Sarah Schlitz
Sarah Schlitz

Avortement: pourquoi Ecolo est seul à défendre les 22 semaines de délai

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Les partis progressistes se limitent à réclamer, dans leur programme, le passage de douze à 18 semaines le délai pour pratiquer un avortement. Sauf Ecolo, qui défend le passage à 22 semaines.

Les écologistes, historiquement pas les moins engagés pour le droit des femmes, étaient jadis un peu freinés par une aile attachée aux valeurs chrétiennes. Ils ont poussé ces dernières années sur l’accélérateur.

Le féminisme est aujourd’hui très cher à leur public plutôt jeune, diplômé et urbain. Le positionnement actuel d’Ecolo sur la question de l’avortement témoigne de cet engagement, comme de son évolution. Le programme écologiste pour les élections du 9 juin prochain est en effet le seul, en Belgique francophone, à porter l’augmentation de la durée légale pour pratiquer un avortement à 22 semaines, «comme c’est le cas aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Islande».

Le programme du MR veut inscrire le «droit à disposer de son corps» dans la Constitution, Les Engagés souhaitent y placer un «droit à l’avortement», mais aucun des deux ne mentionne une durée, et les deux donnent sur le sujet la liberté de vote à leurs députés. DéFI, le PS et le PTB, eux, ont à leur programme les 18 semaines prévues par la proposition de loi «octopartite» mise au frigo par la Vivaldi en septembre 2020. Le comité des experts dépêché par la majorité fédérale pour remettre un rapport, et composé de 35 spécialistes de toutes les universités, avait unanimement recommandé ces 18 semaines de gestation comme limite.

C’est pourquoi les autres formations dites progressistes, elles aussi impatientes de profiter des affaires courantes pour faire passer cette libéralisation du dispositif belge de 1990 sur l’interruption volontaire de grossesse, se contentent de réclamer la hausse de douze à 18 semaines du délai autorisé. Il ne faudrait pas, pensent-elles, gaspiller un avantage acquis d’avance par une audace qui pourrait briser l’unanimité.

C’était pourtant une limite basse, eu égard à ce qui est pratiqué dans certains pays voisins. D’ailleurs, 34 experts, sur les 35 mobilisés par la Chambre, s’étaient prononcés en faveur des 22 semaines. Un seul, de la KU Leuven, s’étant opposé à cette recommandation. Et la plupart des associations féministes, si pas toutes, défendent également cette limite haute.

Si bien que les verts francophones ont repris cette revendication de «réformer le cadre législatif pour que l’IVG soit accessible jusqu’à 22 semaines de grossesse, comme le soutient largement le groupe de travail désigné lors de l’évaluation de la loi par le Parlement», tel qu’il est écrit dans leur programme électoral. Cette position de pointe servira verts et vertes pendant la campagne, bien sûr. Mais elle pourrait aussi avoir une utilité dès l’automne prochain, lorsque, comme prévu, la Chambre adoptera la proposition relevée de caducité qui porte le délai à 18 semaines de grossesse. Le combat des femmes progressistes étant progressif par nature, il y a fort à parier qu’une proposition de loi portant le délai à 22 semaines sera déposée par une parlementaire verte, et on ne perdra pas grand-chose à miser sur la Liégeoise Sarah Schlitz, dans les jours suivant la réforme de la loi de 1990. Parce que ce n’est pas tout de se trouver en pointe. Il faut y rester.

Le féminisme est aujourd’hui très cher au public plutôt jeune, diplômé et urbain des verts.

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