Alexander De Croo défend son bilan: « Une législature de perdue », déplorent Les Engagés
Alexander De Croo a plaidé pour « une politique stable, qui vise à renforcer notre société, à rassembler et pas à polariser ».
Le Premier ministre a conclu le débat sur sa déclaration de politique générale à la Chambre par un exercice de « bilan et perspectives », à huit mois des élections du 9 juin. Côté bilan, le chef du gouvernement fédéral s’est appuyé sur des études d’organismes indépendants et internationaux. Le Bureau du plan a confirmé que 282.000 emplois avaient été créés depuis 2020, a-t-il rappelé. « C’est autant que le gouvernement précédent, mais nous l’avons réalisé dans un contexte de crise« , a-t-il rappelé.
Deuxièmement, une étude de la Commission européenne classe la Belgique dans les cinq premiers de l’Union en termes d’innovation, a souligné M. De Croo. Troisièmement, « aucun pays n’a protégé mieux le pouvoir d’achat que notre pays », a-t-il assuré, sur base d’une étude de l’OCDE. Quatrièmement, « notre pays est celui qui a le plus rapidement progressé en compétitivité, selon le Forum économique mondial, en passant de la 27e à le 13e place ». Enfin, selon un classement de l’OCDE, la Belgique est le pays où le fossé salarial entre les hommes et les femmes est le plus faible. « Mais il y a des points où il faut poursuivre les efforts », a admis le Premier ministre. Alexander De Croo a évoqué une voie « encore très longue » vers un taux d’emploi de 80% ou encore une réforme des pensions que devra poursuivre « pas à pas » les prochains gouvernements.
Le Premier ministre a enfin tracé les grandes lignes des huit derniers mois de plein exercice de la Vivaldi : exécuter le budget, dont la réforme des flexijobs ; l’asile et la migration avec la conclusion d’un pacte européen pendant la présidence belge du conseil de l’UE au premier semestre 2024 ; « combattre le narco-terrorisme » à Bruxelles, après Anvers; et poursuivre la politique « climat et économie ».
« Une législature de perdue »
Pour la cheffe de groupe des Engagés Catherine Fonck, cette législature aura été « une législature de perdue ». « À quand une réforme fiscale ? À quand une réforme marché du travail. À quand une réforme des pensions ? Et sur ces trois grands chantiers, la réponse de votre gouvernement, c’est ‘après nous les mouches' », a-t-elle déploré. À ses yeux, ces réformes auraient pourtant permis de renforcer la sécurité sociale, le bien-être des citoyens et des générations futures. En outre, les classes moyennes ont été oubliées, a déploré la centriste.
Catherine Fonck a critiqué deux mesures précises: l’augmentation du salaire minimum et l’élargissement des flexijobs. La première mesure ne concerne que les 3% de salariés vivant au salaire minimum, a-t-elle observé. Quant aux flexijobs, ceux-ci concernent en majorité les femmes, dans 56% des cas. La députée y voit des difficultés potentielles pour concilier vie privée et vie professionnelle.
La cheffe de groupe a aussi critiqué un « fossé entre les promesses et les actes« , citant les politiques de santé, climatique et de sécurité. « La droite et la gauche se sont paralysées et se réjouissent même de ce qu’elles ont pu bloquer. Cette politique-là, je n’en veux plus et c’est aussi pour cela que j’ai décidé de quitter (la politique) en juin. C’est aussi le contraire de la lettre ouverte que vous écriviez en juillet », a-t-elle conclu.
Pour le PTB, le gouvernement ne fait rien pour le pouvoir d’achat
« Les gens ne se rappelleront pas de la Vivaldi comme d’un gouvernement qui a sauvé le pouvoir d’achat« , a critiqué Sofie Merckx, cheffe de groupe du PTB. « Dès lors, comment se fait-il que le pouvoir d’achat est la priorité numéro un ? », a-t-elle demandé. L’élue communiste a pointé le maintien de l’âge de départ à la pension à 67 ans, le « blocage des salaires » (maintien de la loi de 1996 sur la compétitivité), la « chasse aux malades de longue durée » et reproché à l’exécutif de n’avoir « rien fait contre l’explosion des prix de l’alimentation. »
Sofie Merckx a aussi dit tout le mal qu’elle pensait de l’extension de flexijobs à de nouveaux secteurs. « Les libéraux ont clairement pu influencer ce dernier budget. C’est leur trophée », a-t-elle commenté, voyant dans cette mesure une « américanisation du marché du travail ». Le PTB a par ailleurs jugé « riquiqui » la taxe sur les banques qui devrait rapporter 150 millions d’euros au budget, passant de 0,13% à 0,17%. « Le lobby des plus puissants a gagné », a-t-elle estimé.