes les actions posées par des candidats socialistes jusqu’au 9 juin prochain. Il est très révélateur à cet égard d’observer que, parmi les sondés qui pourraient envisager de voter socialiste, 35,7% pourraient éventuellement voter pour le PTB et 34,4% pour Ecolo. Et dans l’autre sens, 28,7% des électeurs potentiels du PTB, 24,5% de ceux d’Ecolo et 14,8 de ceux des Engagés pourraient envisager de voter pour le PS.
Intéressant, quoique peu significatif: dans cet électorat potentiel net du PS, c’est l’immigration qui revient comme la thématique qu’ils considèrent comme la plus importante au moment de choisir leur parti, avec 9,5% de répondants. La deuxième thématique la plus citée dans l’électorat potentiel net du PS est le climat et l’environnement, avec 7,4%. Le pouvoir d’achat, plébiscité par les francophones en général et les socialistes en particulier, n’arrive que troisième parmi l’électorat potentiel net socialiste.
Le président du Parti socialiste et bourgmestre de Charleroi Paul Magnette est une personnalité populaire en Wallonie et à Bruxelles. Lorsque l’on demande aux Wallons quelle est la personnalité politique qui les représente le mieux, en laissant les réponses ouvertes, c’est-à-dire sans leur proposer de nom, c’est Paul Magnette qui revient le plus souvent, avec un pourcentage qui n’est toutefois pas formidable (9,2%). En comparaison, près de 15% des Flamands répondent par Bart De Wever à cette question. Avec 11,3%, Paul Magnette devance même, chez les Wallons, Sophie Wilmès (avec 10%) en tant que personnalité qu’ils voudraient voir devenir Premier ministre. Le bourgmestre de Charleroi est toutefois moins populaire à Bruxelles qu’en Wallonie, puisqu’il n’est que le cinquième cité (avec 3,7%, après, dans l’ordre, Alexander De Croo, Raoul Hedebouw, Georges-Louis Bouchez et Sophie Wilmès) en réponse à la question de la représentation et le troisième (avec 5,2%, après, dans l’ordre, Alexander De Coo et Sophie Wilmès) en réponse à la question de leur Premier ministre souhaité.
Ce sondage a été commandé à l’institut Kantar par Le Vif, Knack, Trends, Trends-Tendances, De Zondag, De Krant van West-Vlaanderen et Canal Z. Il a été réalisé en ligne auprès de 2 681 Belges âgés de 18 ans et plus. Il concerne 1 077 Flamands, 1 004 Wallons et 600 Bruxellois. La marge d’erreur maximale est de 3,1 % en Flandre, 3,1 % en Wallonie et 4 % à Bruxelles.
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