Energie, pouvoir d’achat, allocations: ce que proposent les partis politiques belges pour la rentrée
La rentrée politique belge, marquée par la crise énergétique, voit son lot de propositions jaillir çà et là. Energie, allocations, enseignement : les sorties politiques marquantes sont de retour à la veille du mois de septembre. Compilation.
Energie
La crise liée aux prix de l’énergie est évidemment au centre des débats politiques actuels, alors qu’un comité de concertation se réunit pour la première fois aujourd’hui/mercredi.
Le MR pour une « contribution de crise » des producteurs d’énergie plutôt qu’une taxe
Le MR pose sur la table une proposition de « contribution temporaire de crise » de la part les producteurs d’énergie, à défaut de taxer les surprofits, écrivent De Tijd et L’Echo.
« D’un point de vue économique, un surprofit n’existe pas », explique Georges-Louis Bouchez, président du MR. Par contre, « puisque les producteurs privés ne peuvent plus aujourd’hui garantir la sécurité d’approvisionnement (ici vue sous l’angle de l’accessibilité de l’énergie pour le consommateur, NDLR), en raison des prix inabordables, l’État doit être en mesure d’assurer cette garantie en prélevant une contribution temporaire de crise« , poursuit-il. « Il ne s’agit donc pas d’une taxe sur les bénéfices excédentaires, mais d’une contribution visant à garantir l’approvisionnement. »
Comment ? En se basant sur le mix énergétique de chaque entreprise concernée, explicite encore le MR. « Comme le prix de l’électricité en Europe est déterminé par le prix du gaz, aujourd’hui, plus la part des énergies renouvelables et nucléaires est importante, plus les bénéfices sont élevés. Parfois cinq ou six fois le coût de production. Nous voulons prélever une contribution temporaire de solidarité sur cette différence, qui pourrait aller jusqu’à 50 à 60% », complète Georges-Louis Bouchez.
En résumé, ce prélèvement pourrait couvrir la moitié du surcoût aujourd’hui réclamé au consommateur. Le MR propose de matérialiser sa mesure sous forme de ristourne directe sur la facture par les opérateurs.
Le PS pointe 4 priorités
« Les prix de l’énergie explosent. Il faut réduire les factures et augmenter les salaires », plaide le PS, qui vise 4 priorités : bloquer les prix, taxer les surprofits, augmenter les salaires, et prolonger les mesures existantes.
Ecolo veut un bouclier social financé par la taxation des surprofits
Ecolo réclame pour sa part qu’un « bouclier social » soit mis en place pour protéger les citoyens les plus vulnérables mais aussi ceux qui risquent de tomber dans la pauvreté à cause de l’explosion des prix de l’énergie.
Ce bouclier passerait par l’élargissement et la pérennisation du tarif social de l’énergie. Aujourd’hui, deux millions de Belges profitent de la mesure. Pourtant, aux yeux des écologistes, elle est encore insuffisante. « Aujourd’hui, quasi tout le monde est touché. Nous voulons élargir le tarif aux personnes qui risquent de tomber dans la pauvreté », a expliqué le co-président, Jean-Marc Nollet.
L’élargissement du tarif social serait financé par la taxation des surprofits des entreprises énergétiques. Le gouvernement fédéral travaille actuellement à l’élaboration d’une mesure dont les modalités ne font pas encore l’unanimité. « Nous voulons aller chercher ces surprofits pour les redistribuer. Il n’est pas acceptable que des entreprises se fassent de l’argent sur le dos de la guerre et des gens qui ont des difficultés. Certaines d’entre elles ont réalisé 300% de marges bénéficiaires. Plus personne n’est en droit de dire qu’il n’y a pas de quoi financer l’élargissement du tarif social », a souligné M. Nollet.
Le PTB souhaite une taxe de 100% sur les surprofits
« Nous proposons une taxe de 100 % sur les surprofits dus à l’augmentation des prix. Tout est une question de volonté politique, que je ne ressens pas vraiment », s’est exprimée Sofie Merckx, cheffe de groupe à la Chambre, dans Le Soir. « J’ai des amis qui devront payer 750 euros par mois pour leur facture énergétique. C’est presque le prix du loyer. Maintenant, il faut passer à l’étape du blocage des prix. L’Espagne et le Portugal ont pris des mesures dans ce sens. »
Elle ajoute : « La libéralisation du marché de l’énergie était une décision politique, censée tirée les prix vers le bas. Le PTB désire que l’État fasse marche arrière et reprenne le contrôle de ces secteurs stratégiques. »
Pour la cheffe de groupe PTB, « les bénéfices des entreprises augmentent mais les salaires ne suivent pas. Nous demandons la liberté de négocier pour que les ouvriers et les employés aient leur part de la richesse qu’ils produisent. »
Les Engagés, pour leur part, réclament un plafonnement des prix ainsi qu’une couverture bancaire.
