salaire des bourgmestres belgique 2025

Le salaire de certains bourgmestres vient d’être augmenté: voici combien gagne le vôtre (module interactif)

Clément Boileau Journaliste
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

Après l’installation des nouveaux collèges communaux en décembre dernier, les élus locaux viennent de recevoir leur première fiche de paie. A Bruxelles, certains gagnent désormais mieux leur vie, depuis l’instauration du décret décumul. Mais combien touchent-ils, exactement? Réponse dans ce module interactif.

C’est une bonne situation, ça, bourgmestre? A Bruxelles, ça l’est aujourd’hui un peu plus qu’hier. Les maïeurs de la capitale ont reçu en ce début janvier leur première fiche de paie, alors que tous les collèges communaux ont été installés en décembre dernier. Et certains d’entre eux perçoivent désormais un salaire plus élevé que lors de la législature précédente, conséquence de la réforme régionale sur le décumul des mandats. Puisque les députés bruxellois ne peuvent désormais plus cumuler avec une autre fonction, le salaire des bourgmestres (et des échevins) a été augmenté, en compensation.

Mais combien ça gagne, au juste, un maïeur? Question simple… mais réponse compliquée. Tout dépend d’abord de la région (le salaire de base des bourgmestres bruxellois est un peu plus avantageux que celui les wallons), mais aussi de la commune, et plus exactement de la taille de sa population. Mais les élus peuvent également être rémunérés pour des fonctions annexes à leur mandat (présence au conseil d’administration d’une intercommunale, d’une asbl…), comme ils peuvent aussi continuer à exercer une profession à titre privé, et donc percevoir un salaire. Certains édiles prestent par ailleurs leur mandat tout en percevant leur retraite. Le module ci-dessous compile ces trois types de rentrées financières, en se basant sur les déclarations de mandats rentrées à la cours des comptes et sur les rémunérations indexées.

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À Bruxelles, une paie minimum calquée sur les députés fédéraux

Du côté des communes bruxelloises, le calcul, qui prend en compte la taille de la population administrée, a donc été impacté par ces «nouvelles règles en matière de rémunération des mandataires locaux», précise Brulocalis, l’association des communes bruxelloises. Depuis l’entrée en vigueur du décumul des mandats, le traitement des bourgmestres n’est plus aligné en fonction de celui du secrétaire communal.

Désormais, c’est par rapport au salaire de base d’un député fédéral (déjà indexé) qu’est fixé le traitement du bourgmestre. Concrètement, pour les communes bruxelloises de moins de 25.000 habitants, telle Koekelberg, le traitement de base du bourgmestre correspond strictement à celui d’un député fédéral (111.340,44 euros annuels, en tenant compte de l’index, soit 9.278,36 euros par mois).

Pour l’échelon supérieur en termes de population (entre 25.000 et 50.000 habitants), l’augmentation à appliquer est de 106% de l’indemnité de base. Ainsi, pour une commune telle qu’Auderghem, le bourgmestre touche 118.020,86 euros par an. Comme en Wallonie, plus la population augmente, plus l’augmentation est substantielle, jusqu’à +162 % au-delà de 150.000 habitants — en somme, pour Bruxelles-ville. Ce qui donne un salaire pour le bourgmestre de 180.371,51 euros. Une somme légèrement supérieure à celle touchée par le bourgmestre d’une ville wallonne pourtant plus peuplée, telle Charleroi.

À noter qu’en Flandre, le calcul pour le salaire des bourgmestres est peu ou prou le même qu’à Bruxelles, la modulation (à la hausse ou à la baisse, d’ailleurs) en fonction de la population se faisant par rapport au traitement d’un député flamand (111.340,34 euros), comme l’indiquent nos confrères de la VRT.

En Wallonie, 22 échelons de salaires

Du côté du législateur wallon, celui-ci fixe, assez simplement, la rémunération basique de ses bourgmestres en fonction de la taille de la population administrée, comme le détaille l’Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW). Ce montant (non indexé) est précisé dans le Code de la démocratie locale et de la décentralisation, via une sorte de grille de salaire des bourgmestres allant des communes de moins de 300 habitants à celles de plus de 150.000 habitants.

Au total, pas moins de 22 échelons forment l’éventail des traitements des bourgmestres wallons, d’Aiseau-Presles (10.969 habitants, soit 76.285 euros brut par an, donc 6.357 euros par mois, en tenant compte de l’index) à Yvoir (9.820 habitants, soit 66.548,30 euros brut par an/5.546 euros par mois) en passant par Doische (2988 habitants, soit 48.881,03 euros brut par an/4.073 euros par mois) et Ottignies-Louvain-la-Neuve (31.682 habitants, 103.808,25 euros brut par an/8.650 euros par mois).

Sans surprise, plus la population est large, plus la rémunération suit. On ne s’étonnera donc pas que la rémunération de base du bourgmestre de Charleroi (plus de 200.000 habitants) atteigne plus de 167.000 euros brut par an (13.917 euros par mois), tout comme celle du bourgmestre de Liège. Sans compter d’éventuelles indemnités liées à des mandats supplémentaires, ces montants se rapprochent des rémunérations  bruxelloises, qui demeurent toutefois plus élevées à population égale.

