« Plus le problème Jambon pèse lourd, plus la coalition Vivaldi a des chances de voir le jour »
« Je pense que le CD&V rejoindra une coalition Vivaldi », déclare l’expert du CD&V Mark Van de Voorde.
Ancien collaborateur des Premiers ministres Herman Van Rompuy et Yves Leterme, le conseiller et journaliste Mark Van de Voorde connaît très bien le CD&V. Pour la coalition Vivaldi c’est « de facto le CD&V qui a les clés en main », déclare Van de Voorde.
Le parti osera-t-il faire le saut ?
Ce sera une décision difficile. Mais en tenant compte de l’histoire, j’oserais prédire prudemment qu’il rejoindra une coalition Vivaldi. Du moins, si un certain nombre de conditions sont remplies. Les questions éthiques, par exemple.
Interrogé par le quotidien De Morgen, votre ancien patron Yves Leterme a même revendiqué le poste de Premier ministre pour le parti.
Je le comprends. Dans un ensemble de partis rouges et bleus, on peut revendiquer la fonction de médiateur. L’attitude modérée peut s’y révéler utile.
Koen Geens peut-il déjà se préparer ?
C’est possible. On ne l’a pas beaucoup entendu ces derniers temps. (rires) Il faut être aveugle pour ne pas voir se transformer le mécontentement du public en colère. Il est temps de gouverner le pays, avec n’importe quel gouvernement.
Est-il envisageable pour le CD&V d’entrer dans l’opposition ?
Ce n’est pas évident, car cela revient à se lier au plus grand parti d’opposition, la N-VA. Il est difficile d’expliquer au monde extérieur que vous êtes attaché à un parti avec qui vous étiez en cartel autrefois. Vous devez choisir le moindre mal, mais personne ne sait vraiment ce qu’est le moindre mal. Quoi qu’il en soit, plus le problème Jambon est grave dans l’affaire Chovanec, plus les chances de voir naître une coalition Vivaldi sont grandes.
Comment voyez-vous la défense du ministre de l’Intérieur de l’époque, Jan Jambon (N-VA), dans l’affaire du décès du Slovaque Jozef Chovanec ?
Je peux accepter que Jambon ne se souvienne pas de tout. Mais j’ai été troublé par l’argument selon lequel il ne peut pas toucher aux informations de son ancien cabinet. J’en ai fait l’expérience moi-même : en Belgique, il est de tradition qu’un ministre emporte tout ce qui se trouve dans son cabinet lorsqu’il démissionne. Lorsque Yves Leterme est devenu Premier ministre, nous sommes arrivés dans un cabinet vide. La documentation se trouve donc normalement dans les dossiers de Jambon, dans les dossiers de son personnel ou peut-être même dans les archives de la N-VA.
Peut-être que les faits n’ont pas été conservés à l’époque ?
Ce n’est certainement pas tous les jours qu’un ambassadeur vient dans le bureau du ministre, comme cela s’est produit deux fois dans cette affaire? Je ne connais pas le chef de cabinet de Jambon à l’époque (NDLR : l’actuelle députée de la N-VA Joy Donné), mais les chefs avec qui j’ai travaillé gardaient méticuleusement la trace de tout ce qui se produisait.
Quel est l’impact de l’affaire Chovanec ?
C’est évident qu’elle influence la confiance dans le gouvernement. La confiance dans nos gouvernements n’a jamais été très grande, mais c’est dramatique pour la démocratie. Une bonne démocratie a besoin de trois choses : des politiques fortes, des institutions fortes et une population engagée. Mais les gens regardent le gouvernement et la police et pensent : ils ne font que patauger.
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