Meryame Kitir
Meryame Kitir © Belga

Congé de Meryame Kitir: « Il est ironique que son bien-être mental passe avant tout »

Peter Casteels Journaliste freelance pour Knack

La situation chaotique au cabinet de la ministre de la Coopération Meryame Kitir (Vooruit) expliquerait sa mise en congé. Un psychologue doit aider les membres de son cabinet à digérer les événements de ces derniers mois.

Une dizaine de collaborateurs ont déjà quitté le cabinet ou sont en burn-out. Le président de Vooruit, Conner Rousseau, aurait reçu à plusieurs reprises des signaux négatifs sur l’ambiance régnant au sein du cabinet. Il a mené un certain nombre d’entretiens qui ont débouché sur le constat qu’il était préférable que l’élue limbourgeoise se mette en retrait de ses fonctions et prenne le temps de se reposer. Mais il n’est pas question de la pousser vers la sortie, précisait-on à bonne source.

Depuis sa prise de fonction à l’automne 2020, le taux de rotation du personnel est spectaculaire. La ministre était en quête de son cinquième porte-parole, après que quatre soient déjà partis. Rien que depuis le mois de janvier de cette année, plus de dix membres du personnel sont partis, ont été licenciés ou ont abandonné pour cause de burn-out.

« Il est ironique qu’aujourd’hui, son bien-être mental passe avant tout, alors que celui des membres de son personnel ne semble guère l’intéresser », déclare l’une des personnes interrogées par notre confrère de Knack. Ces relations tendues au sein du cabinet ont évidemment aussi entravé le fonctionnement politique du ministre.

La « ministre touchait mentalement ses limites et cela avait des conséquences sur le fonctionnement de son cabinet », a-t-on ajouté. Une enquête sur le bien-être au travail au sein du cabinet sera menée et les collaborateurs qui le souhaitent pourront se confier à un psychologue.

Un profil de rêve

Meryame Kitir possède pourtant un profil de rêve pour une femme politique. Ouvrière chez Ford Genk issue de l’immigration, elle entre au Parlement en 2007. En 2015, elle devient cheffe de groupe parlementaire et mène l’opposition contre le gouvernement Michel. Bien qu’elle ne se soit jamais vraiment imposée en tant que cheffe de l’opposition, Conner Rousseau la choisit comme deuxième ministre du Progrès dans le gouvernement De Croo après les élections de 2019, en 2020.

La Coopération et la Politique des Grandes villes étaient également les compétences qui restaient, car Rousseau avait déjà dû batailler pour décrocher la Santé publique et les Affaires sociales pour Frank Vandenbroucke. Kitir avait peu d’expérience dans ces domaines, et elle n’a jamais réussi à clairement faire une différence. L’une des raisons souvent citées pour expliquer l’inaptitude de la ministre à ce poste est qu’elle ne parle pas français, un sérieux handicap dans les milieux diplomatiques.

Elle n’a pas non plus réussi à rester sous les projecteurs des médias, alors que son collègue de parti Vandenbroucke, notamment pendant la crise du Covid, n’a jamais eu à se plaindre de leur attention.

Tout cela causait de la frustration, et rendait Meryame Kitir peu sûre d’elle. C’est cette insécurité qui, dans une multitude d’interprétations de ce qui se passait dans son cabinet, l’a conduite au comportement qui a poussé son personnel au désespoir. Kitir aime se considérer comme un modèle, et avec ses antécédents, elle en était certainement un, mais en tant que ministre, elle n’était pas à sa place. L’avenir nous dira si elle a une seconde chance.

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