Policier tué à Schaerbeek : Van Quickenborne réagit face aux appels à la démission

Caroline Lallemand Journaliste

Suite au décès d’un policier jeudi après une attaque à l’arme blanche à Bruxelles, la colère et l’incompréhension montent dans les rangs des policiers. Plusieurs voix dénoncent le suivi judiciaire porté à l’attention du principal suspect. Des syndicats exigent la démission de Vincent Van Quickenborne, ministre de la Justice.

« La violence contre la police est inacceptable » a indiqué le front commun syndical dans un tract. Les syndicats exigent également davantage de respect pour la police, également de la part du gouvernement fédéral et de la justice.

Le syndicat policier VSOA a dénoncé un « nouveau cas » de violence contre la police à Bruxelles avant de s’en prendre plus directement aux autorités. « Les politiciens, comme d’habitude, condamneront lourdement les faits, et demain ils regarderont à nouveau ailleurs. » Le syndicat se montre aussi très critique avec la justice sur Twitter. « La justice est déconnectée du monde (…). La justice règne depuis une tour d’ivoire. »

Carlo Medo le président de la SNPS, un autre syndicat policier, a exigé des mesures décentes. « La violence contre la police atteint des niveaux sans précédent. Il faut vraiment que cela cesse. »

« Arrêtez les attaques contre la police », a déclaré de son côté le secrétaire de la CSC-Police, Joeri Dehaes.  « L’auteur était connu pour son radicalisme, son extrémisme, il avait suivi une trajectoire en prison, il est venu se présenter. Et puis le parquet a dit qu’il ne pouvait rien faire. Cela défie toute imagination« , a ajouté le syndicaliste. 

Appels à la démission de Vincent Van Quickenborne

Le syndicat de police ACV Police a exigé la démission de Vincent Van Quickenborne, ministre de la Justice.

Tout comme François Belin, secrétaire du SNPS, qui commente dans Het Nieuwsblad  : « Nous en avons marre de lui. Il porte une lourde responsabilité dans ce qui s’est passé. C’est le résultat d’un manque de détermination. »

Malgré la politique de tolérance zéro contre les brutalités policières instaurée par le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, des dossiers sont toujours classés, affirme, pour sa part, samedi le syndicat libéral SLFP. « Nous ne pouvons dès lors que nous joindre à l’appel (du SNPS, NDLR) pour exiger la démission du ministre de la Justice« , a-t-il déclaré.

Dans une lettre que la VRT a pu consulter, la section courtraisienne du parquet de Flandre occidentale indique ainsi avoir décidé de classer un dossier. « Le suspect n’est pas connu de mes services pour d’autres infractions similaires. Compte tenu de tous les éléments du dossier, j’ai décidé de classer le dossier », peut-on notamment y lire.

Selon le syndicat, ce dossier concerne un cas de rébellion fin août à Waregem au cours duquel un policier aurait été blessé au genou. « Le collègue est en incapacité de travail depuis le 30 août en raison de ces faits et cela va probablement continuer pendant des mois en raison de la nature de ses blessures. »

« Le ministre de la Justice ment quand il évoque la « tolérance zéro«  »

Pour le SLFP, c’est la preuve que le ministre de la Justice ment quand il évoque la « tolérance zéro » pour les violences commises contre les forces de l’ordre. « Il nous est impossible de travailler avec un ministre de tutelle qui nous accuse de mensonges alors qu’il viole lui-même à plusieurs reprises la vérité », a ajouté le syndicat.

Il nous est impossible de travailler avec un ministre de tutelle qui nous accuse de mensonges alors qu’il viole lui-même à plusieurs reprises la vérité

Le syndicat policier SLFP

Le dossier cité par le syndicat libéral SLFP ne comprenait pas de faits de violence volontaire envers la police, a affirmé le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, samedi soir sur la VRT.

« J’ai eu un contact avec le procureur de Flandre occidentale qui m’a fait savoir que ce dossier concernait un homme ivre qui faisait du grabuge. Quand la police est arrivée pour l’interpeller, un agent est tombé. On est donc dans le cadre d’un accident de travail survenu alors que le policier tentait de maîtriser l’individu », a expliqué le ministre.

« Une transparence totale »

« La directive instaurée en novembre 2020 vise la protection des policiers en cas de violences, plus particulièrement face aux coups et aux blessures entraînant au moins un jour d’arrêt de travail. Dans ce cas, les actes commis doivent systématiquement être poursuivis« , a-t-il encore rappelé.

Plus tôt, sur le plateau de VTM Nieuws, le ministre n’a pas évoqué une possible démission, préférant insister sur les actions menées depuis son arrivée au gouvernement. « Je comprends que les gens soient émus. Mais ce qui doit se passer maintenant, c’est que l’enquête soit menée. Il doit y avoir une transparence totale. »

Ce samedi, dans l’émission « De Ochtend » sur Radio 1, Vincent Van Quickenborne a lui-même répondu aux critiques selon lesquelles l’impunité règne à Bruxelles et dans d’autres grandes villes envers les violences contre la police. « À peine un mois après ma nomination, j’ai décidé d’introduire une directive de tolérance zéro pour toute violence à l’encontre de la police », a-t-il rappelé.

