DéFi, la vie en rose avec Michel Claise? « Mes étudiants ne connaissent pas ce parti »
L’ancien magistrat et juge d’instruction Michel Claise, devenu une figure médiatique avec le Qatargate, sera 3e sur la liste fédérale de DéFi à Bruxelles. Il rejoint un parti qui se tasse dans la capitale, et a du mal à exister en Wallonie. Les politologues Caroline Sägesser (Crisp) et Pascal Delwit (ULB) s’accordent: le futur n’est pas rose pour les amarantes.
Quand il me prend dans ses bras, qu’il me parle tout bas, je vois la vie en rose ». Ce 9 janvier, les paroles d’Edith Piaf résonnaient peut-être dans la tête de François De Smet et Sophie Rohonyi. Lors d’une conférence de presse, les deux élus DéFi à la Chambre ont officialisé une rumeur qui courait depuis des mois dans les couloirs de la Chambre. L’ancien juge d’instruction Michel Claise, rendu célèbre par le Qatargate, occupera la 3e place de la liste fédérale du parti à Bruxelles pour les élections à venir.
Michel Claise, retraité depuis ce 1er janvier, est candidat à « une place de combat ». En effet, l’ex-juge devra batailler dur pour espérer obtenir un siège au Parlement fédéral après les élections. Et rien ne dit que DéFi conservera les deux sièges durement acquis lors du dernier scrutin. « La véritable place de combat pourrait être celle de Sophie Rohonyi », analyse Caroline Sägesser, politologue au sein du Centre de recherche et d’information socio-politique (Crisp).
Pour DéFi, les sondages ne sont pas bons
Que disent les sondages ? D’après les résultats du dernier Grand Baromètre, le parti recueille 9,1% des voix dans son fief bruxellois, et 3,9% en Wallonie. « Ils ne scorent pas comme ils le voudraient dans la capitale. DéFi se tasse, après un résultat décevant en 2019″, pointe le politologue Pascal Delwit (ULB). « À Bruxelles, les militants historiques du FDF qui défendaient les droits des francophones ne se reconnaissent plus forcément dans l’ADN du parti. Il y a un problème de renouvellement », juge de son côté Caroline Sägesser.
Les perspectives ne sont pas bonnes pour DéFi, qui a du mal à s’implanter en Wallonie. Un développement au sud du pays rendu d’autant plus difficile par la progression des Engagés, autre challenger du centre de l’échiquier politique. Conscients de leur proximité, les deux partis avaient, pendant 2 ans, tenté de former un cartel. Sans succès.
« La présidence de François De Smet n’a rien apporté de plus que celle d’Olivier Maingain »
Pascal Delwit, politologue à l’ULB
« DéFi est mal payé de ses efforts »
Au cours de cette législature, le parti démocrate-fédéraliste-indépendant était dans l’opposition partout, sauf à Bruxelles. « Sophie Rohonyi et François De Smet ont mené une opposition constructive à la Chambre, mais ils sont mal payés de leurs efforts », estime Caroline Sägesser. « Les deux élus n’ont pas amené de grands chantiers sur la table », cingle Pascal Delwit.
Dans la capitale, les amarantes ont pu exercer le pouvoir. Au niveau régional, d’abord, via Bernard Clerfayt, ministre de l’Emploi. « Le problème, c’est que la participation à un gouvernement régional ne rapporte rien« , synthétise celui qui enseigne à l’ULB. Au niveau communal, ensuite, DéFi possède 3 maïorats sous cette législature. « Mais les bourgmestres ont opéré en marge de la direction du parti, continue Pascal Delwit. La présidence de François De Smet n’a rien apporté de plus que celle d’Olivier Maingain ».
Un renouvellement urgent pour le parti des vieux électeurs
Audible sur les questions de laïcité, de neutralité et de nucléaire, DéFi éprouve tout de même du mal à exister. « La laïcité est devenue leur cheval de bataille, mais le MR s’est également positionné sur cette question », explique Caroline Sägesser. Qui cite deux défaites des amarantes à Bruxelles: la mise au frigo de l’abattage rituel sans étourdissement et le dossier de la neutralité de la Stib.
« Le positionnement très crispé de Sophie Rohonyi et François De Smet sur l’abattage rituel et la neutralité empêche DéFi d’attirer les jeunes« , indique Pascal Delwit. « Rien n’a été fait pour attirer les jeunes, alors qu’en 2019 les amarantes possédaient l’électorat le plus vieux ». Le chercheur se montre encore plus sévère : « Mes étudiants ne connaissent pratiquement pas DéFi. Le parti doit absolument réfléchir à ce qui fait son identité, et qui pourrait le distinguer aux yeux des électeurs ».
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