Le débat qui opposait le président du MR Geores-Louis Bouchez à la présidente de Vooruit Melissa Depraetere a vu fuser les assertions. Certaines étaient plus étayées que d'autres.

Bouchez et Depraetere ont-ils menti ? Entre approximations et contre-vérités, 15 déclarations passées au crible (fact-checking)

Elise Legrand Journaliste
Benjamin Hermann Journaliste au Vif
Nathan Scheirlinckx Journaliste au Vif
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Le grand débat politique organisé par Le Vif le 14 décembre dernier a laissé place à de nombreuses affirmations dans le chef du président du MR, Georges-Louis Bouchez, et de son homologue de Vooruit, Melissa Depraetere. La rédaction s’est livrée à un exercice de fact-checking en 15 points pour débusquer le vrai du faux.    

Deux trois statistiques exposées par-ci, un classement brandi par-là. A l’instar de toute joute politique, le débat qui opposait le président du MR à la présidente de Vooruit jeudi dernier à Bozar a vu fuser les assertions. Assénées comme des vérités absolues, certaines s’apparentaient plutôt à des approximations… voire totalement à des mensonges. Le Vif en a décortiqué 15 d’entre elles, réparties en quatre thématiques.

NdlR: Précisons que ces affirmations émanent majoritairement de Georges-Louis Bouchez. Lors du débat, le libéral a en effet avancé de nombreux chiffres et éléments concrets pour étayer ses propos. De ce fait, il s’expose davantage à l’exercice de fact-checking que Melissa Depraetere.

Pouvoir d’achat et fiscalité

1. « Si Bruxelles et la Wallonie étaient des pays, elles seraient dernières sur le plan européen en matière de taux d’emploi » 

Georges-Louis Bouchez 

Plutôt vrai

Selon les dernières estimations communiquées par Statbel, le taux d’emploi des 20-64 ans au troisième trimestre en Belgique était de 72,2% en Belgique, mais de 76,5% en Flandre, 68,2% en Région bruxelloise et de 65,9% en Wallonie. Il est vrai que durant les deux dernières années, ce taux avoisinait les 65% dans ces deux dernières régions et que le différentiel avec la Flandre est d’une bonne dizaine ou d’une petite douzaine de pourcents. 

Au niveau européen, les taux d’emploi des pays sont tous supérieurs à ceux de la Wallonie, ce qui ne signifie pas que des sous-régions n’y enregistrent pas elles-mêmes des taux inférieurs. Cela étant, « si la Wallonie était un pays », elle figurerait en effet en dernière position. Seules l’Italie (66,1%) et la Grèce (67,1%) feraient moins bien que la Région Bruxelles-Capitale. 

Aux Pays-Bas, le taux d’emploi des 20-64 ans est, au troisième trimestre, de 83,5%, selon les données d’Eurostat. C’est, en termes de taux d’emploi, nettement supérieur à la Belgique. Mais des économistes et les syndicats tiennent souvent à préciser que ces données sont quelque peu artificielles, les temps partiels et autres flexy-jobs étant plus répandus chez nos voisins. Ainsi, par exemple, le nombre d’heures prestées en moyenne sur l’année par les travailleurs sont de 1427 aux Pays-Bas (chiffres 2022), mais de 1526 en Belgique (chiffres 2021). En 2022, on comptait 23,8% de temps partiels en Belgique, mais 42,2% aux Pays-Bas. Et la proportion de contrats à durée déterminée était de 47,4% en Belgique, mais de 58,3% aux Pays-Bas, selon les données d’Eurostat

2. « L’homme le plus riche du monde place ses capitaux en Belgique sans payer d’impôts » 

Melissa Depraetere

Vrai et faux

Melissa Depraetere fait allusion à Bernard Arnault, à la tête du groupe LVMH, qui avait introduit une demande de naturalisation en Belgique il y a une dizaine d’années, avant de la retirer. Le fait qu’il ait, à l’époque, transféré une part importante de sa participation dans le groupe en Belgique avait fait couler beaucoup d’encre. Le placement de ses actifs dans ses sociétés belges fait épisodiquement l’objet d’articles de presse ces dernières années. A noter que la société LVMH Finance Belgique, qui a suscité un intérêt du fisc français dans le cadre d’une enquête sur une potentielle fraude fiscale, a été radiée en octobre et transférée dans une société de droit français baptisée LVMH Group Treasury. 