Député et bourgmestre, jackpot pour le salaire?

Concernant un éventuel cumul avec un mandat de député, cette situation n’est pas exclue en Wallonie (contrairement à Bruxelles), seulement pour «les 25 % des députés de chaque groupe politique ayant obtenu le plus haut taux de pénétration aux élections régionales», précise l’UVCW. Mais, quoi qu’il en soit, en cas de cumul, y compris avec un mandat de député fédéral, la rémunération demeure limitée à une fois et demie le montant de l’indemnité parlementaire allouée aux membres de la Chambre des Représentants et du Sénat (autour de 230.000 euros, selon l’UVCW). Avec une précision de taille: les revenus issus du privé ne sont pas soumis à ce plafond.

Reste que la très grande majorité des mandataires susceptibles de dépasser ce plafond rien qu’avec leurs mandats publics modulent toujours leur rémunération liée à la commune (la loi le leur impose). C’est ainsi que certains bourgmestres cessent d’être payés en cours d’année, nous revient-il, ou abaissent volontairement leur salaire mensuel à la tête de la commune.

Il arrive également que les partis imposent à leurs députés bourgmestres un choix en bonne et due forme. Chez les Engagés, l’on promet ainsi que l’ensemble des députés fédéraux et wallons toujours membres d’un Collège communal au 1er janvier 2025 renoncent à leur salaire de bourgmestre, échevin ou Président de CPAS et conservent celui de parlementaire, une règle que le président du parti Maxime Prévot, bourgmestre de Namur, s’applique à lui-même.

Du côté du PS, une règle interne veut que les députés-bourgmestres des villes de plus de 50.000 habitants ne puissent tout simplement pas cumuler leurs fonctions. En pratique, donc, Thomas Dermine (Charleroi), Nicolas Martin (Mons) ou Willy Demeyer (Liège) ne touchent que le(s) traitement(s) lié(s) à leur job de bourgmestre. Pour les villes de moins de 50.000 habitants, le cumul (financier) est (généralement) interdit également, précise le parti.

Au MR, les statuts internes précisent que le mandat de parlementaire est incompatible avec un mandat exécutif dans une commune comptant plus de 50.000 habitants.

Enfin, il n’est pas rare que les mandataires rétrocèdent une partie de leur salaire — à part variable selon le parti et la fonction — député, bourgmestre, ministre…

Écart net

À première vue, entre les communes wallonnes et les communes bruxelloises, ce sont bien les secondes qui sont plus avantagées. Avec, à population équivalente, des écarts assez nets. Exemple avec Oupeye (25.763 habitants), où le traitement brut (indexé) du bourgmestre se monte à un peu plus de 103.000 euros, là où le bourgmestre de Ganshoren (25.760 habitants), touchera plus de 118.000 euros. L’écart est également visible pour les zones plus peuplées: à Uccle, où le bourgmestre a la charge de quelque 87.000 âmes, le traitement du bourgmestre s’élève à plus de 167.000 euros ; à La Louvière et ses  quelque 81.000 habitants, le traitement n’est «que» d’un peu plus de 155.000 euros.

Autant de comparaisons à prendre avec recul, toutefois. D’abord parce que les charges de travail ne sont sans doute pas les mêmes malgré des populations équivalentes. Ensuite parce que les mandataires bruxellois sont désormais soumis à des règles de décumul a priori plus strictes que leurs homologues wallons. Lesquels peuvent par ailleurs avoir, notamment dans les petites communes, une activité professionnelle à part entière. Ce qui est beaucoup moins le cas des Bruxellois.

De l’or en barre ?

«On trouve moins de purs professionnels de la vie politique dans les petites communes que dans les grandes villes, des gens bien insérés dans les partis, qui peuvent être ministres», abonde ainsi le directeur général du Crisp Jean Faniel. Qui résume, assez simplement: «Est-ce qu’on gagne de l’or en barre en faisant de la politique au niveau local? On peut vite gagner une somme supérieure au salaire médian», reconnaît-il, avec parfois des «salaires qui vous placerait dans les 10 % de salariés les mieux payés» ; mais les postes les mieux rémunérés en général, assure-t-il, se retrouvent plutôt «au niveau gouvernemental ou à la présidence de la Chambre». Bref, des places qui se caractérisent par leur rareté.  Et qui dit rareté dit cherté. «La politique c’est un peu comme le reste, comme en foot, au cinéma et dans la chanson ; ce sont toujours les stars qui gagnent le plus…»

Mandats supplémentaires

Pour conclure, signalons qu’il est ardu de compiler l’ensemble des éventuels mandats (rémunérés) supplémentaires des bourgmestres (au sein d’intercommunales, ou autre). Ces mandats (limités en fonction des cas), de même que les rémunérations issues du métier — parfois — exercé, sont certes signalés à la Cour des comptes, qui contrôle le respect des règles en la matière. Toutefois ces déclarations sont rendues publiques avec plusieurs années de latence — les données les plus fraîches en la matière datent à ce jour de l’année 2022. Difficile donc de rendre compte avec exactitude du salaire des bourgmestres (wallons comme bruxellois), d’autant que la plupart déclarent une fourchette (parfois assez large) en matière de rémunérations.

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