Allocations de chômage
Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, plaide pour une limitation des allocations de chômage dans le temps. « Nous souhaitons limiter les allocations de chômage à 2 ans. Si l’on veut les garder, il faut contribuer à la société via des travaux communautaires. Elles doivent aussi être plus élevées au début du chômage. Ensuite, le CPAS proposera un accompagnement personnalisé », s’est-il exprimé sur les ondes de Bel RTL.
Il ajoute : « Il y a 140 000 métiers en Belgique. Après 2 ans, on stoppe les allocations de chômage ou alors on preste des services à la communauté. On ne peut pas ne jamais rendre service à la société et recevoir des aides de celle-ci. La solidarité va dans les deux sens. »
Le président des Engagés, Maxime Prévot, répond sur Twitter : « Cette proposition, nous l’avons formulée dès mars dernier, dans notre nouveau Manifeste des Engagés. Des allocations plus élevées en cas de perte d’emploi pour éviter la chute, mais limitées à 2 ans. Assortie d’une mise à l’emploi requise au terme des 2 ans. »
Pouvoir d’achat
Le PS veut une augmentation nette du pouvoir d’achat de 100 euros
Face aux factures d’énergie qui ne cessent de gonfler, le défi immédiat du gouvernement sera de soutenir la classe moyenne, qui n’est pas (encore) couverte par le tarif social de l’électricité et du gaz. « On pense, au PS, qu’il faut une augmentation du pouvoir d’achat net d’au moins 100 euros pour pouvoir faire face à l’augmentation des prix de l’énergie », a indiqué mardi matin le secrétaire d’État Thomas Dermine au micro de la radio Bel RTL.
Des mesures additionnelles pour, d’une part, réduire la facture d’énergie des citoyens et entreprises et, d’autre part, augmenter les salaires (« via une augmentation des frais forfaitaires ou via des crédits d’impôt, par exemple »), sont en tout cas à discuter au gouvernement, estime-t-il. « Le PS mettra cela sur la table, au Comité de concertation », a ajouté le secrétaire d’État à la Relance.
Dans La Libre Belgique, il détaille: les socialistes proposeront, pour les travailleurs des « déciles 3 à 5 de revenus, jusqu’à des revenus de 2.200 euros net environ, juste en dessous du salaire médian », de relever les frais professionnels forfaitaires, « de l’ordre de 100 à 150 euros net en poche, via des mécanismes fiscaux à décider ». « Il faut cependant faire attention à la manière dont on relève la déduction forfaitaire pour certaines catégories de travailleurs, car cela peut impacter les finances communales et régionales, déjà dans le rouge. Nous sommes davantage partisans de cette mesure qu’une hausse de la quotité exonérée d’impôt, qui touche tout le monde, que l’on ait peu ou beaucoup de revenus. Ce n’est pas progressif? Ce que nous proposons peut l’être », ajoute-t-il.
L’idée est que les mesures bénéficient à celles et ceux qui en ont réellement besoin, également en ce qui concerne le prix des carburants. Jouer sur les accises profite à tout le monde, y compris aux gros pollueurs, et coûte cher, pointe Thomas Dermine. « On voudrait cibler la mesure, toujours pour les travailleurs, en relevant le remboursement des frais kilométriques. L’idée serait de modifier la loi sur les contrats de travail pour aligner le remboursement de frais kilométriques minimum sur celui de la fonction publique, à savoir 0,37 euro du kilomètre. »
Enseignement
Le MR veut rendre obligatoire l’école dès 3 ans
Le MR a annoncé vouloir déposer une résolution au Sénat pour rendre l’école obligatoire dès 3 ans.
Les libéraux veulent ouvrir le débat avant la fin de l’année, écrit la Dernière Heure. Objectif principal : améliorer l’égalité des chances. « On se penche trop souvent sur l’échec scolaire et le décrochage quand ils sont déjà là, estime le président du MR, Georges-Louis Bouchez. Il faut travailler pour éviter ces problèmes. D’où l’importance de mettre en place le plus tôt possible la formation la plus complète. »
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