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Centre d’étude de la vie magnétique: les petits mensonges et les fausses promesses de Paul Magnette, volume 2

Nicolas De Decker Journaliste au Vif
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Encyclopédie des revirements, des erreurs factuelles et des fautes logiques de Paul Magnette et, par conséquent, de sa formation politique.

Leur parcours à tous est lesté de plusieurs années de déclarations de campagne, de petits et de gros mensonges, de fausses promesses et d’erreurs factuelles que la vérité des faits, ou la logique, ou la morale, ou les trois, contredisent, sans que jamais ils n’aient dû s’en justifier. Bien sûr, il y a parmi eux des spécialistes, qui s’adonnent au bluff politique plus souvent que les autres, mais chacun s’en est déjà rendu coupable. C’est précisément pourquoi Le Vif a décidé de répertorier ces petits et gros mensonges dans un dictionnaire très didactique des pseudo-vérités politiques en Belgique francophone. Pour ne flinguer personne, chacun a eu le droit de s’expliquer sur ses mensonges, ses contre-vérités et ses fausses promesses passés. Nos différents dictionnaires sont pluralistes et concernent tous les partis.

Centre d’étude de la vie magnétique (Cevimag)

Sur les chômeurs sanctionnés

C’était à la RTBF, le 30 mai, au milieu d’un «Jeudi en prime» plein de tension électorale, Paul Magnette reprenait la journaliste Nathalie Maleux. «Il y a eu 14.000 chômeurs sanctionnés l’année passée, dont 11.000 en Flandre», soulevait la journaliste. «Non, non, non, non, si vous prenez les chiffres, c’est exactement le même nombre en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles», l’interrompait le président du parti étudié par les experts du Centre d’études de la vie magnétique (Cevimag), et les deux avaient raison, mais la journaliste avait moins tort que le président.

Car, en effet, le nombre total des évaluations négatives et des sanctions qui s’étaient abattues sur les chômeurs en 2023 était similaire, soit 17.000, entre Flandre et Wallonie. Mais il y a moins de chômeurs en Flandre (109.000 au dernier trimestre de 2023) qu’en Wallonie (124.000 pour la même période), pour une population presque deux fois plus nombreuse, dès lors les chômeurs wallons sont moins évalués négativement que leurs homologues flamands. De plus, si l’on distingue les évaluations négatives (qui empêchent les jeunes de toucher leur allocation d’insertion), beaucoup plus nombreuses en Wallonie qu’en Flandre, des sanctions à proprement parler (qui privent les chômeurs d’une partie de leur allocation, après plusieurs évaluations négatives), c’est incontestablement le VDAB (l’équivalent flamand du Forem) qui a tapé le plus dur en 2023, et tout aussi incontestablement Nathalie Maleux qui a raison, avec 11.000 contre 3.000.

Sur la circonscription fédérale

Souvent Paul varie, se disent les spécialistes du Centre d’étude de la vie magnétique tout autant que le lectorat de ses publications. Toutefois, nos recherches ont permis la découverte de la cause d’une vie ou presque. La seule cause que publiquement Paul Magnette défendit alors qu’il n’était qu’un membre du Centre d’étude la vie politique de l’ULB, le Cevipol, est aussi une cause que Paul Magnette, président du Parti socialiste et objet des recherches du Centre d’étude de la vie magnétique du Vif, le Cevimag, a fait inscrire et réinscrire au programme de son parti, contre l’opposition de certains camarades. Le politiste Paul Magnette était en effet partie au groupe de réflexion Pavia qui, dès 2005, popularisa l’idée d’une circonscription fédérale dans laquelle les électeurs du nord voteraient pour des candidats du sud, et vice versa.

Le politique Paul Magnette s’y montrait toujours favorable «à titre personnel» lors de sa première élection fédérale en 2010, mais son parti ne défendait alors pas sa cause – «un brol», en dira notamment Jean-Claude Marcourt. Devenu président par intérim en 2014, le Carolorégien fait entrer la disposition au programme de son parti, mais la circonscription fédérale en disparaît en 2019, avant sa réintroduction en 2024, consécutive au retour de Paul Magnette à la tête de son parti. Souvent Paul varie donc, mais la circonscription fédérale, bien Paul est qui s’y fie.

