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Coulisses: pourquoi Georges-Louis Bouchez a finalement renoncé à devenir ministre
Georges-Louis Bouchez a préféré rester à la présidence du MR, alors qu’il était prévu qu’il siège, comme ministre de l’Intérieur, au sein du gouvernement De Wever.
Ce n’est peut-être pas toujours fait exprès, mais en tout cas c’est toujours très réussi. Le 3 février devait être le grand jour de Bart De Wever à la N-VA et au Palais, et des nouveaux ministres MR chez les libéraux francophones, et des autres ministres dans les autres partis, avec leur prestation de serment. Mais Georges-Louis Bouchez a tellement traîné qu’il a focalisé, comme à chaque désignation ministérielle depuis qu’il dirige le MR, toute l’attention médiatique. Ce lundi-là, à 7h58, il interrompt, par téléphone, l’interview de Maxime Prévot, nouveau ministre des Affaires étrangères, sur La Première (RTBF), pour annoncer qu’il ne sera pas ministre. A 6h30, juste un peu plus tôt, il a sorti Bernard Quintin de sa douche pour l’avertir que son intérim aux Affaires étrangères se transformait en CDD à l’Intérieur. Et il a prévenu Bart De Wever qu’il ne serait finalement pas son vice-Premier ministre, ni son ministre de l’Intérieur. Contrairement donc à ce que le Montois avait répété à longueur d’interviews, et à ce qu’il avait convenu avec ses camarades de l’Ecole royale militaire, qui l’attendaient à l’Intérieur. Qui l’y invitaient, même, puisque Bart De Wever a déclaré avoir refusé, samedi soir, alors que les cinq présidents de l’Arizona se distribuaient les ministères, de prendre cette compétence régalienne, pour la laisser au MR, précisément, implicitement mais de manière fort suggérée, à son président. Et alors que le fidèle Jan Jambon s’y serait bien vu. Un autre échange interprésidentiel, lui, devrait être suivi d’effets réels, puisque Maxime Prévot a cédé au MR la présidence de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) en échange de celle du Sénat, attribuée à l’ancien recteur de l’UCLouvain, et désormais député régional Les Engagés.
C’était un geste adressé par le président de la N-VA à son homologue réformateur, pour qui la fin des négociations n’avait pas été des plus agréables. D’ultimes pressions lui avaient fait concéder une préservation de l’indexation automatique des salaires qu’il n’a jamais explicitement remise en cause, mais qu’un ballon d’essai de Vooruit avait subitement rendue nécessaire à sauver, mais aussi celle des allocations sociales et, surtout, une taxation des plus-values aussi haute (10%) que celle à laquelle Georges-Louis Bouchez s’était opposé en août 2024, lorsqu’il fit démissionner Bart De Wever de sa première mission de formateur.
Bart De Wever croyait retendre une main amicale. Le presque ministre de l’Intérieur, en réponse, a fait ce qu’il a promis qu’il ne ferait pas.
La dernière seconde
Le nouveau Premier ministre croyait retendre une main amicale. Le presque ministre de l’Intérieur, en réponse, a fait ce qu’il a promis qu’il ne ferait pas. Pour une raison fort simple qu’une conférence de presse organisée lundi à 11 heures au MR, et couvrant le bruit des prestations de serment et des passations de pouvoir, a exposée: Georges-Louis Bouchez n’a pas voulu lâcher sa présidence chérie. Il n’aurait pas pu cumuler, Sophie Wilmès et quelques autres, qui pèsent encore même s’ils pèseront toujours moins, Adrien Dolimont, aussi, l’en ont publiquement et en privé découragé, avant dimanche à partir de 15 heures, mais aussi après. Car si, à la conférence de presse, il a dit qu’il n’avait commencé à y penser que le dimanche à 15 heures, il en parlait pourtant depuis des semaines. Il a proposé, avant, à son ami David Leisterh de l’installer comme délégué à la présidence, ou comme président-délégué, mais le Boitsfortois a refusé et ceux qui comptent encore ne l’auraient pas accepté. Puis après 15 heures, dimanche, il a envisagé de lui proposer l’Interieur, mais celui-ci aurait refusé, alors Georges-Louis Bouchez a dit qu’il avait encore hésité un peu, quand bien même tous les journaux faisaient des gros titres pour installer l’unilingue le plus apprécié de Flandre en premier flic de Belgique. Et comme il a préféré attendre la dernière minute pour arrêter d’hésiter, il a appelé Bernard Quintin très tôt lundi, à qui il avait auparavant promis la prestigieuse ambassade belge à Washington avant de la faire attribuer à l’ancien chef de cabinet de Charles Michel, puis de lui offrir les Affaires étrangères comme une fort honorifique compensation. Un Bruxellois seul pouvait hériter, au terme matinal de son hésitation, de sa préférence pour le bleu libéral sur le bleu policier: il fallait être au palais à 9 heures précises. Bernard Quintin serait donc celui-là, les autres Bruxellois envisageables s’étant prononcés contre la fusion des six zones de polices régionales imposée par l’accord de gouvernement fédéral.
Les nouveaux ministres qui venaient de plus loin, Mathieu Bihet, parti de Neupré pour prêter serment à l’Energie, et David Clarinval, quittant Bièvre pour l’Economie et l’Emploi, avaient, eux, été avertis la veille. Car il faut toujours un peu s’organiser, même quand on décide à la dernière seconde.
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