Charles Michel
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C’est confirmé, Charles Michel sera tête de liste MR à l’Europe (et quittera la présidence du Conseil européen)  

Charles Michel a décidé de quitter la présidence du Conseil européen en juillet l’année prochaine pour mener la liste MR aux élections européennes.

Le président du MR Georges-Louis Bouchez a confirmé dimanche que le président du Conseil européen Charles Michel occupera la tête de liste des libéraux francophones pour le parlement européen lors des élections du 9 juin prochain. « Quel est le parti normalement constitué qui, ayant dans ses rangs le président du conseil européen, ne voudrait pas le voir sur sa liste ?« , a lancé M. Bouchez lors du congrès de lancement des vœux du MR à Louvain-la-Neuve.  

L’ancien Premier ministre belge a esquissé sa démarche, sur la scène de l’Aula Magna à Louvain-la-Neuve. « Je suis candidat pour participer au renforcement de la légitimité démocratique du Parlement européen. Je suis engagé pour le suffrage universel, pour aller à la rencontre des gens. » À ses yeux, il faut « une Europe qui respecte et qui se fait respecter ». Charles Michel a cité plusieurs enjeux qualifiés d' »exigences » : réussir la transition climatique et digitale, réussir la souveraineté et l’indépendance énergétique de l’Europe ou encore la sécurité et la paix. « La liberté de l’Ukraine, c’est la liberté de l’Europe, c’est notre liberté. »

« 2024 est une année électorale très importante en Europe, mais aussi dans le reste du monde puisque près de la moitié de la population mondiale sera amenée à voter, aux Etats-Unis, en Russie, en Inde », avait déjà précisé samedi en soirée l’ancien Premier ministre belge Charles Michel dans plusieurs médias belges, dont Le Soir, Sudinfo, La Libre Belgique et La Dernière Heure.  

« Je vais mener la liste MR aux élections européennes. Je compte prêter serment comme député européen », avait ajouté le libéral brabançon. Il entend exercer sa fonction de président du Conseil européen jusqu’à sa prestation de serment comme député européen, qui aura lieu le 16 juillet.

Quid de Reynders ? Aucune information n’a filtré, y compris de la part de l’intéressé, quant au sort du commissaire européen belge Didier Reynders, absent au congrès du MR dimanche. En marge du congrès, on apprenait qu’une réunion interne concernant la confection des listes s’était tenue samedi.

Charles Michel indique informer de la sorte les membres du Conseil européen six mois avant la première session du Parlement européen. « Personne n’est pris par surprise et mon successeur sera déjà choisi fin juin, début juillet. Il est assez facile d’organiser la succession », assure-t-il. Son mandat court jusqu’au 30 novembre 2024. La question de la nomination d’un président ad interim se pose désormais. La Hongrie prenant la présidence tournante du Conseil de l’UE au 1er juillet, après la Belgique, la possibilité de voir son Premier ministre Viktor Orban est citée, mais risque de susciter d’âpres débats.

Charles Michel avait été choisi en juillet 2019 pour succéder au Polonais Donald Tusk à la présidence du Conseil européen, institution réunissant les chefs d’Etat ou de gouvernement des Etats membres, lors de la distribution des « top jobs ». A ce titre, il est notamment chargé depuis quatre ans de diriger les travaux des sommets de l’UE.

Un poste prestigieux, mais périlleux

Un poste prestigieux mais aussi périlleux – souvent ingrat – où la recherche du consensus oblige à de difficiles contorsions. Parfois brocardé pour sa prononciation laborieuse de l’anglais, cet avocat de formation a toutefois réussi à bâtir des compromis entre 27 dirigeants aux intérêts divers, dans un contexte de crises majeures. Il a dû composer avec la pandémie de Covid-19, qui a contraint pendant de longs mois les dirigeants de l’UE à se réunir par visioconférence, une configuration moins propice aux négociations. Il a dirigé les débats du deuxième sommet le plus long de l’histoire de l’UE, en juillet 2020: quatre jours et quatre nuits d’âpres discussions pour convaincre les pays dits « frugaux » d’accepter la mise en place d’un gigantesque plan de relance post-Covid basé pour la première fois sur une dette commune.

Il a ensuite eu la difficile tâche de préserver l’unité des 27 face aux conséquences de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine, en gérant notamment les menaces de veto du Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban, seul dirigeant européen à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin. Lors d’un sommet en décembre, l’ouverture par l’UE de négociations d’adhésion avec l’Ukraine, à laquelle le dirigeant hongrois était opposé, s’est faite par le biais d’un subterfuge consistant à faire sortir Viktor Orban de la salle de réunion au moment de la décision. Il reste toutefois encore à surmonter le blocage hongrois à une nouvelle aide financière à Kiev.

Dans l’ombre de Von der Leyen

Mais avec l’autre tête du leadership de l’UE, la chrétienne-démocrate allemande Ursula von der Leyen qui a pris la présidence de la Commission européenne et s’est rapidement imposée sur la scène internationale comme LA voix de Bruxelles, les rapports se sont révélés difficiles. Les tensions éclatent au grand jour avec l’incident du « Sofagate », en avril 2021. Lors d’une visite à Ankara, Charles Michel est placé à côté du président turc Recep Tayyip Erdogan tandis qu’Ursula von der Leyen est reléguée sur un canapé en retrait. L’image devient virale, donne lieu à une controverse sur la préséance protocolaire et à des accusations de sexisme, Charles Michel se retrouvant épinglé pour ne pas avoir réagi face à cette situation. « Les batailles d’ego et querelles de Charles Michel avec Ursula von der Leyen ont manifestement affaibli l’Union sur la scène internationale« , estime Alberto Alemanno, professeur de droit européen à HEC Paris, interrogé par l’AFP.

Il estime que Charles Michel, le troisième à occuper la fonction de président du Conseil européen devenue permanente en 2009, a été « le moins efficace« , jugeant qu’il n’a « pas joué un rôle prépondérant » dans la réponse à la crise du Covid et n’a pas fait preuve « d’autorité » face à Viktor Orban. Régulièrement en voyage à l’étranger dans le cadre de ses fonctions, Charles Michel a par ailleurs été mis en cause en avril dernier dans la presse pour son recours fréquent aux jets privés et le coût de ces déplacements

Les élections au Parlement européen auront lieu du 6 au 9 juin 2024 dans les 27 pays de l’UE. Elles entraîneront un renouvellement à la tête des institutions européennes, dont la Commission et le Conseil européen. Les députés européens, qui seront 720 à l’issue du scrutin de 2024, sont élus au suffrage universel direct pour une durée de cinq ans.

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