Cibler Bouchez pour toucher Prévot: comment DeFI veut contrer les Engagés
La croissance des Engagés en Wallonie n’est pas une menace directe pour DeFI. Mais le parti de François De Smet, pour se requinquer, doit aller chercher des voix chez les Engagés en ciblant le MR.
Sur le dos de Maxime Prévot est accrochée une cible que pointent quatre adversaires jaloux, le PS, le MR, DeFI et Ecolo. Et dans ses mains Maxime Prévot tient un bouquet, que convoitent quatre promis pleins d’envie.
Ces adversaires et ces promis sont les mêmes, qui veulent à la fois flinguer et convoler. Ces quatre partis démocratiques ne sont pas dans leur meilleure forme dans les sondages. Ils sont à la fois des concurrents électoraux et des partenaires de gouvernement potentiel des Engagés de Maxime Prévot.
Or, la formation centriste, enquête après enquête, semble devenir aussi centrale que Maxime Prévot l’espérait en Wallonie, et donc presque incontournable en Belgique francophone. Les quatre promis jaloux en ont donc fait la cible de leurs dernières semaines de campagne, d’ici au 9 juin, avant de revenir à leurs promesses de coalitions à nouer après cette date.
Voici comment DeFI veut contrer l’ascension des Engagés.
Le concurrent indirect de DeFI
A Bruxelles, les sondages ne sont pas bons pour DeFI, et pas pour Les Engagés non plus, mais ils sont bons pour ces derniers et mauvais pour ces premiers en Wallonie, et donc les premiers comme les derniers peuvent regretter de n’avoir pas pu mener leur projet de fusion à bien. Ce regret, périphérique pour Les Engagés dont les bastions sont wallons, est existentiel pour DeFI, dont la base est bruxelloise, si bien qu’un premier réflexe a pu pousser François De Smet à cibler Maxime Prévot. Il le fit à sa manière polie lors du premier débat présidentiel de la RTBF.
Réaction compréhensible mais nuisible, puisqu’elle distingue DeFI d’un concurrent presque insignifiant à Bruxelles, et qui de ce fait n’en est pas vraiment un. Pourtant, selon l’enquête électorale du Vif, 18,2% des électeurs potentiels des Engagés pourraient un jour voter pour Defi.
Mais ce potentiel électorat cherche une droite convenable, donc signifiante, ce que les turquoises ne sont pas à Bruxelles, et ce que les amarantes ne sont pas en Wallonie. Aucun des deux n’a donc intérêt à faire de l’autre sa cible publique et privilégiée. Les deux doivent donc surtout se distinguer du Mouvement réformateur, pour le priver du monopole droitier auquel il prétend.
Présenté alors comme une nuance de droite, le libéralisme social de François De Smet doit donc avant tout contredire le libéralisme tout court de Georges-Louis Bouchez, en se montrant un meilleur libéral que lui, sur la laïcité, sur l’économie, sur l’immigration, sur la gouvernance, mais, surtout, sans opposer le «bouclier social» de son programme au «bouclier fiscal» réformateur.
C’est ainsi que DeFI pourra, peut-être, intercepter ces électeurs qui lui font défaut, et qui relancent le MR à Bruxelles sans y renflouer Les Engagés.
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