Bart de Wever entend visiblement surfer sur certaines tendances en vue de mener la réforme fiscale promise. © BELGA

Ce que veut changer De Wever en matière d’épargne… et ce que cela changerait pour vous (analyse)

Clément Boileau
Clément Boileau Journaliste

Le formateur prépare la réforme fiscale censée atterrir sous la prochaine législature. En ligne de mire: «libérer» l’épargne des Belges. Le contexte actuel n’est pas étranger à cette orientation.

Voilà une tendance qui n’a sans doute pas échappé au formateur fédéral Bart de Wever: l’épargnant belge se tourne de plus en plus vers des produits financiers jugés plus intéressants que le simple compte d’épargne, pourvu que le rendement soit fixe et (presque) sans risque. C’est le cas des bons de caisse, ces titres de créance proposés par les banques, un produit financier tombé en désuétude et relancé en réponse à l’émission de bons d’Etat par le trésor belge au sortir de la crise Covid. Avec un certain succès; les bons à échéance d’un an émis l’an passé ont «aspiré» quelque 22 milliards des comptes d’épargne où cet argent «dormait»; les bons de caisse à échéance et intérêt similaires (quoique légèrement inférieurs, pour l’instant, en ce qui concerne les banques) ont capté pour un peu plus de 2 milliards d’euros au dernier pointage, selon les données de la BNB.

Surfer sur la vague

Or, d’après la dernière note à coloration économique du formateur, qui préfigure une réforme fiscale qui n’a pu aboutir lors de la précédente législature, il est désormais question d’élargir, jusqu’à un certain plancher — l’exonération fiscale dont bénéficient actuellement les intérêts générés par les comptes d’épargne, à d’autres produits financiers. Tels — surprise — les bons d’État (mais aussi les comptes à terme, les obligations, etc.). Le but de la manœuvre: harmoniser la fiscalité belge pour répondre aux exigences de la Commission européenne mais, surtout, inciter l’épargnant à investir ailleurs. Pour rappel, cette année, les intérêts des comptes d’épargne sont détaxés jusque 1.020 euros par épargnant. Qu’est-ce que cela donnerait avec la réforme proposée par De Wever, en gardant à l’esprit qu’entre 250 et 300 milliards d’euros se trouvent encore sur les comptes d’épargne des Belges, avec évidemment des disparités et des appétences d’investissement diverses ?

D’après les calculs du quotidien Het Laatste Nieuws, qui a dévoilé avec De Morgen la dernière version de la note fiscale de De Wever, laisser plus de 41.000 euros sur son compte épargne ne vaudrait plus le coup vu ce que pourraient rapporter les autres produits financiers ainsi «harmonisés».

Pas gravé dans le marbre

Reste que le contexte dans lequel s’inscrit cette ébauche de réforme est particulier. Avec la libération prochaine des quelque 22 milliards placés dans le bon d’Etat à un an, les entreprises financières — banques, mais aussi assurances — peaufinent leurs stratégies pour capter cette manne qui a «échappé» aux banques. Une stratégie qui va, aussi, évoluer au diapason de la prochaine émission de bons d’État prévue pour septembre. Nul doute que celles et ceux qui préparent la prochaine réforme fiscale scruteront d’un œil avisé les tendances qui se dégageront dans les prochains mois. D’autant que le gouvernement n’est pas encore formé, De Wever ayant par ailleurs été invité par ses partenaires (notamment les socialistes de Vooruit), à réviser sa note au plus vite. Y compris, semble-t-il, sur le plan fiscal…

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