Sur le soutien aux civils au Proche-Orient

Le saviez-vous? Le Centre d’étude de la vie magnétique (Cevimag) fait aussi dans la police d’assurance. En débat à la RTBF avec un Georges-Louis Bouchez qui infléchissait déjà sa ligne de défense inconditionnelle d’Israël, le 9 novembre dernier, Paul Magnette s’adressait à son homologue en courtier. «Je vous assure, garantissait le bourgmestre de Charleroi au sujet d’une motion de solidarité adoptée par son conseil communal le 16 octobre, que j’ai dû manœuvrer pour que vos élus et les élus des autres groupes acceptent qu’on rende hommage à l’ensemble des victimes de l’ensemble des camps, parce que ce n’est pas ce qui était dans le texte déposé par votre formation politique.»

Interrogé plusieurs mois plus tard par les agents du Cevimag, l’assureur réassure. «Dans le premier texte, il n’y avait aucune mention des victimes palestiniennes! Ils l’ont ensuite modifié un peu», maintient-il. Pourtant, le premier texte envoyé par le chef de groupe MR au conseil communal de Charleroi, Nicolas Tzanetatos, à ses collègues, daté du 10 octobre et intitulé «Demande de recueillement», n’évoquait pas uniquement les Israéliens abattus par le Hamas le 7 octobre. «Plus généralement, mon groupe entend saluer la mémoire de toutes les victimes civiles du conflit», écrivait-il déjà alors, engageant dangereusement l’assurabilité de Paul Magnette.

Sur un gouvernement avec la N-VA

En 2011, dans Grandeur et misère de l’idée nationale (éd. Luc Pire), Paul Magnette pose une hypothèse difficilement pensable, et encore plus impossiblement applicable à l’époque pour un socialiste wallon, tandis que la Belgique connaît la grande crise qu’Elio Di Rupo résoudra sans la N-VA. Le jeune socialiste s’appuie alors sur les recherches du grand politiste hongrois István Bibó pour affirmer qu’il fallait tout faire pour associer la N-VA au pouvoir afin de l’affaiblir. Aujourd’hui, les recherches du Centre d’étude de la vie magnétique (Cevimag) s’appuient sur toutes les déclarations de Paul Magnette pour constater qu’il affirme vouloir tout faire pour ne pas associer la N-VA au pouvoir afin de l’affaiblir. Depuis 20 ans, la N-VA est au gouvernement flamand, elle a été associée à l’exécutif fédéral de Charles Michel, et le moins jeune socialiste Paul Magnette avait vainement négocié un accord de gouvernement avec Bart De Wever à l’été 2020.

Notre sujet y voit une confirmation et pas une contradiction. «Ah non, c’est très bien que la N-VA ait gouverné, ça a permis de se rendre compte de toutes les horreurs que ça représente. C’est bien aussi que les gens voient ce que ça donne. Et c’est aussi mauvais à l’échelon flamand que fédéral», avance-t-il sans évoquer le fait que les nationalistes flamands dans leur ensemble, N-VA et Vlaams Belang, avec lesquels le PS préférerait ne jamais gouverner, et jure même de ne jamais le faire, cordon sanitaire oblige, séduisent aujourd’hui près de 50% des électeurs flamands, contre un peu plus de 30% au moment de Grandeur et misère de l’identité nationale.


(Re)lisez ci-dessous les petites mensonges et fausses promesses de Paul Magnette, publiés dans le volume 1

Sur la pension à 65 ans

Le retour de la pension à 65 ans comme condition pour monter dans un gouvernement fédéral? «Ça, c’est du pur bon sens. Justin Trudeau l’a fait au Canada», disait Paul Magnette au Soir, le 21 octobre 2017. Le PS avait été renvoyé dans l’opposition par le gouvernement Michel, qui s’empressa de hausser à 67 ans l’âge légal de la pension, ce que ni le MR, ni la N-VA, ni le CD&V, ni l’Open VLD n’avaient à leur programme, soit dit en passant. Ce n’était pas très populaire comme décision, et donc, s’ils revenaient au pouvoir, les socialistes devaient «poser des exigences non négociables» comme celle-ci. Mais à la seconde où ils revinrent au pouvoir, les socialistes abandonnèrent cette exigence finalement très négociable du retour de la pension à 65 ans. «La pension à 65 ans, c’était un mauvais combat de campagne électorale», expliqua Paul Magnette, toujours au Soir, en octobre 2020, juste après l’installation du gouvernement De Croo, avec l’air de celui qui «à titre individuel, ne l’avait jamais défendu», et c’était faux. Mais peut-être qu’il avait oublié sa précédente interview de pur bon sens au Soir, en 2017. Et sans doute l’a-t-il toujours oubliée parce que quand on la lui a rappelée, il a froncé les sourcils et il a pris un air sérieux, mais il n’a pas eu l’air de s’en souvenir. «Evidemment, s’il y a une majorité possible pour revenir sur les 67 ans, on le fera. Mais comme condition, non, je n’ai jamais dit ça, j’ai toujours pensé que les vraies questions, c’étaient la durée de la carrière et l’âge de départ effectif», maintient, contre toute évidence, le parrain du Centre d’étude de la vie magnétique (Cevimag).

