Charles-Ferdinand Nothomb, l’architecte des réformes institutionnelles, est décédé
Le ministre d’Etat, grand architecte des réformes institutionnelles, a contribué à la fédéralisation de la Belgique pendant près de 40 ans.
Entré sur la scène politique à la fin des années 1960, Charles-Ferdinand Nothomb a largement contribué à façonner la Belgique que l’on connait aujourd’hui. L’homme originaire d’Habay, en province du Luxembourg, fut parlementaire durant trente ans. Président de la Chambre à plusieurs reprises, il n’aura siégé que sur les bancs de la majorité, et dans toutes les assemblées où il était possible d’être représenté. Il fut aussi vice-premier ministre et notamment ministre de l’Intérieur, un poste assumé non sans difficultés, avec le drame du Heysel et la crise fouronnaise. En parallèle, Charles-Ferdinand Nothomb a oeuvré au développement du parti social-chrétien (PSC), au niveau national d’abord, francophone, ensuite.
Convaincu par la nécessité pour les Wallons de pousser à la décentralisation des leviers économiques, Charles-Ferdinand Nothomb participera à la transformation des institutions belges qui, de 1970 à 1993, transformeront le pays en un Etat fédéral. Dans son propre parti, il jugera rapidement l’aile francophone trop inféodée au CVP, porteur à ses yeux de politiques économiques avantageant surtout la Flandre. Il pèsera de plus en plus sur l’appareil jusqu’à prendre une première fois la présidence du PSC francophone en 1972. Il aurait souhaité une structure étatique organisée sur un découpage provincial plutôt que communautaire. En 1992-93, il accompagne sans grand enthousiasme l’achèvement du fédéralisme belge.
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Charles-Ferdinand Nothomb, figure de proue du PSC
Au sein du PSC, Charles-Ferdinand Nothomb continue à jouer les premiers rôles dans les années 1990. En 1995, il joue les trouble-fête alors que le président Gérard Deprez, à peine réélu, croit avoir trouvé un scénario pour relancer le parti en attirant la jeune génération. Désirant se retirer, il pousse la candidature d’une nouvelle venue, Joëlle Milquet, qui sera barrée in extremis par l’homme d’Habay. Pour la troisième fois, Charles-Ferdinand Nothomb s’oppose de manière indirecte à Gérard Deprez. Redevenu président du parti, Charles-Ferdinand Nothomb se lance dans un processus, vain, de renversement des socialistes en Région wallonne. Gérard Deprez ira plus loin dans une tentative de rapprochement avec Louis Michel qui provoquera son exclusion du parti. Joëlle Milquet devient alors vice-présidente du PSC aux côtés d’un Charles-Ferdinand Nothomb en perte de crédit. Il laissera la place au duo Maystadt-Milquet en 1998.
Fin 2013, il appelait à la nécessité d’un « renouveau intellectuel » au cdH, le changement de nom et d’image du parti n’ayant pas permis d’éroder son déclin. Lui-même se relançait dans des études de philosophie. Preuve du crédit dont il disposait, M. Nothomb a continué à être consulté par le roi Albert II lors des crises institutionnelles.