PS et PTB ont répondu au test électoral du Vif: voici l’unique différence entre les deux partis

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

Pour préparer son test électoral, Le Vif a sondé les principaux partis politiques côté francophone. Si l’axe gauche-droite se dessine nettement dans les réponses apportées, les nuances de gauche sont plus ténues, voire inexistantes, entre le PS et le PTB.

Quelles différences entre la gauche des socialistes et celle des marxistes? Dans les réponses que le PS et le PTB ont apporté aux 30 questions du test électoral du Vif, il faut creuser pour dénicher les divergences de point de vue.

Sans surprise, les partis de Paul Magnette et Raoul Hedebouw s’entendent sur les thématiques «sociales», plutôt «de gauche», abordées dans le test: davantage de places dans les maisons de repos publiques, financement supplémentaire pour les aides à domicile, garderie gratuite dans l’enseignement communal, quotas obligatoires de logements sociaux par commune, notamment.

Mais les similitudes ne s’arrêtent pas là. Sur l’ensemble du questionnaire, les deux partis ont donné 29 fois la même réponse, approuvant et désapprouvant en cœur les affirmations proposées. Une preuve des larges convergences des deux partis sur les thématiques choisies par Le Vif pour préparer le questionnaire, qui couvre un large éventail de domaines.

«Assez logiquement, le positionnement à gauche se marque sur les questions reprenant des thématiques de gauche, et à droite pour les autres, remarque Pascal Delwit, politologue à l’ULB, à la lumière des réponses au questionnaire. Dans leur positionnement programmatique, PS et PTB ne sont substantiellement pas si éloignés, ce qui donne des ressemblances évidentes entre ces deux acteurs dans leurs réponses.»

L’exercice du pouvoir comme arbitre

En revanche, si PS et PTB présentent des similitudes au niveau de l’idéologie et des programmes, leur approche de la politique est très différente, insiste le spécialiste. «Le PTB continue d’adopter une posture intransigeante de non compromis. C’est eux avec leur programme ou rien. Cela donne un parti qui ne souhaite pas gouverner et qui, à l’exception de la commune de Zelzate en Flandre, n’exerce pas le pouvoir. Le PS, lui, estime pouvoir faire bouger les choses en étant dans une majorité, ce qui exige des concessions. En réalité, même à l’échelle d’une commune, même en majorité absolue comme peut l’être le PS à certains endroits, la politique reste une histoire de compromis. Entre l’idéologie d’un programme et son application, il faut négocier avec des réalités budgétaires, faire des arbitrages entre des dossiers, etc.»

Autre différence notable, pointe Pascal Delwit, la centralisation du PTB. «Ce parti contrôle énormément ses membres: il leur est demandé de rétrocéder leurs jetons de présence, leurs interventions sont guidées, les candidats sont screenés. Le fonctionnement est très top-down, de ce centre de contrôle vers la base. Souvenons-nous de Youssef Handichi, passé du PTB au MR, qui était jugé trop indépendant par les cadres du parti.»

Le transfert d’une parti de l’électorat historique du PS, notamment dans la classe ouvrière, vers le PTB semble évident. Nouvelle preuve de la porosité entre les gauches. Le parti de Raoul Hedebouw se présente fréquemment comme une meilleure offre, avec un certain succès en observant les transferts de voix dans les ceintures autour de Liège et Charleroi par exemple. Mais à Bruxelles aussi, à destination d’autres classes de la population, plutôt salariée.

«Le PTB reste un parti en croissance, malgré le tassement des élections de juin dernier, poursuit Pascal Delwit. Au niveau des élections communales, leur stratégie a un peu changé, autour de 2006-2012. Avant, l’idée du parti était se présenter dans un maximum de communes, mais donc parfois avec des listes très incomplètes. Puis il y a eu un recentrage, une sélection de places fortes, où le PTB présente des listes consistantes, pour essayer d’obtenir des résultats et de décrocher des conseillers communaux. L’ancrage du PTB au niveau local est donc très différent de celui du PS qui, lui, est visible pratiquement partout.»

L’accès à l’argent liquide, seule différence dans le test électoral

Une seule question oppose finalement les deux partis dans le questionnaire du Vif, sur la désertification bancaire. À l’affirmation, «Les communes doivent compenser les fermetures des distributeurs de billets, y compris par leurs propres moyens», le camp socialiste n’est pas d’accord, tandis que ma gauche radicale approuve la proposition et insiste pour que la disparition de distributeurs soit compensée.

«Ce n’est pas aux communes à payer la note des manquements du secteur privé», précise le PS, sollicité pour étayer son choix. «Le secteur bancaire doit offrir ce service. Les citoyens paient déjà assez de frais en tous genres à leur banque que pour obtenir un réseau de distributeurs de cash suffisant.»

Point de vue légèrement différent côté PTB, qui martèle que l’accès à l’argent liquide est un droit fondamental et doit être proposée coûte que coûte. Le parti avait d’ailleurs plusieurs fois alerté sur cette thématique au cours des dernières années. Le PTB avait remonté à l’agenda, en début d’année, une proposition de loi «visant la création d’un organisme public garantissant l’accès à des distributeurs de billets». Sans succès.

«Puisque les banques privées ne répondent pas à leur mission de service public qui consiste à garantir cet accès facile et gratuit à l’argent liquide, le PTB soutient la compensation par les communes. Nous finançons ces installations de nouveaux distributeurs en exigeant une compensation financière des établissements financiers», précise le parti.

Les Engagés et DéFI rejoignent la position socialiste sur ce point. Pour les premiers, la distribution d’argent liquide est de la responsabilité du secteur bancaire, «même si ponctuellement, les communes pourraient pallier une lacune», précisent les centristes. Du côté des amarantes, si l’accès au cash pour tous les citoyens est considéré comme primordial, ce dossier doit être pris en charge par l’autorité fédérale. «C’est à ce niveau qu’il faut impérativement reprendre les négociations avec le secteur bancaire, en vue de maintenir un nombre satisfaisant de distributeurs de billets», disent-ils.

Ecolo et MR votent ici comme le PTB et approuvent l’ouverture de distributeurs si la demande n’est pas comblée par le secteur bancaire. Dans plusieurs communes, suite au plan de répartition des distributeurs «neutres» du réseau Batopin (mis en place par les quatre grandes banques du pays), la décision d’installer des distributeurs au frais du citoyens a d’ailleurs déjà été prise. Notamment à Courcelles, Vaux-sous-Chèvremont (Chaudfontaine) ou Bertrix, toutes trois dirigées par des bourgmestres MR.

Ce dossier est l’un des 30 sur lequel les lecteurs du Vif sont invités à se positionner, dans le test électoral disponible ci-dessous. (si le test ne s’affiche pas ci-dessous, cliquez ici)

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