Une autre question consiste à savoir si Bernard Arnault est l’homme le plus riche du monde. Il l’a bien été, selon le classement Forbes dévoilé en début d’année et d’autres recensements du même registre, mais s’est entretemps fait détrôner par Elon Musk, qui a repris la tête du classement. 

3. « D’ici à deux ans, les soins de santé, ce sera 42 milliards en Belgique »

Georges-Louis Bouchez

Plutôt vrai.

A vrai dire, le budget 2024 pour l’assurance soins de santé, impacté par la norme de croissance et l’indexation, s’élèvera déjà à 42,7 milliards d’euros, selon les chiffres de l’Inami. Le budget de remboursements de soins se chiffre à 37,8 milliards, soit 2,6 milliards de plus que cette année. 

4. « Il y a 30.000 personnes qui travaillent au SPF Finances » 

Georges-Louis Bouchez 

Faux.

Selon le président du MR, 30.000 personnes travailleraient au SPF Finances, service public fédéral sous la houlette du ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V). Lors du débat, le libéral s’étonnait que le ministre ait payé un expert externe pour dresser les contours de son plan de réforme fiscale, au vu des nombreux fonctionnaires au sein de son administration. Mais le chiffre avancé par Georges-Louis Bouchez est exagéré : en 2022, le SPF Finances comptait 20.635 membres de personnel, dont 888 stagiaires

5. « En Belgique, les dépenses publiques atteignent 55% du PIB » 

Georges-Louis Bouchez

Vrai

D’après les dernières données du SPF Finances, portant sur 2021, avec une proportion de 55,5%, la Belgique se positionne en cinquième place au sein de la zone euro en matière de dépenses publiques par rapport au PIB.  Derrière la France, dont les dépenses publiques atteignent 59% du PIB, la Grèce (57,4 %), l’Autriche (56 %) et la Finlande (55,6 %).  

Les comptes nationaux publiés par la Banque nationale de Belgique fournissent les détails des dépenses totales des administrations publiques en Belgique. Elles se chiffraient à 53,2% du PIB en 2022, mais 54,8% en 2021 et 58,8% en 2020, ces deux années étant celles de la pandémie. Les dernières projections économiques publiées par la BNB lundi prévoient des proportions de l’ordre de 54,3% en 2023, 54,9% en 2024 puis 55% et 55,3% les deux années suivantes.  

Il convient cependant de préciser qu’il s’agit de dépenses publiques – dépenses primaires et charges d’intérêt – équivalant à de tels pourcentages du PIB. Ce dernier indicateur correspond à l’ensemble de la valeur des biens et services produits dans le pays, mais ne constitue pas une sorte de « tirelire » dans laquelle les pouvoirs publics iraient se servir. 

Energie, environnement et santé

6. « Nous sommes le gouvernement qui a le plus subsidié les énergies fossiles dans l’histoire du pays » 

Georges-Louis Bouchez

Trompeur.

La déclaration en tant que telle est presque impossible à vérifier. Il faudrait revenir en arrière, et inspecter gouvernement par gouvernement, législature par législature, les subsides accordés par les pouvoirs exécutifs en place aux énergies fossiles. À une époque pas si lointaines, ces données n’existaient pas ou n’étaient tout simplement pas rendues publiques

Ce que l’on peut dire : depuis 2021, il existe un inventaire fédéral des subventions aux énergies fossiles, coconstruit par les SPF Finances et Environnement. Ce rapport annuel est le fruit des engagements pris par la Belgique dans le Plan national Energie-Climat (PNEC). Son objectif est la diminution progressive des subsides aux énergies fossiles. 

Entre 2019 et 2020, le total des subventions directes et indirectes aux énergies fossiles a diminué de 3%, pour atteindre 13 milliards d’euros. Une baisse majoritairement due au ralentissement de l’activité économique provoqué par la crise sanitaire. 

Si les chiffres récents ne sont pas encore disponibles, les auteurs du rapport s’attendent à une hausse des subsides octroyés au fossile en 2022. L’envolée des prix de l’énergie devrait selon eux conduire à « une augmentation conséquente des subsides aux énergies fossiles ». Prolongation du tarif social et TVA à 6% sur le gaz et l’électricité, diminution des taux d’accises pour l’essence et le diesel, la prime chauffage,… Ces mesures de soutien aux ménages représentent 5 milliards d’euros de subsides supplémentaires accordés aux énergies fossiles l’an dernier. Encore loin du « phasing out » promis par la ministre du Climat Zakia Khattabi (Ecolo).     

