Dette abyssale à Charleroi, Jemeppe-sur-Sambre dans le vert… Voici à quel point votre commune est endettée (carte interactive)
Les communes de Wallonie et de Bruxelles présentent de grandes disparités, lorsqu’on compare leur niveau d’endettement. Certaines se trouvent dans une situation de dette inquiétante, certes, mais il convient de ne pas interpréter ces données isolément.
Cela fait partie des indicateurs qui peuvent peser, lorsque les électeurs sont amenés à évaluer les capacités de gestion de leurs édiles: leur commune est-elle plus ou moins endettée que les autres?
De prime abord, alors que le niveau d’endettement des pouvoirs publics est régulièrement pointé du doigt en Belgique, l’idée selon laquelle une dette communale élevée est un signe de mauvaise gestion ou de politiques trop dispendieuses semble s’imposer. Elle n’est pas complètement infondée mais, en matière de dette communale, il convient souvent d’inclure cette donnée dans son contexte.
Considéré seul, l’endettement de signifie pas grand-chose. Une commune exsangue peut se retrouver avec une dette globale faramineuse, voyant sa capacité d’investissement réduite à néant, tout en étant obligée de relever sa fiscalité. Une autre, présentant un indicateur similaire, pourra être saluée pour sa politique ambitieuse en matière d’investissements, ou se trouvera endettée de façon temporaire uniquement.
En théorie, l’endettement est le résultat de recours à l’emprunt et reflète donc l’intensité de la politique d’investissements. La spécificité des communes est que ces investissements entrent dans le cadre de leur budget extraordinaire, tandis que le remboursement du capital et celui de la charge (les intérêts) s’inscrivent dans le budget ordinaire. Ce sont les recettes dites ordinaires des communes qu’il convient de mettre en parallèle avec l’endettement.
«Si on met le volume de la dette en parallèle avec la surface financière d’une commune, on peut se rendre compte que pour certaines d’entre elles, une dette importante est compensée par des recettes importantes. On pourrait citer en exemple des communes de la province de Luxembourg bénéficiant de coupes de bois, qui pèsent positivement dans le budget ordinaire», illustre Arnaud Dessoy, spécialiste des finances locales chez Belfius.
En 2023, la dette globale des communes wallonnes représentait 85% des recettes, pour 71% concernant les communes flamandes et bruxelloises.
Ainsi, pour citer en exemple une commune très endettée, la dette globale de Libramont-Chevigny s’élevait à 4.720 euros par habitant en 2022 et ses recettes globales à 2818,5 euros la même année, les responsables communaux estimant au passage qu’ils peuvent s’appuyer sur un «bas de laine» confortable. La commune de Jemeppe-sur-Sambre, pour citer un exemple inverse, avait un endettement de 34,2 euros par habitant, mais de recettes se situant dans la moyenne basse, de 1.733,6 euros par habitant.
Commune endettée: davantage en Wallonie qu'en Flandre
De manière un peu plus globale, les données des finances locales de l’ensemble du pays, agrégées par Belfius, permettent de déterminer que les communes wallonnes sont plus endettées que celles des deux autres régions, comparativement aux recettes. Ainsi, en 2023, la dette globale des communes wallonnes représentait 85% des recettes, pour 71% concernant les communes flamandes et bruxelloises. Ce pourcentage, toutefois, a suivi une courbe baissière en Wallonie et en Flandre durant la dernière mandature communale, tandis qu’elle augmente plutôt à Bruxelles.
«D’une manière générale, on peut considérer que la dette des communes s’autorégule de manière assez spontanée», poursuit-il. Le budget ordinaire ne pouvant être déficitaire, elles ne peuvent pas se mettre dans le rouge pour financer le remboursement de leur dette, ni leurs frais de fonctionnement ou de personnel d’ailleurs. Ce qui est vécu comme un carcan par les communes impose aussi une grande rigueur.
D’autres communes – il s’agit notamment des grandes villes – ont accumulé un endettement lié non pas à des investissements, mais à des prêts d’assainissement, en provenance du Crac (Centre régional d’aide aux communes) en Wallonie ou du FRBRTC (Fonds régional bruxellois de refinancement des trésoreries communales) en Région bruxelloise. Ces communes-là sont souvent celles qui se trouvent dans les situations les plus fâcheuses, à l’image de Liège, Charleroi et quelques communes bruxelloises par exemple.
Interrogés par Le Vif dans le cadre du test électoral «Ma commune et moi», les principaux partis politiques francophones ont été invités à exprimer s’ils sont favorables à des sanctions pour les communes présentant un taux d’endettement trop élevé. Une distinction gauche/droite semble s’opérer, puisque le PS, Ecolo et le PTB n’y sont pas favorables, tandis que le MR, DéFI et Les Engagés le sont. Les libéraux en font même un sujet d’importance, le plaçant en deuxième place dans l’ordre d’importance des thématiques du test.
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