Anne-Sophie Bailly

Climat, migration et arithmétique: ces étonnants paradoxes de campagne

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

La campagne préélectorale comme les perspectives au soir du 9 juin sont empreintes de paradoxes. Souvent interpellants et étonnants.

Le chemin de croix d’Alexander De Croo touche à sa fin. Les bilans se succèdent. Le camp des indécis se réduit. La campagne électorale vit ses derniers instants.

Une campagne qualifiée de molle, d’atone, notamment parce qu’avec sept partis autour de la table, la Vivaldi a, quelque part, toujours été un peu en campagne mais que, paradoxalement, dans les derniers mois de la législature, ses représentants ont conservé une certaine retenue dans leurs attaques, conscients que les partenaires d’hier risquent bien d’être toujours ceux de demain.

Ce paradoxe n’est pas le moins étrange de cette période préélectorale. Les sondages annoncent en effet des écologistes en grande souffrance au soir du 9 juin. Et cela alors que le réchauffement climatique reste, selon la grande enquête préélectorale du Vif, le deuxième sujet de préoccupation des Belges derrière le pouvoir d’achat. Que des objectifs ambitieux attendent la Belgique en matière de réduction de gaz à effet de serre ou de recours au renouvelable. Et que ce défi majeur a été globalement absent des thèmes de campagne.

Tout aussi paradoxalement, alors que la question migratoire ne se place qu’en quatrième position parmi les sujets préoccupant les Belges, c’est notamment sur ce thème que le Vlaams Belang a consolidé son électorat jusqu’à devenir, si les résultats des urnes confirment les intentions de vote, le premier parti de Flandre. Que la mauvaise gestion de la crise de l’accueil par les partis au pouvoir a conforté les électeurs du Belang dans leur choix. Et que même si le parti d’extrême droite fait de la haine de l’autre et du repli sur soi son fonds de commerce, il n’a aucun intérêt à réduire l’immigration sous peine de voir son réservoir de voix se vider.

Les tendances qui se dégageront au soir du 9 juin ne devraient pas être moins empreintes de paradoxes que ceux qui ont marqué la campagne. Si les projections préélectorales se confirment dans l’isoloir, le vote protestataire se sera matérialisé aux opposés de l’échiquier politique entre le nord et le sud du pays. Les partis qui n’ont pas vocation à gouverner seront ceux qui auront suscité le plus d’adhésion et ceux qui auront perdu des points seront à la manœuvre pour la formation des différents gouvernements. Au fédéral, les ennemis d’hier pourraient arithmétiquement être poussés l’un vers l’autre pour envisager une collaboration entre «parti de la sieste» et ardent défenseur du confédéralisme.

On a connu moins paradoxal comme perspective.

«Les tendances au soir du 9 juin ne devraient pas être moins paradoxales que la campagne.»

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