Pourquoi Mons en Mieux et Georges-Louis Bouchez ont perdu leur pari face au PS de Nicolas Martin

Georges-Louis Bouchez (MR) a perdu son pari montois, Nicolas Martin (PS) a remporté le sien. Comment les habitants ont-ils voté aux élections communales et provinciales de ce 13 octobre, à Mons? Voici les résultats détaillés, par listes et par candidats, en infographies.  

C’était à la fois un concept rhétorique et une pratique politique. Georges-Louis Bouchez a fait de ces élections communales un référendum national contre le PS. Son projet d’octobre, c’était le PSExit, un peu sur le modèle britannique, et parfois avec la même rhétorique. Mais si Mons en Mieux a remporté trois sièges de plus qu’en 2018 au conseil communal, si jamais une liste libérale n’a connu une telle victoire dans les urnes, la Liste du bourgmestre de Nicolas Martin (PS) frôle la majorité absolue, et gouvernera Mons à coup sûr sans le MR ces six prochaines années.

Emporté par le triomphal entrain de sa victoire du 9 juin dernier, le président du MR a investi tous ses moyens et livré les plus éprouvées de ses meilleures méthodes. En 2018, parce qu’il était à Mons, contre Elio Di Rupo et contre Nicolas Martin, Georges-Louis Bouchez était parvenu à fabriquer cette élection communale en scrutin national. Parce qu’il était à Mons, le communal était devenu national.

Cette fois, Georges-Louis Bouchez a transformé son parti en première formation francophone, il a mérité cette envergure nationale. Et parce que le président des Francs Borains est devenu national, cette élection communale de Mons a perdu tout caractère local. Parce que Georges-Louis Bouchez était national, Mons l’est devenue aussi. En 2018, Georges-Louis Bouchez était passé par Mons pour accéder à une visibilité plus importante, en 2024 il s’est servi de cette visibilité pour tenter d’accéder à l’Hôtel de Ville de Mons. Il s’est servi de cette envergure pour nationaliser des thématiques, les siennes, le taux d’emploi, la sécurité, un type en coma éthylique sur un trottoir ou des ouvriers communaux qui placent ou déplacent une banderole du PS. Il s’est servi de cette envergure récente, celle du président d’un parti au pouvoir depuis plus longtemps que les autres mais qui se pose en formation d’apparence oppositionnelle, et du président d’un parti dominant les zones rurales et périurbaines, pour nationaliser l’imaginaire urbain de son PSExit.

Cet imaginaire salvifique voudrait que les problèmes financiers des grandes villes, qui sont les mêmes à Namur, qui n’est plus PS depuis 2006, ou à Liège, où le MR exerce la compétences des finances, seraient exclusivement et nationalement réductibles à la gestion socialiste.

Et qu’une fois le PS dégagé les finances de toutes les communes se porteraient mieux, selon le même principe miraculeux d’argent magique que celui qui fit le succès des défenseurs anglais du Brexit, qui allait sauver la sécurité sociale britannique.   

Il s’est servi de cette envergure pour déverser sur le chef-lieu du Hainaut les moyens presque infinis du parti national, comme le fit, symétriquement, le PS, adversaire honni. Ce déchainement agonistique de moyens publicitaires donna aux rues montoises des allures de campagne des années 1970 et 1980, lorsque les dépenses électorales n’étaient pas encore limitées.

Georges-Louis Bouchez s’est également servi de cette envergure nationale pour améliorer ses capacités de recrutement. En 2018, l’outsider Bouchez n’était que délégué général de son parti, et était parvenu à rassembler, sous l’étiquette de Mons en Mieux, quelques anciennes gloires du CDH, du PSC et d’Ecolo pour atténuer le bleu de sa bannière.

