Frédéric Janssens © Belga

Affaire du greffier: « Je n’ai jamais menacé personne de mort »

Suspendu le 15 septembre dernier, l’ex-greffier du Parlement wallon Frédéric Janssens ne s’était pas exprimé depuis. Ce vendredi, il sort du silence et partage sa version dans une interview sur le plateau de LN24.

Plaintes pour harcèlement, dépenses faramineuses, voyages à l’étranger, C’est par respect « des procédures et des règles » qu’il ne s’était pas encore exprimé jusqu’à présent. Entendu jeudi par la justice pendant près de six heures, Frédéric Janssens a décidé de présenter sa version des faits, après sept mois de silence.

« Je suis dans état d’esprit très positif. J’ai quitté le procès politique et médiatique pour entrer dans une phase où j’ai le sentiment que les enquêteurs recherchent la vérité« , a-t-il confié. Une vérité qu’il souhaite lui-même voir émerger. « Je n’ai rien à me reprocher. En particulier, il n’y a pas un euro d’enrichissement public. Qui imagine dans un environnement aussi contrôlé qu’un parlement que j’aurais pris des décisions seul sans en référer personne et que j’aurais puisé dans la caisse sans que personne ne me contrôle ? » Il reconnaît également être blessé et subir une « situation injuste ».

Plaintes pour harcèlement

Des dizaines de plaintes ont déposées à l’encontre de Frédéric Janssens à l’auditorat de Namur. L’ex-greffier reconnaît avoir pu commettre des erreurs : d’appréciation, de discernement, de manque d’empathie. Cependant, il ajoute que « le rôle d’un manager est de respecter les objectifs qui lui sont assignés. Quand il faut une intervention managériale, cela veut dire que les choses ne se passent pas nécessairement spontanément. Parfois il faut rappeler à des gens que oui, il faut travailler, et que oui, il y a des règles à respecter. »

Au sujet de sa menace « T’es à la morgue à midi », Frédéric Janssens affirme n’avoir jamais menacé personne de mort. « Je n’ai jamais espéré la mort de quelqu’un. C’est surtout une conversation qui s’est déroulée dans un cadre plus large et très délicat et qui dépasse largement la relation d’un supérieur hiérarchique avec un de ses collaborateurs : c’est une conversation d’homme à homme », justifie-t-il.

« Je n’estime pas avoir mal traité mon personnel. Je regrette que des mots, des comportements aient pu être mal interprétés et que des agents du parlement aient eu à souffrir de difficultés liées à leur travail« , poursuit l’ex-greffier. Selon lui, le stress ambiant pouvait provenir de la pression qu’il connaissait, et non d’un climat qu’il faisait régner délibérément. « Le Parlement délègue ses tâches au Bureau, auquel je rends des comptes. Le Bureau m’a demandé de travailler à une réforme du statut des agents, qui a été approuvée à l’unanimité. Ces discussions-là, ce ne sont pas les propositions ou les décisions du greffier, c’est le Bureau qui a décidé ça. »

L’explosion des dépenses

Certaines dépenses étaient prévues au nom du Parlement, notamment la Maison des Parlementaires. Celle-ci devait coûter initialement 17 millions d’euros. Le coût total, aujourd’hui, est de 50 millions d’euros. « Les premiers montants dont on parle sont dressés lorsqu’on fait l’esquisse du projet, entre temps, les prix ne baissent pas. Quand on vote un budget, on voit bien qu’une dépense va être engagée. Donc je ne vois pas bien où l’effet de surprise« , explique Frédéric Janssens qui confirme que le Parlement était averti.

Les goûts de luxe du greffier lui ont été reprochés. « Les dépenses ont été expliquées et partagées avec le Bureau. » Concernant ses voyages plus personnels, Frédéric Janssens est notamment parti à Dubaï avec l’ex-président du Parlement, Jean-Claude Marcourt. Le voyage a coûté 10.000€ par personne, un montant qui n’a pas été approuvé par le Bureau. « Ce n’est pas le président tout seul qui décide d’y aller, et encore moins le greffier. Le président ne pouvait pas arriver seul à Dubaï et régler tous les problèmes protocolaires : il faut l’accompagner. Quant aux prix, ce sont les prix du marché qui peuvent paraître importants. Mais en est-il autrement dans les autres déplacements des pouvoirs publics ? », questionne-t-il. Et d’ajouter : « Il n’y a pas eu un franc dépensé sur les pouvoirs publics, je n’ai pas voyagé aux frais de la princesse. »

Aujourd’hui, l’ex-greffier « en veut à ceux qui se sont sentis attaqués par la réforme du statut, parce que c’est ça le point de départ. Et en particulier, ceux qui ont vu le risque de voir disparaître leur petite fin de carrière dorée. »

« Toute cette affaire est vraiment regrettable. Toute ma vie, j’ai travaillé sans relâche. Aujourd’hui, être contraint et forcé à rester chez moi n’est pas ma conception du rôle d’un haut fonctionnaire. Je ne demande qu’à travailler, justifier mon salaire mais je dois obéir à ma hiérarchie », a-t-il conclu Frédéric Janssens.

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