Communales 2024 en région bruxelloise: les résultats du 9 juin se confirment, mais ne s’amplifient pas
DéFi menacé de mort, la N-VA bannie de Bruxelles, Ecolo perd moins que prévu. Voici tout ce qu’il faut retenir des gagnants et des perdants de ces élections communales en région bruxelloise.
Les urnes ont rendu leur verdict, les comptes sont faits, les enseignements sont désormais à écrire. En région bruxelloise, les résultats de ce dimanche 13 octobre ont un air de résultats du 9 juin, soir d’élections régionales (entre autres). Mais comparaison n’étant pas raison, voici les conclusions inédites à tirer des élections communales dans les 19 entités de Bruxelles.
Les résultats détaillés des élections communales 2024 à Bruxelles
Ils ont accompli leur mission
Personne ne peut se targuer d’une victoire historique ce dimanche soir dans la ville-région. Au sud de Bruxelles, le MR peut cependant se vanter d’un bilan satisfaisant. A Watermael-Boitsfort et Anderlecht, les libéraux récupèrent la première place dans les urnes. A Ixelles (où leur leader Gautier Calomne récupère le plus de voix de préférence), Bruxelles, Schaerbeek, Berchem, Evere, les bleus peuvent espérer monter dans un conseil communal mais ne sont pas automatiquement maîtres de leur destin. Les bastions d’Etterbeek et Uccle sont quant à eux préservés.
La vague bleue née le 9 juin dernier ne s’est cependant pas transformée en tsunami, puisque David Leisther, à Watermael-Boitsfort, est le seul à pouvoir récupérer le fauteuil de bourgmestre… Ce qu’il ne fera jamais, puisque le leader du MR en région bruxelloise briguera certainement un poste de ministre au prochain gouvernement bruxellois. «On savait qu’à Anderlecht avec Les Engagés, ou qu’à Forest avec Défi, leur score serait bon. Mais je ne parlerais pas d’une surperformance de la part du MR», note le politologue de l’ULB, Romain Biesemans.
Le 9 juin, la surprise s’appelait Fouad Ahidar. L’ancien socialiste ayant créé un parti à son nom a confirmé ce dimanche en étant le plus gros aspirateur à voix devant la bourgmestre dans sa petite commune de Jette, où son parti n’est cependant que quatrième. Le néoparti pourrait également intégrer une majorité de gauche à Molenbeek, où l’alliage PS-PTB aura besoin d’un point d’appui. «La Team Fouad Ahidar avait planifié une quinzaine de conseillers communaux, il en a le double. Ca va devenir un acteur sur lequel il faudra compter à court comme à long terme sur la scène politique bruxelloise.»
Pourtant, de nombreuses sources politiques du tout Bruxelles se disent craintives à l’idée de devoir composer avec la liste composée d’inconnus, manquant de crédibilité. «C’était la même chose avec le PTB en 2018, et c’était encore pareil avec Ecolo avant, fait remarquer Romain Biesemans. Il faudra un rebranding et une restructuration, mais il faudra compter dessus.»
Ils sont là où ils doivent être
Le Parti Socialiste s’est quant à lui offert un enjeu clé de cette élection: Schaerbeek. Les rouges conservent également leurs bastions de Molenbeek, Bruxelles-Ville et Evere. Dans l’Ouest de Bruxelles cependant, les socialistes devront peut-être partager l’enjeu avec les communistes du PTB.
Ceux-là ne sont d’ailleurs ni les vainqueurs, ni les perdants de cette élection. L’objectif du jour est en passe d’être atteint, à savoir intégrer au moins une majorité communale en région bruxelloise. A Saint-Gilles, Anderlecht et Forest, nombreuses étaient les voix qui, avant le scrutin, appelaient à une tripartite PS-PTB-Ecolo. Arithmétiquement parlant, c’est possible dans chacune de celle-ci, mais il semblerait que ce scénario ne soit plausible qu’à Saint-Gilles. «Il y avait beaucoup d’attente et d’effets d’annonce pour ces élections du côté du PTB, rappelle Romain Biesemans. Mais je ne sais pas ce que le PS gagnerait à monter dans des majorités avec le PTB quand il peut l’éviter.»
Quant à Ecolo, le parti vert se présentait presqu’en victime consentante à ce scrutin. Force est de constater que le parti vert perd des plumes, mais ne dégringole pas comme la majorité des voix l’annonçaient. «Ce n’est pas une claque, constate le politologue de l’ULB. Ils se consolident presque.» La cause ? L’électorat flamand, peut-être, qui avait largement plébiscité Groen lors des dernières régionales et qui a été assimilé à l’électorat francophone pour ces communales. «Sans compter l’électorat européen qui n’avait pas accès au vote le 9 juin», complète Romain Biesemans.
Ils sont perdus
Cette soirée du 13 octobre s’écrit en suspension pour Bernard Clerfayt comme pour DéFi, humilié par Hasan Koyuncu en termes de voix de préférence. Si les deux autres bastions du parti amarante (Auderghem et Woluwe-Saint-Lambert) restent fermement aux mains de leur bourgmestre, Défi perd ses conseillers à Anderlecht, Bruxelles et Molenbeek. «Ces élections vont faire émerger la question de la pérennité du parti Défi dans le paysage politique bruxellois», observe le politologue de l’ULB.
Enfin, un parti est mort en région bruxelloise ce dimanche soir. La N-VA a perdu la totalité de ses conseillers communaux en région bruxelloise. Alors que les nationalistes s’étaient installés à Bruxelles, Molenbeek, Ganshoren, Berchem, Jette, Anderlecht, ils sont éjectés de toutes les assemblées législatives. «En 2018, la N-VA incarnait la possibilité de voter pour un parti de droite, analyse Romain Biesemans. Le MR incarne aujourd’hui un petit peu plus cette droite.» Ce résultat se lit aussi comme un aveu d’échec des nationalistes qui avaient déployé une certaine quantité d’énergie afin d’être incontournables au soir du 9 juin. Là aussi, ils avaient échoué.
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