Sur la régionalisation de l’enseignement et de la culture

On dit que la fonction fait l’homme, et les recherches du Centre d’étude de la vie magnétique (Cevimag) tendent à confirmer là la sagesse populaire. En juin 2016 en effet, le ministre-président wallon en fonction, Paul Magnette, revendiquait élégamment la régionalisation de la Culture et de l’Enseignement, compétences de la Communauté française/Fédération Wallonie-Bruxelles, sans lesquelles «la Wallonie est eunuque». Pour cela, une septième réforme de l’Etat était nécessaire, et il la souhaitait.

Et en juin 2022, le président du Parti socialiste en fonction, Paul Magnette, réunissait les socialistes wallons en congrès, et leur faisait revendiquer, beaucoup moins masculinement, le maintien de la Culture et de l’Enseignement dans le giron communautaire/de la Fédération Wallonie-Bruxelles. «Dans mon esprit, même s’il y a quatre Régions, la Wallonie et Bruxelles reforment ensemble une Fédération et gèrent en commun l’enseignement, l’enseignement supérieur, la culture…», affirmait alors Paul Magnette. Pour cela, il ne fallait surtout pas passer par une septième réforme de l’Etat, que les socialistes et leur président estimaient «ni souhaitable ni nécessaire».

«Je pense toujours que c’est très compliqué pour les Régions de ne pas avoir prise sur tout ce qui représente la formation et les mentalités. Mais c’est un équilibre à trouver, et il est honnêtement très compliqué de régionaliser ces compétences à Bruxelles…» répond, en mars 2024, l’homme que plusieurs fonctions, mais pas encore celle d’éponyme du Centre d’étude de la vie magnétique (Cevimag), auront fait.

Sur l’allocation universelle

«C’est le sens de l’histoire», disait Paul Magnette en 2016, de l’allocation universelle, garantie de revenu sans condition d’emploi. Mais les grosses têtes du Centre d’études magnétique (Cevimag) ont dû constater un léger trouble de l’orientation chez leur sujet, qui se faisait contredire par son parti, qu’à l’époque il ne présidait pas. Et qui, une fois président, faisait expliquer à nos confrères de la DH, en 2022, que le PS n’était pas du tout convaincu par cette idée, contradictoire avec celle, inscrite au programme socialiste, d’une garantie d’emploi associé à un revenu pour tous les citoyens. Sur ce chemin tortueux de l’histoire toutefois, le PS présidé par Paul Magnette a marqué un récent virage, intégrant à son programme pour les élections 2024 une allocation universelle mais ciblée, sous la forme d’un revenu de base de 1.000 euros, cumulables avec un salaire, pour les jeunes de 18 à 25 ans. «C’est vrai, j’aurais dû être plus précis en 2016, c’était un peu une déclaration à l’emporte-pièce», reconnait aujourd’hui Paul Magnette, qui se garde, dit-il, un cap vers l’universel. «La conditionnalité de la sécurité sociale pose des problèmes, parce que ça la rend moins universelle: il y a trop de gens qui en sont exclus. Nous poursuivons l’universalisation de la sécurité sociale. C’est ça, le sens de l’histoire», précise-t-il, jusqu’au prochain virage que devra rattraper la patrouille du Centre d’étude de la vie magnétique (Cevimag).

