Samuel Cogolati, coprésident d’Écolo. © BELGA

Comment la super note de De Wever aide à relancer l’opposition pour les élections communales

Clément Boileau
Clément Boileau Journaliste

Au sein de l’opposition francophone, l’heure est à la dénonciation ferme de l’austérité à venir. Mais certains entendent conserver une mentalité aussi constructive que possible.

Elle n’avait pas vocation à être rendue publique, mais l’échec des négociations au fédéral a soudain rendu très visible la super note de feu le formateur Bart de Wever, un document qui détaille par le menu ce que MR et Engagés étaient prêts à accepter — ou pas, comme dans le cas de la taxation des plus-values rejetée par les libéraux — dans l’optique de la formation d’un gouvernement.

Sur le fond, ce qui est très marquant c’est de voir tous les éléments très violents sur lesquels le MR et les Engagés sont parfaitement d’accord. Et ça, c’est chiffré.

Samuel Cogolati, coprésident Écolo

À quelques semaines des élections communales, cette «fuite» inévitable après l’échec des négociations a des répercutions indéniables. «Ce qui me frappe c’est que la dernière version de la note de De Wever circule», abonde Jean Faniel, directeur général du Crisp, qui fait remarquer que «le caractère quasi public de cette note pourrait changer un peu la donne en donnant un élément tangible, vérifiable aux différents protagonistes et notamment les partis d’opposition, qui s’ils s’en saisissent bien, en ciblant des mesures précises contenues dans cette note — et je pense que celle-ci contient des éléments frappants — pourraient essayer d’effrayer des gens qui en juin ont voté pour les Engagés ou le MR. Il s’agirait pour eux de se servir de cette note pour redresser le cap, de rattraper l’échec subi au mois de juin.»

Catastrophe

Et en effet, il n’a pas fallu attendre longtemps avant que le PS de Paul Magnette, de concert avec le PTB, dénonce «une série de catastrophes» susceptibles de «s’abattre sur les Belges», le mot «catalogue des horreurs» revenant aussi dans la bouche du nouveau coprésident d’Écolo, Samuel Cogolati. Lequel liste précisément ce qui l’a frappé. «Sur le fond, ce qui est très marquant c’est de voir tous les éléments très violents sur lesquels le MR et les Engagés sont parfaitement d’accord. Et ça, c’est chiffré: 200 millions d’euros en moins pour la SNCB, 3,5 milliards d’euros d’économies sur le dos des pensionnés; l’exclusion des chômeurs après 2 ans et donc leur renvoi vers le CPAS, soit une charge de plus pour les communes qui ont déjà beaucoup de mal. C’est dur aussi pour la classe moyenne avec l’augmentation des prix de produits de première nécessité via la TVA, une taxe avec laquelle ils espère récolter plus de deux milliards d’euros, ce qui est assez conséquent ; et puis on parle de saquer dans les politiques d’accueil des réfugiés, là c’est pour plus d’1,5 milliard d’euros. Quand on a découvert cette feuille de route budgétaire, c’était comme découvrir un catalogue des horreurs, sans parler du climat où il n’y a juste rien.»

Rester constructif

Voilà pour l’offensive à gauche de l’échiquier politique. Plus à droite, on se veut mesuré dans l’exploitation de cette note, quitte à faire moins de bruit avec les communales. «Bien sûr on en parle (NDLR : des communales) chaque lundi en bureau de parti, mais c’est très difficile de se baser sur une note dont on ne dispose pas», fait valoir Sophie Rohonyi, elle aussi élue récemment à la présidence de DéFI. Laquelle fait remarquer qu’au sein de la Vivaldi, les partenaires aujourd’hui séparés par les urnes «étaient tous d’accord pour une réforme fiscale qui allait quasi dans le même sens que ce que proposait la Vivaldi, en ce compris Ecolo et le PS. Une réforme fiscale dans laquelle Défi peut tout à fait se retrouver — par exemple augmentation des tranches d’imposition— même s’il y a des inconnues, par exemple sur la TVA.»

«On s’est toujours inscrit dans une logique d’opposition constructive et je pense que c’est ce que les citoyens attendent. Le pays est si compliqué qu’on ne peut pas se permettre d’être une opposition qui rejette des choses qui vont dans le bon sens», ajoute la cheffe du parti amarante, qui note toutefois que les communales à venir ne simplifient pas les choses pour Bouchez (qui vise Mons), De Wever (Anvers) et Prévot (Namur). Et c’est sur ce point que Sophie Rohonyi adresse, pour sa part, sa principale critique aux négociateurs. «C’est regrettable de saboter des négociations parce qu’on se rend compte que le timing n’est pas dans l’intérêt du parti, alors que ce qui devrait les guider c’est l’intérêt général.»

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