La présidente de Vooruit, Melissa Depraetere. © Photos: Tim Dirven

7. « La protection civile a été détricotée sous le précédent gouvernement »

Melissa Depraetere

Vrai.

La Protection civile est un service de secours fédéral qui vient en aide à la population en cas de catastrophe naturelle. Ses équipes interviennent avec des moyens spécialisés pour renforcer l’action des pompiers, de la police et d’autres autorités (gouverneurs, bourgmestres,…). En juillet 2019, la réforme de la Protection civile proposée par Jan Jambon (N-VA), ministre de l’Intérieur au sein du gouvernement Michel, entre en vigueur. L’objectif est avant tout budgétaire : le gouvernement diminue les effectifs de 30% et baisse les coûts liés aux bâtiments. Des six postes répartis sur le territoire belge (trois en Flandre et trois en Wallonie), deux seulement sont conservés. Le poste de Crisnée au sud du pays et celui de Brasschaat au nord du pays. Suite aux inondations de juillet 2021 en Wallonie, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer le manque d’aide des services de secours sur le terrain. Une analyse universitaire des services de la Protection civile s’en est suivie, conformément à la volonté de la ministre de l’Intérieur, remettant en cause leur centralisation sur deux sites.  

En novembre de cette année, ce manque de moyens a de nouveau été mis en lumière dans le contexte des inondations survenues dans le Westhoek

8. « La Belgique est le pays d’Europe où on prescrit le plus d’antidépresseurs et d’antibiotiques » 

Georges-Louis Bouchez

Plutôt faux.

D’après une étude des Mutualités Libres, la consommation d’antibiotiques en Belgique est supérieure à la moyenne des pays européens. En terme de doses journalières délivrées hors milieu hospitalier (DID), la moyenne (pour 1.000 habitants) atteignait 16 en Belgique contre 15 pour la moyenne européenne en 2021. Si l’utilisation d’antibiotiques était deux fois plus élevée sur le sol belge qu’aux Pays-Bas, elle restait par contre largement inférieure à la France

Qu’en est-il des antidépresseurs ? Selon l’Agence InterMutualiste (AIM), les antidépresseurs sont consommés par environ 15% des adultes en Belgique. En dose quotidienne par habitant, la Belgique se place en cinquième position dans le classement de l’OCDE. Devant l’Allemagne et la France, mais derrière l’Espagne, la Suède et l’Islande. Les pays scandinaves, réputés pour être ceux où l’on se sent le plus heureux, ne sont pas en reste dans ce classement. Si la Belgique n’est pas le pays d’Europe qui consomme le plus d’antidépresseurs, la situation reste préoccupante. En septembre dernier, le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, et le SPF Santé publique ont lancé une campagne pour sensibiliser les médecins généralistes, les pharmaciens et les psychologues à l’usage de ces produits. Selon l’Inami, 73% des prescripteurs d’antidépresseurs sont des médecins généralistes. 

9. « Il faut plus de six mois en Belgique pour avoir un rendez-vous chez un spécialiste » 

Georges-Louis Bouchez

Plutôt vrai

Il s’avère assez compliqué de répondre avec précision à la question du délai d’attente, qui dépend de plusieurs paramètres, comme la spécialité ou la région. Les données objectives font défaut, par ailleurs. Le KCE publiera les résultats de son nouveau rapport sur la performance du système de santé belge en 2024, en y intégrant une série d’indicateurs sur les délais d’attente. 

Les résultats de la prochaine enquête nationale de santé de Sciensano sont attendus pour septembre 2025. La dernière, qui date de 2018, faisait état d’un délai d’attente de plus de deux semaines pour un rendez-vous chez un spécialiste, pour 48,4% des personnes interrogées. Elles étaient 38,4% lors de l’enquête précédente, en 2013. 

Les articles de presse et témoignages récents font cependant état de délais d’attente de plusieurs mois, voire d’un an, pour certaines spécialités comme l’ophtalmologie ou la dermatologie. 

Migration

10. « En Belgique, nous accueillons proportionnellement beaucoup plus de personnes que d’autres pays » 

Melissa Depraetere 

Plutôt vrai.  

Ces derniers mois, le nombre de demandes d’asile est en forte hausse. Entre août et novembre 2023, la Belgique a enregistré plus de 3.000 demandes d’asile mensuelles. Un nombre en augmentation par rapport à 2022 (moyenne de 3.073 demandes d’asiles par mois) et 2021 (2.164 demandes par mois).  

