Revenu: pourquoi les habitants des villes sont moins riches qu’avant (infographies)
En vingt ans, le revenu des ménages a progressé de manière bien différente selon la commune de résidence. Les habitants des moyennes et grandes villes sont presque tous moins riches qu’avant.
En vingt ans, l’indice du revenu médian a baissé dans 64% des communes d’au moins 25 000 habitants. Autrement dit, leur population y serait globalement moins riche qu’avant. Si l’on exclut le profil atypique d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, dont la population estudiantine combinée à la forte hausse de la part des 65 ans et plus (+ 72% en vingt ans, un record) affectent le revenu médian, les villes de Verviers, Liège, Châtelet, Seraing et Namur occupent le bas du classement. En élargissant le spectre à des communes un peu moins peuplées, il apparaît que des pôles comme Dinant, Huy, Spa et Chimay subissent aussi un décrochage conséquent comparé à la moyenne wallonne. A l’inverse, la trajectoire est plus favorable dans des villes comme Arlon, Sambreville, Oupeye, Tubize et Ath.
«Depuis plusieurs décennies, on constate que bon nombre de jeunes ménages actifs, en quête d’une maison avec jardin, quittent les grandes villes pour s’installer dans une commune de la périphérie, décode Yves Hanin, professeur à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale et d’urbanisme de l’UCLouvain. Certains s’en éloignent même davantage, en fonction des prix de l’immobilier. Ce phénomène tend toutefois à ralentir ces dernières années.» Comme le soulignait une étude de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps), publiée en 2016, «on constate également un déficit pour les personnes âgées qui ne privilégieraient pas certaines grandes villes comme lieu de résidence pour leurs vieux jours». Ainsi, alors que la part de la population âgée de 65 ans et plus dans la population a crû de 12,5% en Wallonie entre 2000 et 2020, elle a diminué dans le même temps de plus de 10% à Liège. Le vieillissement de la population entraîne le plus souvent une érosion du revenu net imposable. D’autant que les revenus du patrimoine sont mal mesurés dans les déclarations, précise François Ghesquière, chargé de recherches à l’Iweps.
En vingt ans, il apparaît en effet que bon nombre d’entités situées en périphérie des grandes villes attirent de plus en plus de ménages aux revenus plus élevés que la moyenne: autour de Namur (La Bruyère, Eghezée, Floreffe, Fernelmont…), de Charleroi (Sombreffe, Sambreville, Ham-sur-Heure-Nalinnes…), au nord-est de Liège (Blégny, Visé, Dalhem) ou encore au nord de Mons (Saint-Ghislain, Lens, Jurbise, Bernissart, Chièvres…). Il serait toutefois réducteur de considérer que la périurbanisation traduit forcément une attractivité plus grande des communes concernées, par exemple sur le plan des services, puisque les prix de l’immobilier guident particulièrement le choix de s’installer dans une commune plutôt qu’une autre.
Comment lire les tableaux ci-dessus ?
Le revenu net imposable médian par déclaration comprend les revenus imposables au titre d’une profession, les revenus de remplacement, les pensions, les dividendes, le revenu cadastral, les revenus immobiliers nets et les rentes alimentaires. Les déclarations avec revenus imposables nuls ne sont pas prises en compte dans le calcul du revenu médian. «Certains revenus ne sont pas, ou mal, pris en compte dans la déclaration d’impôt – parce que partiellement, forfaitairement ou pas déclarés, précise l’Iweps. Cela concerne notamment les revenus du patrimoine (plus importants pour les hauts revenus), les salaires des fonctionnaires internationaux, les revenus d’intégration et les allocations familiales.» Les salaires des travailleurs frontaliers sortants sont en revanche inclus dans les chiffres.
L’indice du revenu médian par déclaration donne un aperçu de la richesse globale des habitants d’une commune par rapport à la moyenne wallonne, en 2000 et en 2020. Plus la valeur de l’indice est élevée, plus les habitants sont globalement plus riches que la moyenne, et inversement.
La progression du revenu médian de 2000 à 2020 (années des revenus et non des déclarations) permet de voir dans quelle proportion ce revenu a évolué. Une progression de 100% dans une commune signifie que le revenu médian y est deux fois plus élevé qu’en 2000.
La croissance réelle du revenu médian neutralise la progression du revenu médian qui est due à l’inflation. Si la valeur est négative, le revenu médian a progressé moins vite que la hausse des prix à la consommation entre 2000 et 2020, et inversement.
Les données présentées ont été affinées en tenant compte des remarques avisées de Philippe Defeyt (directeur de l’IDD), François Ghesquière (chargé de recherches à l’Iweps), François Maniquet (professeur à l’UCLouvain) et Antoine Germain (chargé de recherche FNRS à l’UCLouvain).
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