En 2024 il a pu attirer, grâce justement au bleu de sa bannière, des candidats un peu moins associés à d’autres partis, mais pas moins populaires. C’était particulièrement le cas de Julie Taton, devenue légalement montoise trop tard pour se présenter, mais qui fut illico remplacée par une autre personnalité de l’audiovisuel. Et ce le fut de chaque recrue, annoncée à grands renforts d’articles dans la presse locale, eux-mêmes transformés en papiers dans des médias nationaux. Il a tant voulu prendre Mons de l’extérieur qu’il a lutté contre le projet de master en médecine que souhaitait lancer l’UMons, et qu’il a combattu le RAEC Mons pour l’empêcher de grandir, s’en allant présider le club rival des Francs Borains.

Cette stratégie aura porté des fruits nationaux, mais aura plutôt produit des pépins locaux: le MR gagne beaucoup partout, sauf à Mons où il gagne également beaucoup, mais moins que ce qu’il espérait gagner. Toujours aussi soumis à son inclination à l’hyperbole, il a répété dimanche, tard, avoir atteint les 30%. C’est en réalité un peu moins, 28,6%, mais quoi qu’il en soit, Georges-Louis Bouchez a voulu prendre Mons par l’extérieur, c’est plutôt son parti qui aura pris l’extérieur via Mons.   

Nicolas Martin, lui, a joué sur le patriotisme montois plutôt que sur le socialisme francophone, et cette focale sur sa petite patrie communale l’impose en figure importante du parti national. Il se distinguait déjà, au sein du PS, par sa modération sur les questions économiques et sociétales. Il avait dénoncé une certaine gauchisation de son parti, sous la présidence de Paul Magnette, dans les jours qui suivirent le 9 juin. Sa campagne communale, très agressive contre Georges-Louis Bouchez, volontiers présenté comme un diabolique épouvantail, ne céda rien sur sa droite. Nicolas Martin a enchéri avec la droite sur la sécurité, il relança avec les libéraux sur les aides aux commerçants, et Nicolas Martin ne céda pas un millimètre à Georges-Louis Bouchez sur la mobilité et la place de la voiture en ville. «Nous avons battu le parti des médias», a dit, très fier, le bourgmestre renforcé dans ses positions, et qui a fait son gras de la surmédiatisation de son adversaire.    

L’écart, le 9 juin dernier, entre le PS et le MR, oscillait entre une dizaine de pourcents pour les listes régionales (Nicolas Martin y était tête de liste PS) à un peu plus de 4% au scrutin fédéral (Georges-Louis Bouchez y était tête de liste MR). Il est le 13 octobre de plus de 15%. Le Mons en Mieux de Georges-Louis Bouchez, qui fait pourtant un score jamais atteint par les libéraux depuis l’instauration du suffrage universel, a donc paradoxalement perdu une course presque perdue d’avance mais dans laquelle il s’était lui-même lancé. Son projet de PSExit a donc fait pschitt.   

Les autres partis ont pâti de cette bipolarisation, car le PTB n’emporte qu’un siège supplémentaire par rapport à 2018. Les Engagés bénéficient de la vague turquoise mais sans cartonner autant que dans les plupart des autres municipalités: ils gagnent un siège. Ils sont promis à entrer dans la future majorité montoise. Ecolo perd quatre de ses six sièges de 2018.  

1. Communales 2024: les résultats à Mons

Résultats par liste

Les voix de préférence par candidat

Découvrez ci-dessous les scores des candidats dans votre commune. Un score important puisque sera élu bourgmestre le ou la candidat(e) ayant remporté le plus de voix de préférence, sur la liste ayant obtenu le plus de suffrages parmi les groupes politiques présents au sein de la majorité communale. Cette règle est en vigueur depuis les élections locales de 2006, comme le rappelle l’Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW). En cas de parité de voix sur une même liste, l’ordre de la liste présentée aux électeurs prévaut.

2. Résultats des élections provinciales 2024 à Mons

Mons fait partie de la province de Hainaut et a donc participé à renouveler les 56 élus de l’institution provinciale. Voici les résultats détaillés de ce scrutin.

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