A l’échelle européenne, la Belgique prend en charge environ 3% des demandes d’asile, selon les données d’Eurostat. Entre janvier et août 2023, notre pays a accueilli 17.940 premiers demandeurs d’asile sur les 575.230 demandes formulées en Europe, soit 3,11%. Un chiffre similaire à celui des Pays-Bas, de l’Autriche (3,76%) et de la Grèce (3,07%). En comparaison, l’Allemagne a accueilli, à elle seule, près de 40% des nouveaux demandeurs d’asile, suivie de l’Espagne (19%), la France (14%) et l’Italie (10%). 

Si l’on rapporte cet accueil à la population de chaque pays européen, la Belgique se situe plutôt dans le groupe des États membres qui reçoivent le plus grand nombre de demandes par rapport à leur population, confirme le Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides (CGRA). Avec 152 demandeurs d’asile pour 100.000 habitants, notre pays se classe en onzième position, devant les Pays-Bas (121 pour 100.000 habitants), la France (117) ou l’Italie (101). L’Islande (706 pour 100.000 habitants) fait toutefois bien mieux, tout comme Chypre (604) ou l’Autriche (238). 

11. « On estime à minimum 120.000 le nombre de personnes sous le coup d’un ordre de quitter le territoire qui sont toujours en Belgique » 

Georges-Louis Bouchez

Plutôt faux. 

Il est extrêmement complexe d’estimer le nombre de personnes visées par un ordre de quitter le territoire (OQT) et qui se trouvent toujours en Belgique. Notamment car les individus concernés disparaissent généralement des radars une fois cet ordre émis. Aucun recensement de ce type n’a été entrepris et monitoré dans le temps.  

L’Office des Etrangers compile toutefois des statistiques annuelles sur le nombre d’OQT qu’il délivre. En 2022, il en a émis 25.292. Ces décisions se sont traduites par 3.678 départs, qu’ils soient volontaires (760) ou forcés (2918). Soit seulement environ 1 personne sur 7. Une tendance à peu près similaire à celle des trois dernières années, où l’on comptabilise environ 25.000 personnes visées par un OQT pour 3600 à 4000 retours effectifs. 

Pour rappel, un ordre de quitter le territoire vise les personnes qui ont introduit une demande de protection internationale (demande d’asile) en Belgique et s’en sont vues déboutées. Plus largement, il cible les personnes qui ne répondent plus aux conditions pour séjourner légalement sur le territoire belge. 

Selon une étude de la VUB publiée en avril 2023, environ 112.000 personnes séjournent en Belgique sans titre de séjour légal. Plus de la moitié d’entre elles vivent à Bruxelles. Mais ce public n’a pas automatiquement fait l’objet d’un ordre de quitter le territoire émis par l’Office des étrangers.  

12. « Il y a plus de conventions de réadmission depuis que Hadja Lahbib s’en occupe »  

Georges-Louis Bouchez

Difficilement vérifiable. 

Dans le but de pouvoir reconduire dans leur pays les personnes en séjour illégal sur le territoire belge, la Belgique a conclu, et continue de conclure, des accords de réadmission avec les pays de provenance, tant dans le cadre du Benelux que de l’Union européenne, indiquait le ministère des Affaires étrangères sur son site internet le 23 mars 2022.  

Le ministère ne publie toutefois pas de statistiques sur le nombre de conventions de réadmissions conclues sous ses différents ministres. Tout dépend également de ce qu’entend Georges-Louis Bouchez : fait-il référence aux accords généraux de réadmission conclus avec des pays tiers, via, par exemple, des Memorendum of Understanding (MOU) ou des accords bilatéraux ? Dans ce cas, le dernier accord en date remonte à 2019, signé avec le Rwanda. Il est donc faux de dire qu’il y a eu plus de conventions de réadmission depuis l’entrée en fonction d’Hadja Lahbib (en 2022). La ministre libérale a toutefois mis un point d’honneur à intensifier sa coopération avec le Maroc en termes de réadmission, à la suite d’une visite en octobre 2022.

Dans le cas où Georges-Louis Bouchez évoque les conventions de réadmission ponctuelle (ciblée sur un seul individu), il n’existe malheureusement aucun recensement pour confirmer ses dires. 

