« Certains sont postés en sniper et attendent le faux-pas »: après la tourmente « Schlitz », Marie-Colline Leroy doit convaincre
En désignant Marie-Colline Leroy au poste de secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances, Ecolo a fait le choix de la sérénité. Unanimement appréciée, tant à l’échelle communale que fédérale, la députée hennuyère a toutes les cartes en main pour faire oublier la démission douloureuse de Sarah Schlitz.
En politique, il existe généralement deux types de profil : ceux qui clivent, et ceux qui fédèrent. Marie-Colline Leroy (Ecolo), nouvelle secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances, appartient sans conteste à la seconde catégorie. En récoltant 53 votes sur 60 au Conseil fédéral des Verts, l’enseignante de formation a prouvé qu’elle faisait l’unanimité auprès des siens. De par son intelligence politique et ses qualités humaines, l’élue écologiste a également gagné le respect de ses adversaires, tant au niveau local que fédéral.
C’est en 2009, après plusieurs années consacrées à l’enseignement, que Marie-Colline Leroy fait ses débuts en politique. Si elle reste fidèle aux valeurs de gauche familiales – son père, Jacky, était membre du PS – elle laisse parler la fibre verte en elle et rejoint plutôt les rangs d’Ecolo. Peu à peu, elle y gravit les échelons. Co-présidente d’Ecolo Picardie de 2015 à 2017, elle se présente comme tête de liste aux élections locales de 2018 à Frasnes-lez-Anvaing, où elle siègera au Conseil communal. A 35 ans, en mai 2019, elle est élue députée au fédéral, puis nommée présidente de la Commission Affaires sociales. Des expériences multiples, qui ont logiquement joué en sa faveur au moment de sa désignation.
Une femme de dossiers et de compromis
« Pour moi, elle a toutes les compétences requises pour occuper ce poste, estime Carine De Saint-Martin, bourgmestre de Frasnes-lez-Anvaing (MR). Elle est déterminée, précise et respectueuse.» Malgré ses responsabilités à la Chambre et quelques incompatibilités d’agenda, Marie-Colline Leroy a continué à s’investir au niveau communal, salue la bourgmestre. « On a beaucoup collaboré toutes les deux sur les questions d’enseignement. On avait d’ailleurs encore plein d’idées pour la suite. »
Sa maîtrise des dossiers est unanimement saluée à l’échelle locale. « Avec elle on peut parler ‘fond’, souligne Jean-Luc Crucke (Les Engagés), qui a lui aussi côtoyé la nouvelle Secrétaire d’Etat à Frasnes-lez-Anvaing. La première fois que je l’ai rencontrée, j’ai tout de suite vu que c’était une femme intelligente, qui avait la tête sur les épaules. »
A la Chambre, elle a pu importer son sens du compromis et sa volonté de dialogue. « Elle a essayé de présider au mieux la Commission Affaires sociales, même si ce n’est jamais évident, reconnaît le député Christophe Bombled (MR). Grâce à elle, les débats ont toujours été cordiaux. » Une ambiance de travail « sereine » et « constructive » que salue également Cécile Cornet (Ecolo). « Elle a le sens de l’équipe, de l’altruisme. C’est une femme politique qui est là pour le collectif. » Des qualités qui s’avèreront certainement indispensables dans une Vivaldi à sept partis, qui apparait de plus en plus divisée à un an du terme de la législature.
« Elle a le sens de l’équipe, de l’altruisme. C’est une femme politique qui est là pour le collectif. »
Outre son talent politique, sa nomination s’explique également par sa sensibilité aux matières dont elle hérite. « Dans tous les dossiers qu’elle suivait, il y avait toujours ce prisme du genre qui prévalait », insiste Cécile Cornet. « Les matières dont elle sera chargée lui correspondent vraiment bien, poursuit Carine De Saint-Martin. Elle essayait déjà de réduire les inégalités au niveau communal. » Femme de valeurs et de convictions, l’élue ne risque pas de trahir l’idéologie écologiste. « Elle a clairement ses idées Ecolo chevillées au corps. Elle ne s’est pas trompé de parti », insiste Sébastien Dorchy (MR), Premier échevin à Frasnes-lez-Anvaing.
Marie-Colline Leroy, attendue au tournant
Mère d’une petite fille de six ans, Marie-Colline Leroy entend bien concilier ses nouvelles responsabilités politiques avec ses impératifs familiaux. Elle fait d’ailleurs de cet équilibre vie privée-vie professionnelle un cheval de bataille. « C’est extrêmement important que la politique soit accessible à toutes et à tous, notamment aux mères ou aux familles monoparentales », confiait-elle dimanche à Notélé. Bonne vivante, la nouvelle secrétaire d’Etat fait parfois des apparitions dans les tribunes des clubs de rugby ou… dans les bars locaux. « Je me souviens d’une soirée passée tous les deux dans un de mes cafés fétiches, à Renaix. On a bu des pots tous les deux en refaisant le monde », se remémore Jean-Luc Crucke. « C’est quelqu’un qui aime la vie et qui a un grand sens de l’humour », résume Cécile Cornet.
« Je me souviens d’une soirée passée tous les deux dans un de mes cafés fétiches, à Renaix. On a bu des pots tous les deux en refaisant le monde »
En optant pour Marie-Colline Leroy, Ecolo fait le choix de l’apaisement après la « tourmente Schlitz ». « C’est quelqu’un qui est peut-être davantage modérée , et moins clivante que la personne qu’elle remplace », insiste Christophe Bombled. Mais en accédant au poste de secrétaire d’Etat, elle devient inévitablement une cible. « Certains sont postés en sniper et attendent son premier faux-pas. Elle sera scrutée, c’est certain », avertit Cécile Cornet. Marie-Colline Leroy a un peu plus de 365 jours pour convaincre.
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