Egbert Lachaert a dénoncé « la campagne de diffamation »

Egbert Lachaert a dénoncé la campagne de diffamation à l’encontre du ministre de la Justice. Le président de l’Open Vld, Egbert Lachaert, a réagi samedi, sur Twitter, à l’appel à la démission lancé par les syndicats de police à l’encontre du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD). Évoquant une « campagne de diffamation » contre M. Van Quickenborne, Egbert Lachaert appelle les syndicats à rester « courtois ».

« Après le choc, les émotions sont compréhensibles. Les faits de cette semaine doivent être éclaircis. Est-ce que quelqu’un s’est trompé dans toute la chaîne de décision? Tout doit remonter à la surface. Mais ce qui n’est pas permis, ce sont des syndicats menant une campagne de dénigrement contre Vincent Van Quickenborne sur les médias sociaux. Peut-on, s’il vous plaît, rester courtois? », a réagi le président de l’Open Vld sur Twitter.

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Une « manifestation nationale » contre les violences visant la police sera organisée le lundi 28 novembre prochain à Bruxelles, ont décidé vendredi les syndicats de policiers à la suite de cette attaque au couteau qui a coûté la vie à l’un des leurs, selon le secrétaire de la CSC-Police, Joeri Dehaes.

Haie d’honneur pour le policier blessé

De nombreux policiers de la zone de police Bruxelles-Nord, en uniforme, se sont rendus devant l’hôpital de l’Universitair Ziekenhuis van Brussel (UZ) à Jette, samedi après-midi. Formant une longue haie d’honneur, ils ont salué leur collègue qui sortait de l’hôpital, où il a été admis jeudi soir à la suite d’une violente agression au couteau à Schaerbeek, qui a coûté la vie à son co-équipier.

Jason P., âgé de 23 ans, a pu sortir de l’hôpital samedi après-midi. Il a été accueilli par de très nombreux collègues, venus saluer son courage et lui souhaiter un prompt rétablissement.

De son côté, la zone de police de Liège a rendu hommage à Thomas, le policier décédé de ses blessures, avec une minute de silence suivie d’une minute de sirène.

Une réunion extraordinaire lundi

Les commissions de l’Intérieur et de la Justice de la Chambre tiendront lundi après-midi une réunion extraordinaire.

La réunion débutera à 14h00 en présence des ministres de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), et de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open Vld), a-t-elle précisé à l’agence Belga. 

Les commissions se réunissent car « il y a encore beaucoup de questions à se poser sur les événements« , a affirmé Mme Van Vaerenbergh. La N-VA, dans l’opposition au niveau fédéral, avait été l’un des partis à réclamer la tenue de ces commissions. 

« S’il s’avère que la Justice et l’Intérieur ont commis des erreurs dans cette affaire, ils doivent en assumer la responsabilité », avaient affirmé les députés nationalistes Yngvild Ingels et Koen Metsu. 

Pour rappel, l’homme arrêté après avoir poignardé deux policiers jeudi soir à Schaerbeek est un dénommé Yassine M., un ancien détenu radicalisé, âgé de 32 ans et fiché par l’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace (OCAM), a révélé le parquet fédéral lors d’une conférence de presse. « Il était connu de la justice pour des faits de droit commun qui lui ont valu d’être détenu entre 2013 et 2019 ».

Selon le récit du parquet de Bruxelles, il s’était présenté le matin des faits jeudi dans un commissariat de la capitale belge en demandant d’être « pris en charge au niveau psychologique ». Après avis d’un magistrat, il a été accompagné par des policiers à l’unité psychiatrique de l’hôpital Saint-Luc, où il a été pris en charge par des infirmiers. L’homme a alors quitté la clinique « sans avoir été évalué psychiatriquement ».

Rappel des faits

Jeudi soir, Jason P. et son collègue Thomas M., deux policiers de la zone de police Bruxelles-Nord, patrouillaient en voiture dans le quartier de la gare du Nord à Schaerbeek. Vers 19h00, alors qu’ils étaient arrêtés à un feu rouge dans la rue d’Aerschot, ils ont été attaqués par un individu armé d’un couteau. L’assaillant a poignardé Thomas M., au volant du véhicule de police, au niveau du cou, puis il s’en est pris au passager, Jason P., en le poignardant dans le bras. Ce dernier a eu le réflexe d’appeler du renfort, en précisant que l’agresseur avait crié « Allah Ouakhbar ». L’agresseur a pu être neutralisé par une seconde patrouille qui a fait feu sur lui.

Les deux policiers blessés ont été transportés d’urgence à l’hôpital. Thomas M. n’a pas survécu à ses graves blessures. Le jeune policier de 29 ans est décédé. Jason P. a pu être soigné et ses jours n’étaient plus considérés comme en danger vendredi. Il a pu sortir de l’hôpital samedi après-midi.

Une enquête est en cours sur ces faits, dirigée par le parquet fédéral. Un juge d’instruction antiterroriste a été désigné pour mener les investigations.

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