13. « Sous le gouvernement Michel, avec Theo Francken, nous avions réussi – dans des délais plus courts – à augmenter les places d’accueil »

Georges-Louis Bouchez

Plutôt vrai. 

Confrontée à une crise de l’accueil sans précédent, la Belgique a augmenté de manière rapide et significative la capacité de son réseau en 2015. Selon les chiffres de Fedasil, le nombre de places disponibles a doublé en six mois, passant de 16.000 en juillet 2015 à 33.400 fin décembre 2015. 

Sous le gouvernement De Croo, la capacité d’accueil a également augmenté, mais moins rapidement. Le nombre de places est passé d’environ 26.000 en janvier 2020 à plus de 33.000 en janvier 2023 ; la secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Nicole de Moor ambitionnant d’atteindre prochainement les 38.000 places.  

Il faut toutefois noter qu’à l’époque, le secrétaire d’Etat Theo Francken a augmenté la capacité d’accueil de manière temporaire, en créant des abris d’urgence mais limités dans le temps. Le bâtiment World Trade Center 3, situé à proximité de l’Office des Etrangers, a notamment été réquisitionné pour héberger temporairement des centaines de demandeurs d’asile via un système de pré-accueil. Mais, en réalité, le nombre de places structurelles (centres Fedasil, par exemple) a légèrement baissé entre 2014 et 2015. 

Il convient également de préciser que c’est sous le gouvernement Michel que la capacité d’accueil a été progressivement démantelée. Ainsi, 10.000 places ont été supprimées en 2016 et le réseau a atteint sa capacité minimale fin 2018, avec moins de 22.000 places. Confronté à un nouvel afflux de demandeurs d’asile depuis 2021, le gouvernement De Croo a donc dû pallier à ce manque de solutions d’hébergement.   

Identité et extrémisme

14. « Les statuts du MR ne comprennent pas la Charte de la démocratie »

Georges-Louis Bouchez

Plutôt faux.

Le congrès du MR a approuvé, le 18 septembre 2021, les nouveaux statuts du parti qui, selon Georges-Louis Bouchez, ne l’empêchent pas de débattre avec l’extrême droite. Il avait provoqué une polémique en avril 2022, en participant à un débat télévisuel sur la VRT avec le président du Vlaams Belang, ce qui avait conduit quelques semaines plus tard à une réactualisation de la Charte pour la démocratie de 1993, signée par le MR, le PS, Ecolo, Défi et les Engagés, renforçant le cordon sanitaire médiatique et politique. 

Indépendamment du débat de fond sur la pertinence du cordon sanitaire, il apparaît tout de même que les statuts du MR en reprennent les principes. « Toute personne qui siège au nom du MR ou est désigné par celui-ci est soumise au respect » du Code de bonne conduite du parti, lit-on dans ces statuts. Et ce code engage lui-même les mandataires et candidats à respecter le code de bonne conduite entre partis politiques, « à l’exclusion des formations ou partis qui manifestement portent des idéologies ou des propositions susceptibles d’attenter aux principes démocratiques qui fondent notre système politique ainsi qu’à la Charte de la Démocratie du 8 mai 1993 ». 

Le code de bonne conduite entre partis politiques, approuvé par les formations démocratiques francophones en 1999, interdit explicitement de participer à un débat radiophonique ou télévisuel avec un mandataire issu d’un parti aux valeurs contraires aux principes démocratiques. 

La dernière mouture de la Charte pour la démocratie ne figure donc pas en tant que telle dans les statuts du MR, mais le principe du cordon sanitaire médiatique y figure néanmoins. 

Melissa Depraetere et Georges-Louis Bouchez, présidents de Vooruit et du MR, ont répondu aux questions d’Anne-Sophie Bailly, du Vif, et de Bert Bultinck, de Knack. © Photos: Tim Dirven

15. « Quand on est dans un parti qui continue à défendre les propos de Conner Rousseau, on n’a pas de leçons à donner » 

Georges-Louis Bouchez

Trompeur.

Considérer que, dans leur immense majorité, les personnalités de Vooruit ont « défendu » les propos de Conner Rousseau ne correspond pas à la réalité. Par contre, dire que, gênées aux entournures, elles ont mis du temps à les condamner ou que leur dénonciation s’est faite au forceps colle un peu plus aux faits. Questionnée de nombreuses fois sur le sujet lors de son accession à la présidence du parti, Melissa Depraetere a fini par reconnaître que les propos ayant conduit à la démission son prédécesseur étaient racistes. 

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