Etienne Dujardin
Peterbos : Ambulanciers, journalistes, policiers, pompiers agressés : le résultat d’un laxisme trentenaire
« Cette cité devient un véritable coupe-gorge », déclare une habitante du Peterbos, à Anderlecht. En 2016, des articles similaires sur le même quartier apparaissaient dans la presse, mais en deux ans, rien n’a été fait pour changer cette situation.
Les témoignages se multiplient aujourd’hui suite aux reportages médiatiques réalisés sur cette cité. Une équipe de la VRT qui tournait au sein du quartier a été prise à partie. Une journaliste témoigne que même des pompiers ou des ambulanciers se font parfois attaquer, et ce, dans différents quartiers de Bruxelles. La notion de « vivre-ensemble » n’a de cesse d’être invoquée depuis 30 ans alors que les faits montrent qu’une partie de Bruxelles n’a jamais été aussi divisée que maintenant. Les classes moyennes ou populaires quittent certains quartiers de peur de vivre dans des quartiers ou le tissu économique est non varié ou communautarisé ou de devoir mettre leurs enfants dans des écoles ghettos. Comment en est-on arrivé à un stade aussi grave que celui de voir des journalistes tout comme des services de secours agressés à coup de pierres ? Une des réponses est que, depuis 30 ans ou plus, notre pays a manqué de courage pour exiger l’intégration et l’assimilation des populations issues de l’immigration.
Depuis trente ans voire plus, une vision a minima de l’intégration domine le paysage politique et intellectuel. On accepte en effet de donner la nationalité belge à des personnes qui ne parlent même pas une de nos langues nationales. On a été généreux en matière d’accompagnement, de sécurité sociale, d’investissement dans les quartiers, mais on a oublié de demander en retour de l’effort ainsi fourni par la société, le respect de nos valeurs non négociables. On a censuré une partie des problèmes que pose l’immigration. Après les dernières émeutes à Bruxelles ou les incidents d’hier au Peterbos, une certaine gauche est capable de dire : « Attention, pas d’amalgame, cela n’a rien à voir avec l’immigration « . Qui peut croire cela ? Il suffit de voir les images pour se rendre compte que l’échec que l’on connaît aujourd’hui est bien lié à notre politique migratoire et d’intégration. Comme le dit Alain Finkielkraut : « Il y a un lien entre la violence qui règne dans les quartiers dits « difficiles » et l’immigration, les quartiers difficiles ne sont pas nés comme cela, ce n’est pas une notion géographique, ils ne sont pas difficiles du fait de leur architecture« .
Par contre, ce qui est vrai, c’est que cela n’est pas du tout la faute des immigrés. Ces derniers et toute la population des quartiers concernés sont tout d’abord les premières victimes de nos lâchetés et de nos compromissions. Lâcheté de ceux qui ont plaidé la politique des accommodements raisonnables, lâcheté de ceux qui nous servent le couplet de la victimisation ou d’excuse sociale des violences. Lâcheté de ceux qui tapent sur le moindre renforcement des politiques sécuritaires ou judiciaires pourtant demandé en premier lieu parmi les populations fragilisées. C’est facile de plaider pour le « vivre-ensemble » et le volley-ball entre policiers et habitants lorsqu’on habite les villas cossues de Lasne (parfois à la place de celles de Schaerbeek), ce l’est moins lorsqu’on habite un quartier où il est dangereux de prendre l’ascenseur seul le soir, de se rendre dans une pharmacie de garde ou de prendre les transports en commun. Il faut mettre le paquet pour reconquérir les classes populaires, c’est elles qui souffrent le plus, c’est elles qui doivent bénéficier le plus de notre soutien. Il ne suffit pas de déverser des moyens financiers, il faut investir le terrain des idées afin d’insister sur la nécessité d’épouser notre culture, de la respecter et de s’y assimiler. Il faut aussi mieux mettre en avant les nombreuses personnes issues de l’immigration qui sont aujourd’hui parfaitement intégrées et qui démontrent que c’est possible d’y arriver.
Il ne faut pas mentir non plus, personne n’a de recettes miracles face à un problème complexe. Cependant, on peut quand même se rendre compte que la politique de la compréhension, de la victimisation a touché ses limites. On a été tellement compréhensif, on a tellement propagé cette idéologie de l’excuse sociale qu’on en arrive aujourd’hui à des zones de non-droit en plein Bruxelles ou à un Parti Islam qui sans rire propose d’imposer la sharia en Belgique ou la séparation homme-femme dans les bus. On n’en serait jamais arrivé là si on avait cessé de faiblir depuis des décennies sur des valeurs comme l’égalité homme-femme, le respect de services de sécurités et de secours, le respect de l’autorité des enseignants, une politique de répression de bon sens. Comment voulez-vous qu’un multirécidiviste respecte la politique s’il est relâché dans les heures qui suivent un acte délictueux ? Le manque d’exigence tue l’intégration. Il faut en revenir à une politique des droits et des devoirs et exiger le respect de notre civilisation.
On a besoin de politiciens courageux sur ces questions, car on prend des coups quand on s’exprime sur ces questions. Pourtant, il y a urgence. Plusieurs appels ont eu lieu en France pour lutter contre « le séparatisme islamiste » ou contre « le nouvel antisémitisme » qui monte dans nos sociétés sachant que, même dans notre pays, des élèves de confession juive ne peuvent plus fréquenter telle ou telle école. Des signes d’espoir et de sursaut naissent également. D’une part, le politique se rend compte que les thèmes de l’immigration, de l’identité, de la sécurité sont majeurs pour le citoyen et qu’il doit prendre des mesures. D’autre part, une génération de musulmans se lève également comme ce formidable appel d’imams dans le Monde d’hier dénonçant le terrorisme et la montée de l’antisémitisme dans nos sociétés ou demandant de lutter contre l’islam radical qui se propage. On a évidemment aussi besoin de montrer que la Belgique reste un pays accueillant pour ceux qui souhaitent s’y intégrer. Cependant, on ne peut plus appliquer des recettes qui ont échoué depuis des années. Un changement de cap est nécessaire et urgent.
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