A Bruxelles, le MR triomphe aux élections mais le PS et Groen sont incontournables (analyse)
En Région Bruxelloise, la victoire électorale du MR est complète, mais le PS se stabilise et Groen, dans le collège flamand, gagne encore des voix…
La campagne bruxelloise a été fort tendue, et ces tensions ont profité aux partis les plus incisifs sur chaque sujet, et donc les plus opposés. Dans le collège francophone, l’effondrement d’Ecolo et de DeFI renforce le MR et le PTB, tous les deux très hostiles à la politique de mobilité du gouvernement bruxellois, et au très décrié plan Good Move. Mais, à leur opposé symétrique, leur principale cible, la promotrice principale de ce plan et de ces politiques, la ministre Groen de la mobilité, Elke Van den Brandt, a fait gagner à son parti quelques points de pourcentage dans le collège néerlandophone, qui compte 17 députés, contre 72 dans le groupe francophone du parlement bruxellois.
Le MR de David Leisterh, qui triomphe, s’est aussi durement coltiné avec le PS d’Ahmed Laaouej, qui se maintient alors que les sondages lui prédisaient le pire, sur les questions de liberté religieuse (port du voile dans l’administration et abattage rituel principalement). Et le PTB a aussi profité de cette polarisation, cette fois contre le MR et non avec lui. Mais compte tenu de la fragmentation extrême du système politique bruxellois et des contraintes institutionnelles typiques à la région capitale, les adversaires les plus irréductibles sont plus ou moins inévitablement appelés à devoir collaborer dans la prochaine majorité bruxelloise.
En effet, David Leisterh ne devrait pas pouvoir rassembler une majorité dans le groupe francophone avec les deux autres partis du centre et de la droite, les Engagés et DeFI. La bonne performance, surprenante eu égard aux sondages, des Engagés ne suffira pas, compte tenu de la défaite, annoncée, elle, de DeFI. Il sera probablement forcé de négocier un accord de gouvernement avec le PS.
Bleus et rouges s’accorderont probablement, entre eux, pour modifier radicalement les politiques de mobilité mises en œuvre ces dernières années. Mais pour cela, il faudra trouver des partenaires flamands.
Or, là-bas, il faudra nécessairement composer avec les verts flamands, qui ont non seulement concentré toutes les attaques libérales (et socialistes) ces cinq dernières années, mais qui ont aussi scellé avec les verts francophones une promesse de majorité commune.
Et puis même, si on imagine que David Leisterh (et Ahmed Laaouej) parviennent à convaincre Groen de gouverner sans Ecolo, il faudra ensuite trouver une majorité au sein du collège flamand. Or, le deuxième parti, c’est la Liste Ahidar, fondée par l’ancien socialiste flamand Fouad Ahidar, exclu de Vooruit pour des propos antisémites, qui a récolté deux sièges. Si on s’empêche de considérer le Vlaams Belang, exclu du jeu en raison du cordon sanitaire, dans ce tableau des rejetés par l’une ou l’autre des formations francophones, il faudrait alors faire entrer la N-VA, troisième parti flamand de la capitale, au gouvernement, ce dont le PS bruxellois redoute plus que tout. Et ce dont Groen ne voudra sans doute pas non plus. C’est à Bruxelles que le jeu est, au soir de ce 9 juin, le plus compliqué de Belgique.
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