Sur les communistes au pouvoir

En sciences politiques, le professeur Paul Magnette (fondateur du Centre d’étude de la vie politique-Cevipol) se spécialise dans l’histoire des idées. Dans la vie politique, le ministre-président Paul Magnette (inspirateur du Centre d’étude de la vie magnétique-Cevimag) se faisait une idée spéciale de l’histoire quand, dans une interview à Sudpresse (l’ancêtre de Sudinfo) en 2015, il défiait son interlocuteur de lui citer «un exemple où s’allier aux communistes avait été un succès». C’était en 2015 et Paul Magnette, aujourd’hui vice-président de l’Internationale socialiste, ne pouvait pas encore évoquer, comme il le fait depuis avec une infatigable régularité, l’exemple des gouvernements espagnols dirigés par son ami Pedro Sanchez, aujourd’hui président de l’Internationale socialiste, allié depuis 2020 à des communistes (associés à Podemos, puis dans Sumar, deux plateformes de la gauche de la gauche hispanique). Mais le francophile ne pouvait pas ignorer à l’époque les fondatrices expériences françaises du Front populaire de 1936, puis du Conseil national de la Résistance, puis du Programme commun, et l’italophone ne pouvait pas snober les réalisations du PCI de Togliatti et Berlinguer, et le parfait bilingue ne pouvait pas zapper les succès des gouvernements socialistes-libéraux-communistes belges de l’après-guerre. «Ce sont des exemples extrêmement anciens. Il y a ces exemples historiques très anciens. Mais sinon, voilà…». Oui, voilà: l’histoire appliquée des idées est une discipline encore à perfectionner, au Centre d’études de la vie magnétique.

Sur la fermeture du nucléaire

«La question ne se pose même pas. Elle est pliée. Le dossier est clôturé», disait Paul Magnette au Soir, le 12 novembre 2021, et il parlait de la fermeture des sept réacteurs nucléaires de Belgique, avec une assertivité qui, rétrospectivement, aura surpris tout le monde, et surtout les archivistes du Centre d’étude de la vie magnétique (Cevimag). Le gouvernement De Croo a en effet, quelques mois plus tard, choisi de prolonger les réacteurs de Doel 4 et Tihange 3. C’était après l’invasion russe en Ukraine, qui a fait exploser pendant quelques mois les coûts énergétiques, c’est vrai. «Mais à ce moment-là le dossier était vraiment clos. On avait dit dans l’accord de gouvernement qu’il y avait deux pistes, et à ce moment-là on pouvait suivre le plan A sans problème. Après, ça arrive qu’on rouvre un dossier, et la guerre en Ukraine est un game changer», avoue aujourd’hui Paul Magnette. Le game changer vraiment changé le game puisque le programme 2024 du Parti socialiste est beaucoup plus prudent que son prédécesseur de 2019, qui proclamait, comme celui de tous les autres partis, qu’il fallait se tenir au calendrier de sortie en 2025. Les socialistes veulent maintenant «envisager l’extension des centrales nucléaires qui ont été prolongées à la suite de la guerre en Ukraine, si le besoin en sécurité d’approvisionnement en électricité est confirmé». Car «pour le PS, le nucléaire est une énergie de transition qui permet de répondre à la demande en énergie dans le cadre de l’électrification massive de la société», lit-on dans le profession de foi socialiste pour le 9 juin.

Sur le froid glacial à Gaza

Le jeudi 9 novembre, en débat à la RTBF face à un Georges-Louis Bouchez très proche, comme son parti, des positions israéliennes, Paul Magnette veut appuyer l’inclination historiquement propalestinienne de son parti, et il s’aide d’une tournure de phrase remarquable. Paul Magnette réclame un cessez-le-feu immédiat et une entrée massive d’aide humanitaire à Gaza. Les Gazaouites, expulsés de chez eux par la riposte israélienne aux attaques terroristes du 7 novembre, sont menacés de mort brutale par les bombes et exposés à une mort lente par le blocus. C’est là que Paul Magnette ajoute à leur malheur immense une pesanteur aussi supplémentaire que controuvée. Ils sont livrés à eux-mêmes «dans un froid glacial», dit-il. Il le répétera très souvent ensuite, dans plusieurs interventions, au fil d’un hiver alourdi par le spectacle des privations dont souffre la population palestinienne. Mais le jeudi 9 novembre, les Gazaouites qui tremblent de peur et de colère n’ont pas encore le déplaisir de grelotter sous ce «froid glacial». Il fait alors 18 degrés, et il n’a pas fallu longtemps aux experts du Centre d’étude de la vie magnétique (Cevimag) pour s’en apercevoir (Google suffisait). Interrogé sur la précocité fictionnelle de cet hiver proche-oriental, Paul Magnette ne nie pas le bluff, enfin, la formule rhétorique. «C’est ça, c’était une formule rhétorique, pas la météo», dit-il pour justifier cette opportune exonération de clause de vérité.

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