ceinture rouge
Willy Demeyer (Liège), Déborah Géradon (Seraing) et Frédéric Daerden (Herstal): le PS s’est maintenu en tête dans les trois plus grosses villes de l’arrondissement de Liège. © BELGA

A Liège, le succès contrasté du PS: le triomphe de Géradon, la déception Daerden

Benjamin Hermann
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

En région liégeoise, le PS a conservé la plupart de ses maïorats, mais connait des fortunes diverses. A Seraing, Flémalle, Ans ou encore Saint-Nicolas, les socialistes se renforcent. A l’est de la Cité ardente, c’est à Blegny que le PS a subi sa pire déconvenue, en étant renvoyé dans l’opposition.

En Wallonie, le PS aura sauvé les meubles dans les grands centres urbains, à l’occasion des élections communales et provinciales de ce 13 octobre. C’est vrai en région liégeoise comme ailleurs. Mais à l’analyse, il apparaît que les tendances sont contrastées, selon que l’on se situe en amont de la Cité ardente ou dans les parties septentrionale et orientale de l’arrondissement. Même si les libéraux et les centristes progressent globalement, la ceinture rouge se maintient à la faveur de bons résultats à Seraing, Ans, Flémalle, Saint-Nicolas, Ans et Grâce-Hollogne. Un vent libéral semble en revanche souffler sur la Basse-Meuse et le plateau de Herve, en direction de Liège, en atteignant même la ville de Herstal.

La ceinture rouge, tendance écarlate, tout d’abord. C’est peut-être à Flémalle, patrie d’André Cools, qu’elle rougeoie de la manière la plus éclatante. Là, le PS progresse de 7,6% est jouit d’une majorité absolue confortable de 18 sièges sur 29. Le scrutin apparait comme un plébiscite en faveur de Sophie Thémont, qui engrange 3.304 voix de préférence. A titre de comparaison, c’est une meilleure performance que celles réalisées par Isabelle Simonis lors des trois scrutins précédents. En 2018, cette dernière récoltait par exemple 2.131 voix de préférence.

«C’est une heureuse surprise», reconnaît Sophie Thémont, qui estime que ce succès est dû «au travail accompli ces dernières années, avec une forte présence sur le terrain. Les élections communales sont différentes des autres, il est plus difficile de tirer de grandes conclusions», puisque ce sont les équipes communales qui sont reconnues ou sanctionnées. «Mais il est vrai que les résultats sont positifs dans plusieurs communes voisines, dont Seraing.»

A Flémalle, Sophie Thémont obtient un bon résultat personnel. © BELGA

Seraing la rouge

En effet, les socialistes se renforcent aussi chez les voisins sérésiens. Là, le PS conserve sa majorité absolue en gardant 20 sièges sur 39 au conseil communal et en progressant de plus de 4%. Surtout, c’est le score personnel de la bourgmestre Déborah Géradon qui est remarquable, puisqu’elle obtient 8.068 voix de préférence. Ce résultat est comparable à celui d’Alain Mathot en 2006 (8.137 voix) et largement supérieur à celui de Francis Bekaert (4.635 voix) lors des précédentes élections. Il est presqu’aussi important que celui de Willy Demeyer à Liège, ville qui compte le triple d’habitants.

Sur la carte de la région liégeoise, le rouge du PS se fortifie également au nord de Seraing. A Saint-Nicolas, la bourgmestre Valérie Maes renforce également sa majorité absolue, récoltant pour sa part 2.325 voix de préférence (un peu moins qu’en 2018). A Grâce-Hollogne, où les années passées ont été marquées par des dissensions à l’intérieur de la famille socialiste, Maurice Mottard obtient un score honorable avec sa Liste du Bourgmestre, malgré un léger recul par rapport à ce que récoltait le PS en 2018.

Du côté d’Ans, le bourgmestre Grégory Philippin sort également victorieux des élection. Parce que son parti progresse de 3,66% et obtient une majorité absolue, mais aussi parce que son score personnel est honorable, avec 3.022 voix de préférence. C’est un peu moins qu’en 2018, mais plus élevé que Stéphane Moreau en 2012. Et sans comparaison, logiquement, avec les scores que pouvait engranger Michel Daerden précédemment.

La ceinture rouge liégeoise s’appuie donc sur de solides résultats et quelques personnalités populaires à l’est, mais le souffle d’un vent libéral en provenance de la Basse-Meuse et/ou du plateau de Herve – c’est selon – se fait sentir à mesure que l’on suit le cours de la Meuse. Un coup d’œil sur les élections provinciales pour s’en convaincre: le PS s’est stabilisé ou a progressé dans les districts de Saint-Nicolas, Seraing et Liège, mais a légèrement régressé dans ceux de Fléron et Visé, où le MR lui a ravi la première place. C’est ainsi que l’arrondissement de Liège, si l’on s’en tient aux élections provinciales, se teinte de rouge à l’est et de bleu (d’azur) à l’ouest.

A la Ville de Liège, le PS est déforcé, mais Willy Demeyer garde néanmoins la main pour former une majorité. On relèvera également qu’à Awans, le socialiste Thibaud Smolders est conforté dans son rôle de bourgmestre.

Mais à Herstal, Frédéric Daerden a perdu sa majorité absolue, malgré une liste d’ouverture incluant des candidats engagés et écologistes. A vrai dire, la proportion d’élus issus du PS à l’intérieur du groupe PS-H a sensiblement diminué, par rapport aux situations vécues lors des précédents scrutins. Frédéric Daerden lui-même a perdu un millier de voix de préférence par rapport aux dernier scrutin communal.

Du côté d’Oupeye, le PS de Serge Fillot se maintient en tête, mais perd 5,7% des voix. Dans cette importante commune de la Basse-Meuse, le MR et Les Engagés formaient deux listes séparées. Au lendemain des élections, ils peuvent éventuellement se dire que la formation d’un cartel, à l’instar de ce qui s’est produit dans nombre d’autres entités, leur aurait permis de ravir le maïorat.

Blegny n’est plus rouge

L’histoire s’est écrite différemment à Blegny, où le PS régnait en majorité absolue depuis la fusion des communes. Le départ de Marc Bolland, gros pourvoyeur de voix, couplé à la formation d’une liste unique pour concurrencer les socialistes leur a coûté le maïorat. C’est le libéral Jérôme Cochart qui devient bourgmestre.

A Blegny, la déconvenue est importante pour Arnaud Garsou, l’éphémère bourgmestre sortant. «Evidemment, nous sommes déçus, confie-t-il. Nous avions un bilan à défendre, contrairement à l’autre liste. Nous estimons ne pas avoir démérité, mais force est de constater que les électeurs ont préféré l’autre liste. Nous continuerons le travail dans l’opposition, de manière constructive.»

A Beyne-Heusay, par contre, le bourgmestre socialiste Didier Henrottin conserve sa majorité, même s’il perd quelques plumes et se dit un peu déçu du résultat. A Soumagne et Fléron, le PS avait perdu les maïorats à l’occasion d’élections précédentes.

Plus au nord, d’où provient peut-être le vent azur, Visé reste acquise à la bourgmestre libérale Viviane Dessart. Symbole de partie septentrionale de l’arrondissement qui semble de plus en plus encline à voter pour le MR ou des candidats libéraux, la commune de Dalhem a vu son bourgmestre Arnaud Dewez cartonner, malgré le fait qu’il ait ouvertement opté pour son mandat de député wallon au «détriment» de sa commune. Sa liste l’a emporté avec 78,32% des suffrages, écrasant la concurrente baptisée… PS – ProgrèS.

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